En lançant À Hauteur d'homme (Hh) en 2009, le jeune designer industriel Louis-Philippe Pratte a fait le pari de créer des meubles de bois écologiques et abordables, fabriqués par des artisans d'ici.
Ils s'appellent Bruno, Nina, Juliette, Geneviève. Ce ne sont pas les prénoms des amis du proprio, mais plutôt ceux de chacun des meubles et des accessoires 100 % bois qui portent la griffe de la PME montréalaise. " Au départ, je voulais créer une marque qui mette en valeur la forêt, notre richesse collective, en la rendant disponible au plus grand nombre ", explique l'entrepreneur de 30 ans.
Les huit produits de la famille Hh - tables de cuisine, tablettes, tabourets, entre autres - nés des planches à dessin de Louis-Philippe Pratte mettent donc en valeur le bois, grâce à leur style épuré. " J'ai voulu créer une esthétique cohérente entre les différentes pièces de la gamme, tout en misant sur un style qui ne se démodera pas et qui sera durable ", soutient Louis-Philippe Pratte.
La valeur ajoutée de Hh, c'est sa touche écolo. Chaque produit est taillé dans des essences de bois cultivées localement et certifiées FSC (Forest Stewardship Council). La gamme a été conçue de telle façon que les retailles d'un meuble sont réutilisées pour en créer un autre, plus petit. Aussi, pour chaque meuble vendu, l'équivalent en bois est replanté.
Si le choix de meubles est vaste sur le marché, des produits écologiques comme ceux proposés par À Hauteur d'homme sont encore rares au Québec. Quelques initiatives existent, comme celle du designer Alcide Pâquet, qui a lancé la gamme de meubles de salle de bain EKO. " Par contre, je pense que le fait d'avoir développé toute une gamme de produits avec un design et une marque me distingue des concurrents ", estime M. Pratte.
Du côté de la Coalition BOIS Québec, qui compte plus de 150 membres, on estime qu'une PME de ce genre met en valeur la deuxième et la troisième transformation de la matière ligneuse. " L'utilisation de bois québécois est déjà écologique en soi ", plaide la porte-parole, Geneviève Mathieu. Une façon de permettre la séquestration du CO2, en plus de limiter les conséquences du transport, une approche adoptée par quelques manufacturiers du Québec.
Le défi du juste prix
" Pour le commun des mortels, acheter une table fabriquée par un ébéniste est presque impossible. Cela ne m'intéressait pas du tout de me lancer dans le haut de gamme, même si ce créneau avait augmenté mes marges bénéficiaires ", explique Louis-Philippe Pratte. Il n'emploie personne pour le moment, mais travaille avec des sous-traitants comme l'ébénisterie écologique Maptel. C'est grâce à un design simplifié de ses meubles qu'il a pu maintenir un juste prix. " Le travail d'un ébéniste coûte de 30 à 40 $ l'heure. Chaque étape du design a donc été minutieusement analysée pour en arriver à un produit simple à construire. Cette stratégie nous a permis de limiter les coûts de production. "
Les consommateurs peuvent également choisir d'enduire eux-mêmes leur table de cire d'abeille ou leur bibliothèque de teinture végétale. Une option qui leur permet d'économiser de 20 à 35 % du prix.
Se faire connaître
Même s'il juge qu'il est prématuré de dévoiler son chiffre d'affaires ou ses perspectives de croissance, Louis-Philippe Pratte estime que la marque se porte bien. " Je dois maintenant travailler à me faire connaître ", analyse l'entrepreneur. Le fait d'avoir reçu le Prix coup de coeur de la finale régionale Montréal du Concours québécois en entrepreneuriat, en mai dernier, pourra certainement l'aider. L'entreprise est maintenant en lice pour le prix national, qui sera remis le 17 juin.
De plus, quand il a présenté ses créations pendant l'événement " Portes ouvertes design Montréal ", au début de mai, le designer offrait une retaille de bois pouvant se glisser sous une porte en guise d'arrêt. Sur le petit objet, est inscrite l'adresse Web de l'entreprise (hh.ca).
Même chose pour sa Juliette, une planche à découper, qui lui sert d'ambassadeur. " C'est un produit facile à distribuer dans les cinq points de vente qui proposent nos produits ", soutient-il. Une façon de se faire connaître à moindre coût.
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