Pour diminuer leur impact sur l'environnement, de plus en plus d'entreprises se tournent vers Daniel Normandin et son équipe du Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), qui étudient la question depuis 2001.
Biologiste de formation, Daniel Normandin fait partie de l'équipe qui a posé les premiers jalons du concept de l'analyse du cycle de vie (ACV) au Canada, en compagnie des professeurs Réjean Samson et Louise Deschênes. L'ACV permet de mesurer l'impact écologique d'un produit ou d'un service, de l'extraction des matières premières qui le composent jusqu'à la fin de sa vie utile.
" Nous avons découvert l'ACV un peu par hasard, lors de la participation à une conférence internationale. Plutôt que d'agir en bout de piste, une fois que les dommages sont faits, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions travailler en prévention et influencer la production de produits plus durables. Au Canada, il n'y avait aucune publication, aucune connaissance sur le sujet ", raconte-Daniel Normandin. Le Centre compte sur une équipe de 135 personnes d'une dizaine d'universités, ce qui en fait un des plus importants centres du monde.
Daniel Normandin n'en est pas à ses premières armes en matière de mise sur pied d'entreprises. " J'en suis à mon troisième démarrage ", dit celui qui a étudié la biologie et l'administration des affaires. En fait, sa première incursion dans le monde des affaires remonte à 1985, alors qu'il fonde la première entreprise en biotechnologies environnementales au Québec, Bionov CNP. Il participe ensuite au démarrage du centre de recherche BIOPRO de l'École polytechnique, puis à celui de la Chaire industrielle CRSNG en assainissement et gestion des sites de l'École polytechnique de Montréal.
Toutefois, grâce au CIRAIG, il a l'impression d'ajouter une touche de vert à l'avenir du Québec. " Lorsque je rencontre des dirigeants d'entreprise et que nous regardons les façons d'intégrer le développement durable dans leurs processus, j'ai réellement l'impression d'être assis sur le siège du conducteur ", avoue M. Normandin.
Nestlé, Kraft, le Cirque du Soleil, Rona, Liberté, Veolia ne sont que quelques-uns des clients qui ont fait appel au CIRAIG. Jusqu'à maintenant, le CIRAIG a livré plus de 150 ACV, qui permettent de passer au crible une quinzaine de critères environnementaux. Quand des géants comme Walmart prennent le pas en intégrant cette philosophie à l'interne, cela fait boule de neige. " L'entreprise fait affaire avec 60 000 fournisseurs qui devront être en mesure de fournir des informations sur leurs produits à la multinationale ", dit-il.
Walmart n'est pas la seule à s'engager sur la voie du développement durable. L'engouement des consommateurs pour les produits écolos ainsi que les nouvelles normes en vigueur, notamment avec l'implantation de la Plateforme européenne sur le cycle de vie, une initiative de la Commission européenne, stimulent aussi la demande, ajoute-t-il.
Se lancer dans l'arène mondiale
La croissance est telle que les services de consultation du CIRAIG volent maintenant de leurs propres ailes. Depuis février 2009, ils se sont associés avec Ecointesys - Life Cycle Systems, une entreprise dérivée de l'École Polytechnique fédérale de Lausanne, pour lancer Quantis, qui fait désormais partie de la poignée d'entreprises, une dizaine tout au plus à travers le monde, spécialistes de l'ACV. " Nous avons des bureaux à Boston, Montréal, Paris et Lausanne, si bien que c'est en soi une petite multinationale d'une quarantaine de personnes ", indique M. Normandin.
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