Pas d'excuse pour traîner la patte

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Pas d'excuse pour traîner la patte

Publié le 13/10/2012 à 00:00

Fini, les excuses. Si le Québec et le Canada sont moins productifs que les États-Unis, ce n'est pas parce qu'ils sont peuplés de petites entreprises ou trop actifs dans des secteurs comme les ressources naturelles. Ils ne font tout simplement pas le nécessaire, selon une nouvelle étude publiée par Deloitte.

Année après année, classement après classement, la productivité du Canada traîne loin derrière celle des États-Unis et de plusieurs autres pays développés.

Dans son deuxième rapport annuel sur le sujet, intitulé «L'avenir de la productivité, choix clairs pour un Canada concurrentiel», Deloitte a voulu s'attaquer à des mythes fréquemment utilisés pour «justifier» ce retard.

«On nous disait toujours de faire attention concernant ces classements, parce que nous sommes une économie de petites entreprises. Ou encore, que certains secteurs qui n'allaient pas bien nous tiraient vers le bas», explique Louis Duhamel, associé chez Deloitte.

Or, s'il est vrai que les petites entreprises sont généralement moins productives que les grandes, elles ne sont proportionnellement pas plus nombreuses au Canada qu'aux États-Unis, constate-t-on à la lecture de l'étude. La répartition des entreprises canadiennes et américaines selon leur taille est presque identique (voir tableau).

Fausses excuses

«C'est se cacher derrière une excuse qui ne tient pas la route», dit M. Duhamel.

En calquant la répartition américaine, le déficit canadien de productivité ne serait réduit que de 2 %, d'après l'étude, parce que «le Canada accuse un retard important, quelle que soit la taille de l'entreprise».

Ainsi, les entreprises américaines de moins de 500 employés sont de 14 % plus productives que les entreprises canadiennes. Les plus grandes, de 17 %.

L'excuse de la répartition sectorielle est tout aussi mauvaise, selon Deloitte.

«Changer la composition sectorielle du Canada afin de suivre celle des États-Unis en migrant des ressources naturelles vers d'autres secteurs ne réduirait l'écart de croissance de productivité que de 5,4 %», écrit-on.

C'est que le Canada est en retard «dans chaque secteur», selon l'étude. «Plus de 88 % de l'écart entre les deux pays est dû à la productivité elle-même dans tous les secteurs», résume M. Duhamel.

C'est particulièrement vrai dans le secteur manufacturier, où la productivité américaine a progressé six fois plus vite que la nôtre, de 2000 à 2008.

Entreprises «style de vie»

Selon M. Duhamel, l'importance de la productivité n'est pas bien saisie, ni dans la population ni parmi les entrepreneurs : «Certains croient qu'il n'y a pas de conséquences à ne pas être productifs. Mais c'est directement lié à notre niveau de vie.»

Il souligne qu'il croise trop d'entreprises qu'il qualifie de lifestyle. «On en fait juste assez pour que les propriétaires vivent bien, explique-t-il. Souvent, au bout de cinq ans, la croissance ralentit. Ça ne dérange pas ces entreprises d'arriver au 68e rang dans leur secteur, elles vivent bien comme ça. Il faut leur donner de l'ambition, parce que ça va leur nuire. Pendant qu'elles stagnent, les autres bougent.»

La faiblesse du dollar canadien a longtemps «protégé» ces entreprises contre la concurrence étrangère. Plus maintenant. «Nous en sommes au point où elles jurent dans le décor», illustre M. Duhamel.

Selon Deloitte, les entrepreneurs canadiens ont une aversion au risque supérieure à celle de leurs collègues américains et sont plus «tributaires de l'aide du gouvernement pour entreprendre de nouveaux projets».

«Pour être productif, il faut investir, dit M. Duhamel. Malheureusement, la crainte de courir des risques reste dans notre ADN. Il va falloir le changer un peu.»

88,3 %

L'écart de gain de productivité entre le Canada et les États-Unis est dû en grande part (88,3 %) à une moins bonne performance des entreprises canadiennes par rapport aux sociétés américaines du même secteur d'activité.

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