«Nos médecins et infirmières travaillent moins qu'ailleurs» - Joanne Castonguay, vice-présidente adjointe du CIRANO

Publié le 18/08/2012 à 00:00

«Nos médecins et infirmières travaillent moins qu'ailleurs» - Joanne Castonguay, vice-présidente adjointe du CIRANO

Publié le 18/08/2012 à 00:00

Les histoires d'horreur qui surgissent fréquemment dans les médias au sujet des délais dans les corridors d'hôpitaux laissent croire qu'il y a une pénurie de professionnels de la santé. Qu'en est-il ?

Nous avons au Québec plus de médecins, plus d'infirmières et plus d'effectifs professionnels qu'ailleurs au Canada. En 2009, il y avait 221 médecins par 100 000 habitants au Québec, par rapport à 187 en Ontario et à 201 en moyenne au Canada. Toutefois, nos médecins et nos infirmières travaillent moins que ceux des autres provinces. Par conséquent, les Québécois reçoivent moins de services que les autres Canadiens et il en résulte une apparente pénurie de ressources humaines.

Quand vous dites que les médecins travaillent moins, pourriez-vous être plus précise ?

En 2008, année des données les plus récentes, les médecins généralistes du Québec ont donné chacun en moyenne 2 942 services, soit la moitié moins que ceux de l'Ontario (5 799) et beaucoup moins que la moyenne canadienne (4497). L'écart pour les médecins spécialistes est moindre, mais les médecins du Québec (2 752 services par médecin) sont notablement en retard sur ceux de l'Ontario (3 737) et du Canada en général (2 956). Si les reportages ne reflètent pas ces chiffres, je crois que c'est parce que les médias préfèrent donner la parole à ceux qui crient le plus fort. Ça fait de meilleurs reportages d'interviewer des médecins ou des infirmières qui se disent épuisés plutôt que d'autres qui ne s'expriment pas parce qu'ils estiment que ça va bien.

Que proposez-vous pour rectifier la situation ?

D'abord, il faudrait développer des indicateurs de la valeur obtenue en santé pour les dollars investis. Ces indicateurs devraient pouvoir être comparés à ceux des autres provinces et d'autres pays. Le gouvernement devrait permettre que des professionnels issus d'autres domaines comme la gestion, la gouvernance et l'économie contribuent au développement de solutions pour résoudre le problème de la productivité dans le domaine de la santé. Il faut rendre au patient sa capacité de décider. Et pour cela, il faut l'informer. Il doit savoir quels hôpitaux sont les plus performants, ceux qui ont le moins d'infections nosocomiales, le moins de réhospitalisations, le moins d'erreurs médicales. Bref, il faut accepter que, pour renverser la situation, il faille bouleverser nos institutions et nos modèles d'organisation.

CV

NOM : Joanne Castonguay

ÂGE : 52 ans

Fonction : Vice-présidente adjointe du CIRANO

Fille de Claude Castonguay, père de l'assurance-maladie du Québec, Mme Castonguay, une économiste, est conseillère en analyse économique et stratégique, principalement dans le domaine de la santé. Elle a oeuvré notamment au sein de la société-conseil Secor et du Fonds de recherche en santé du Québec.

3 946 $ US

Dépenses annuelles en santé par habitant au Québec.

Source : OCDE, 2009

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