Les grappes industrielles remises en question

Publié le 04/05/2013 à 00:00, mis à jour le 02/05/2013 à 10:46

Les grappes industrielles remises en question

Publié le 04/05/2013 à 00:00, mis à jour le 02/05/2013 à 10:46

Les politiques locales de grappes industrielles manufacturières n'ont pas d'effet sur la productivité globale du Canada, selon un rapport de l'Institut C.D. Howe.

«Avoir une politique active pour les grappes industrielles dans le secteur manufacturier ne sera pas une solution miracle au problème de productivité du Canada. D'autres solutions plus fondamentales peuvent jouer un rôle sur ce plan», affirme en entrevue Kristian Behrens, professeur d'économie à l'Université du Québec à Montréal. M. Behrens est coauteur de l'étude de l'Institut C.D. Howe, intitulée «Strength in Numbers? The Weak Effect of Manufacturing Clusters on Canadian Productivity», qui couvre la période de 2001 à 2009.

L'auteur se défend de dire que les grappes industrielles n'ont aucun effet dans les localités où elles sont implantées. «Toutefois, le gain pour une industrie dans une région donnée se fera bien souvent aux dépens d'une autre. La présence de grappes n'apporte pas grand-chose à la productivité de l'ensemble de l'économie canadienne», ajoute-t-il.

M. Behrens a amorcé son étude en 2009, alors que l'économie américaine était plongée dans la pire crise de son histoire depuis le krash d'octobre 1929 et la grande dépression qui a suivi. «À ce moment, les économistes et les politologues voyaient les grappes industrielles comme un remède contre la stagnation des salaires et de la productivité. Or, il n'en est rien», affirme-t-il.

Miser davantage sur le commerce international

Selon M. Behrens, d'autres facteurs contribuent davantage à rehausser la productivité de l'industrie manufacturière canadienne, comme de miser sur des accords de commerce international.

«Le commerce international a un effet bénéfique double. Premièrement, il élimine les entreprises les moins productives qui ne résistent pas à la concurrence des importations. Deuxièmement, la disparition de ces entreprises a pour effet de réallouer des parts de marché aux sociétés plus productives qui vont pouvoir accéder au marché extérieur», explique-t-il.

Le professeur ajoute que l'industrie manufacturière canadienne est aux prises depuis plusieurs années avec un problème de sous-investissement en équipements et en technologies de l'information, ce qui contribue à l'accroissement du fossé de productivité entre les travailleurs canadiens et américains. À ce sujet, l'Institute for Competitiveness and Prosperity de Toronto a estimé que le produit intérieur brut par habitant en 2010 était de 9 500 $ plus élevé aux États-Unis qu'au Canada. L'écart s'établissait à 9 200 $ un an plus tôt et à 2 700 $ en 1981.

«Voilà une préoccupation beaucoup plus importante que celle de concentrer, ou non, les entreprises manufacturières de diverses industries dans certaines zones», soutient M. Behrens.

Le document souligne que la distance géographique moyenne entre les sociétés appartenant à une même industrie a peu changé entre 2001 et 2009 au Canada, malgré le déclin continuel du nombre d'entreprises au cours de cette période.

«La hausse du dollar canadien par rapport à la devise américaine durant cette période peut aussi expliquer, en partie, la diminution observée [du nombre d'entreprises]. Cela pousse aussi les entreprises manufacturières à miser davantage sur l'importation de composantes industrielles», lit-on dans le rapport.

Selon l'auteur, une conséquence de ce phénomène est que la proximité entre entreprises sur le marché intérieur, qui est à la base du modèle des grappes industrielles, est de moins en moins importante.

Denis.lalonde@tc.tc

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