Difficile de croire que les entreprises peinent à obtenir du financement quand on regarde Premier Tech. La PME de Rivière-du-Loup a amassé 53 millions de dollars (M$) au cours des six derniers mois, qui lui ont permis d'acheter trois entreprises, dont deux à l'étranger.

Si d'aucuns reconnaissent que les banques ont resserré leurs critères de prêt, les entreprises ont encore accès à des capitaux, notamment par le truchement d'organismes gouvernementaux ou aidés par l'État. Ceux-ci ont investi sous différentes formes des montants records en 2009.

La plupart des entreprises québécoises trouvent donc le financement dont elles ont besoin, mais parfois à des conditions moins avantageuses qu'avant la crise.

" Les financiers recherchent la stabilité, dit Martin Noël, chef de la direction financière de Premier Tech. Ils veulent que l'entreprise ait un solide plan de match, qui résiste aux intempéries. Ils veulent une adéquation entre le plan et ce que l'entreprise a accompli dans le passé. "

Créée en 1923, Premier Tech est un leader en technologies environnementales, notamment dans la production de tourbe. Elle a réalisé des ventes de 250 M$ en 2008.

Le Fonds FTQ à la rescousse

Des 53 M$ récoltés par Premier Tech, 30 M$ proviennent du Fonds de solidarité FTQ sous forme de dette subordonnée (sans garantie).

" Nous avons investi une somme record de 848 M$ dans 150 entreprises au cours de la période du 1er juin 2008 au 31 mai 2009. La moitié des entreprises étaient des nouveaux partenaires ", précise Gaétan Morin, premier vice-président, investissements.

En outre, le Fonds FTQ a bonifié son enveloppe " récession " à 60 M$ cet été. Ce fonds réservé aux partenaires vise à les aider à équilibrer leur situation financière.

M. Morin souligne que le Fonds FTQ a été appelé à prendre la relève des prêteurs traditionnels, surtout en début de 2009.

Des banques prudentes

Lindsay Gordon, président de la Banque HSBC Canada, a affirmé récemment au quotidien The Gazette que les banques avaient continué de consentir des prêts durant la crise, mais en étant plus prudentes, particulièrement à l'égard des nouveaux clients.

" Encore aujourd'hui, 71 % des manufacturiers et exportateurs ont de la difficulté à accéder au crédit ", rappelle toutefois Jean-Michel Laurin, vice-président, affaires mondiales, des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, citant une enquête interne.

La valeur des livraisons manufacturières au pays a reculé de 22 % en juillet par rapport à la même période de 2008.

Les gouvernements à la rescousse

Pour assurer un accès au crédit pendant la crise, le gouvernement fédéral a mis sur pied un programme en vertu duquel Exportation et développement Canada (EDC) et la Banque du développement du Canada (BDC) disposent de 5 milliards de dollars pour soutenir leurs clients.

La station du Parc du Mont-Comi, près de Rimouski, s'est tournée vers la BDC pour l'achat d'une remontée mécanique de quatre sièges. Son pdg, Denis Roussel, vient d'annoncer un financement de 1 M$, dont 385 000 $ proviennent de la BDC.

" Nous avons une hausse de 40 % des sommes prêtées pour la période d'avril à août ", dit Patrice Bernard, premier vice-président, exploitation, pour la région du Québec à la BDC.

De son côté, le gouvernement du Québec entend injecter 1 milliard en deux ans dans la Société générale de financement (SGF) afin de soutenir les grandes entreprises québécoises.

Investissement Québec a quant à elle procuré un soutien de 374 M$ à 355 entreprises par le truchement de son Programme de fonds de roulement et d'investissement visant la stabilisation et la relance d'entreprises performantes (RENFORT), démarré en décembre 2008.

Une situation qui fait dire à Simon Prévost, vice-président de la section québécoise de la Fédération canadienne pour l'entreprise indépendante (FCEI), que l'accès au financement ne posera pas problème si les PME recommencent à investir.

" Face à un ralentissement, il y a deux façons d'agir, croit Martin Noël. Soit en victime : on espère souffrir le moins longtemps possible; soit en gens de développement qui saisissent les occasions qui se présentent. " Premier Tech a choisi son camp.