Le crédit, élément essentiel à une reprise durable

Publié le 20/12/2008 à 00:00

Le crédit, élément essentiel à une reprise durable

Publié le 20/12/2008 à 00:00

Par Denis Lalonde

Les efforts des gouvernements américain et canadien pour relancer l'économie et les marchés boursiers en 2009 doivent passer avant tout par le rétablissement du crédit, tant aux entreprises qu'aux consommateurs, estiment plusieurs experts.

"L'économie américaine est coincée dans un cercle vicieux", écrivent Neal Soss et Jay Feldman, économistes chez Credit Suisse.

"Les pertes des institutions financières liées aux créances impayées les obligent à diminuer leurs prêts aux entreprises et aux ménages. Le crédit étant plus difficile et plus coûteux à obtenir, le consommateur consomme moins et les entreprises produisent moins, ce qui entraîne des pertes d'emplois et gonfle davantage les créances irrécouvrables des institutions", ajoutent-ils. Selon eux, le principal défi des autorités de réglementation américaines sera de briser ce cercle en 2009.

"Malgré les efforts de recapitalisation du système financier, le marché des prêts interbancaires demeure capricieux et la Réserve fédérale est devenue le prêteur de dernier recours", disent les économistes de Credit Suisse.

Pour que tout rebond boursier puisse durer, les conditions de crédit doivent d'abord s'améliorer, soutient aussi le stratège canadien d'UBS, George Vasic. "La situation prend du mieux depuis quelques semaines, mais demeure loin de la normale", dit-il.

M. Vasic précise que le marché hypothécaire se porte beaucoup mieux au Canada qu'aux États-Unis, ce qui est de meilleur augure pour la relance de notre économie.

Martin Lefebvre, économiste principal au Mouvement Desjardins, estime qu'en temps normal, le taux LIBOR des prêts interbancaires en dollars américains est supérieur de 0,10 à 0,25 point au taux directeur américain.

"En ce moment, l'écart entre le taux directeur et le taux LIBOR dépasse 1 point", précise-t-il. Cela signifie que les banques sont toujours réticentes à se prêter entre elles.

La Fed à court de munitions monétaires

Après avoir abaissé son taux directeur à un niveau historique de 0,25 %, le 16 décembre, la Réserve fédérale devra dorénavant se tourner vers d'autres moyens pour stimuler l'économie.

La Banque centrale se prépare d'ailleurs à injecter des capitaux importants dans le système bancaire en rachetant directement différents actifs dits toxiques, comme le papier commercial adossé à des actifs (PCAA) et des créances hypothécaires.

La Fed a clairement indiqué, lors de l'annonce de la baisse de son taux directeur, qu'elle allait employer tous les outils disponibles pour relancer l'économie américaine.

RBC Marchés des Capitaux croit que la Réserve fédérale s'apprête à racheter des bons du Trésor, des titres adossés à des créances hypothécaires ainsi que des titres de créances d'agences gouvernementales.

Ces interventions sans précédent visent à diminuer les taux à long terme afin de réduire le coût des emprunts pour les entreprises et les consommateurs, et à soutenir la valeur des actifs douteux au bilan des banques qui nuisent à leur capacité de prêter de l'argent.

La Réserve fédérale prévoit que son taux directeur restera à ce niveau pour "un certain temps", sans donner plus de précisions. Pour M. Lefebvre, cela signifie que la Fed vise à présent à faire baisser les taux d'intérêt à long terme pour stimuler les prêts de durées équivalentes.

D'après lui, le crédit aux entreprises et aux ménages est aussi en jeu : "Actuellement, les entreprises qui souhaitent obtenir du financement doivent payer des taux d'intérêt très élevés. Comme des milliers d'emplois sont en jeu, les organismes de réglementation n'ont d'autre choix que de tout faire pour leur faciliter l'accès au crédit", dit-il.

"Aussi longtemps que les marchés n'auront pas l'impression que le pire de la récession est passé, la reprise boursière tardera", dit M. Lefebvre.

denis.lalonde@transcontinental.ca

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