La longue route d'une petite hormone

Publié le 10/04/2010 à 00:00

La longue route d'une petite hormone

Publié le 10/04/2010 à 00:00

Nous vous présentons une organisation qui mise sur l'innovation, les défis que cette démarche représente, et surtout les bénéfices qu'elle en tire.

Theratechnologies est en activité depuis 14 ans et a mis en marché jusqu'à maintenant... rien du tout. Cependant, les choses sont sur le point de changer.

Après plus d'une décennie de recherches, d'études et de processus réglementaires, l'entreprise saura finalement, fin juillet, si la Food and Drug administration (FDA) l'autorisera à mettre en marché sa découverte, la tésamoréline, dont l'utilisation vise le traitement de l'excès de graisse abdominale chez les patients séropositifs atteints de lipodystrophie.

De l'aveu même du président de l'entreprise de biotechnologies, Yves Rosconi, il s'agit d'un processus long et compliqué. " Nous sommes partis du produit en laboratoire et nous sommes en train de l'amener jusqu'au bout. Peu d'entreprises ont réalisé cela ", dit celui qui est aussi président de BIOQuébec, l'association qui regroupe les entreprises de biotechnologies et des sciences de la vie.

Theratechnologies a mis au point un analogue du facteur de libération de l'hormone de croissance qui pourrait permettre à des personnes atteintes du VIH de vivre plus longtemps, et dans de meilleures conditions.

Les traitements existants pour freiner la progression de la maladie sont plus performants que jamais. Le hic, c'est que les patients atteints du VIH sont vulnérables à l'apparition d'autres complications, comme des problèmes cardiaques et le diabète de type 2, qui peuvent sérieusement raccourcir leur espérance de vie.

Sur le point de boucler la boucle

L'équipe de Theratechnologies est sur le point de boucler un long processus d'innovation. L'entreprise a réussi les études de phase 2 et de phase 3, qui ont toutes deux prouvé l'efficacité et la sécurité du traitement.

À la fin du mois de mai prochain, l'entreprise doit se présenter devant les membres du comité consultatif de la FDA qui lui donneront, ou pas, l'approbation qui autorisera la commercialisation du traitement. L'organisme de réglementation américain prendra ensuite une décision finale avant la fin de juillet.

" Par la suite, nous deviendrons une entreprise de production ", dit M. Rosconi.

Une équipe compétente

Yves Rosconi est fier de son équipe. " Il faut des gens très compétents à tous les niveaux. Il faut être capable de mettre en place une équipe de gens qui ont du vécu. Ce n'est pas toujours facile pour une petite entreprise ", dit-il.

Et lorsque l'expertise n'était pas au sein de l'entreprise, ses dirigeants n'ont pas hésité à aller chercher des spécialistes et des consultants pour franchir les embûches.

" Il faut aussi du leadership, des gens qui ont une idée très claire des priorités et de ce qu'il ne faut pas faire. Le danger, c'est toujours de se retrouver dans un projet qui n'est pas en lien avec notre stratégie ", dit-il.

Pas de deuxième chance

Pour maintenir ses activités pendant plus de 10 ans sans revenus, l'entreprise de biotechnologies a pu compter sur le soutien important d'investisseurs.

" Nous avons réussi à amasser 250 millions de dollars et nous n'avons toujours rien vendu en 14 ans. Il nous reste 65 millions et nous n'avons toujours pas de produit sur le marché. Il fallait être drôlement convaincus [de notre produit] et convaincants ", lance Yves Rosconi.

" Mais il fallait aussi s'assurer de ne pas se tromper. Les investisseurs ne donnent pas de deuxième chance ", prévient-il.

Maintenant que le traitement mis au point par Theratechnologies est rendu à la dernière étape d'approbation, les investisseurs s'agitent.

La capitalisation de l'entreprise, qui s'établissait à 37 millions de dollars en 2004, atteint maintenant 350 millions. " Plus nous sommes près de réussir, plus notre valeur s'accroît ", dit le président.

Selon des études de marché menées par l'entreprise, son traitement pourrait permettre d'occuper un marché évalué entre 400 et 650 millions de dollars américains, uniquement aux États-Unis.

La valeur de l'entreprise atteindra-t-elle de nouveaux sommets le 28 juillet ?

( PROFIL )

Nom : Theratechnologies

Siège social : Montréal

Activité : Société biopharmaceutique avec une expertise dans le domaine des produits thérapeutiques à base de peptides.

Fondation: 1993

Actionnaires : Société cotée en Bourse

Site Web : www.theratech.com

UN TRAITEMENT RÉVOLUTIONNAIRE

> Theratechnologies a réussi à créer en laboratoire la tésamoréline, un analogue synthétique du facteur de libération de l'hormone de croissance. Celle-ci joue un rôle important dans la régulation du métabolisme des graisses, la composition corporelle, comme la masse musculaire et la formation de lipides.

> Le produit pourrait aider les personnes atteintes du VIH qui ont développé la lipodystrophie, une complication grave comportant des effets à long terme, comme des problèmes cardiaques, des changements dans la composition corporelle comprenant notamment l'accumulation de graisse viscérale excessive.

> La lipodystrophie provoque des changements corporels qui rendent les patients plus vulnérables aux affections cardiovasculaires ainsi qu'au diabète de type 2.

> En 2008, on estimait que des deux millions de personnes souffrant du VIH en Amérique du Nord et en Europe, 285 000 d'entre eux souffraient de lipodystrophie.

> À la suite d'études de marché menées auprès de patients et de médecins, l'entreprise estime que 380 000 patients qui bénéficient d'une thérapie antirétrovirale seront atteints de lipodystrophie associée au VIH en Amérique du Nord et en Europe d'ici 2012.

Source : Theratechnologies

dossiers@transcontinental.ca

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