L'électricité freine l'utilisation accrue de la biomasse

Publié le 10/09/2011 à 00:00, mis à jour le 08/09/2011 à 09:18

L'électricité freine l'utilisation accrue de la biomasse

Publié le 10/09/2011 à 00:00, mis à jour le 08/09/2011 à 09:18

De vastes forêts et une agriculture développée représentent pour le Québec une richesse, à ce jour quasi inexploitée : la biomasse résiduelle, une matière qui pourrait servir au chauffage aussi bien résidentiel qu'industriel. Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal spécialisé en politiques énergétiques, explique le retard québécois.

Les Affaires - Quels sont les avantages du chauffage à la biomasse du point de vue écologique ?

Pierre-Olivier Pineau - Les avantages sont de deux ordres. Il faut tout d'abord savoir qu'au Québec et en Amérique du Nord, on utilise surtout des granulés de bois compressé, faits à partir de résidus forestiers, pour le chauffage à la biomasse. Cela permet d'exploiter une matière considérée jusqu'à présent comme un résidu. De plus, les granulés utilisés détiennent une haute efficacité de combustion. Les émissions polluantes sont du coup moins élevées que celles du gaz naturel ou du mazout. Et comme la biomasse est renouvelable, elle n'émet aucun CO2. Elle est donc beaucoup plus écologique.

L.A. - Pourquoi le chauffage à la biomasse est-il peu développé au Québec ?

P.-O.P. - Il y a trois raisons principales. Premièrement, au Québec, c'est le chauffage électrique qui est le plus répandu... et de loin. Contrairement aux systèmes de chauffage au gaz naturel ou au mazout, les systèmes de chauffage à l'électricité ne peuvent être convertis en systèmes à la biomasse. Il faut donc changer l'ensemble du système électrique, ce qui est extrêmement coûteux. La fournaise à elle seule peut coûter entre 5 000 et 6 000 $, alors imaginez l'ensemble d'un système ! Deuxièmement, au Québec, l'électricité est abordable, ce qui ne favorise pas l'essor d'énergies alternatives comme la biomasse. Et finalement, d'un point de vue pratico-pratique, l'entretien d'un tel système est plus exigeant qu'un système électrique. Les propriétaires doivent vider les cendres de la fournaise et manipuler les sacs de granulés, qui pèsent en moyenne 20 kg. Annuellement, une fournaise consomme environ 3 000 kg de granulés.

L.A. - Au Québec, le chauffage à la biomasse est donc voué à l'échec ?

P.-O.P. - Je ne dirais pas ça. Mais pour qu'il devienne populaire, il faudrait augmenter le prix de l'électricité, ce qui rendrait la biomasse plus attrayante, et proposer des incitatifs financiers afin qu'il soit moins coûteux de changer son système de chauffage pour un système à la biomasse. Il faudrait également interdire le changement des systèmes de chauffage au gaz ou au mazout pour des systèmes électriques. Finalement, il faudrait incorporer le chauffage dans une stratégie énergétique régionale.

L.A. - Que voulez-vous dire par "stratégie énergétique régionale" ?

P.-O.P. - L'énergie de l'Ontario provient du nucléaire et du charbon, tandis que celle des États américains de la côte est provient essentiellement du charbon et du gaz naturel. Si nous utilisions un autre mode de chauffage, nous pourrions exporter notre électricité hors frontières afin d'offrir une énergie renouvelable pour combler les besoins énergétiques de nos voisins. Du point de vue environnemental, cela permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Du point de vue financier, cela permettrait au Québec, par l'intermédiaire d'Hydro-Québec, d'engranger des profits qu'il pourrait utiliser dans d'autres secteurs, comme celui de la santé. Mais actuellement, il y a loin de la coupe aux lèvres.

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