Dans le cadre du Mois du génie, nous vous présentons des ingénieurs qui oeuvrent dans des secteurs non traditionnels de la profession. Nous faisons également état de grands enjeux et défis qui animent ces professionnels très recherchés.

Le mandat de Philippe Jeanneau : définir et traduire sur la palette de hockey le feeling que recherchent les joueurs professionnels avec leur bâton afin d'en concevoir sur mesure.

Ce diplômé de Polytechnique peut s'attribuer une part de l'amélioration du jeu de hockeyeurs-vedettes tels que Sidney Crosby. " Je fais des jaloux ! On me demande souvent un bâton de hockey, signé non pas par moi, mais par un joueur connu qui utilise nos bâtons... " confie-t-il.

Outre le bâton du capitaine des Penguins de Pittsburgh, il a mis au point ceux du Russe Alexandre Ovechkin, capitaine des Capitals de Washington, de Patrice Bergeron, des Bruins de Boston, et de Carey Price, gardien du Canadien de Montréal. La crème des joueurs pour qui Reebok-CCM fait du sur-mesure.

Philippe Jeanneau s'est retrouvé chez Reebok-CCM, son premier et seul employeur, après avoir répondu à une offre d'emploi sur Internet. Depuis 2002, cet ingénieur mécanique spécialisé en aéronautique est responsable du développement des bâtons de hockey de ce fabricant. Un emploi qui l'amène à cotoyer de près les joueurs professionnels. " J'aurais considéré un travail plus traditionnel, mais en tant que jeune Québécois ayant grandi avec le hockey, c'était une occasion incroyable. "

Tests avec les joueurs

L'ingénieur de 32 ans profite des jours de pratique pour cerner les besoins de chaque hockeyeur. " Cela m'aide beaucoup de parler avec les joueurs, sans intermédiaire, des propriétés des bâtons et de leurs performances. " Durant la saison morte, il mène des tests avec des professionnels et des amateurs de haut niveau pour trouver des façons d'améliorer les bâtons constitués de matériaux composites. Pour y arriver, il doit se faire une bonne idée de ce que recherche le joueur comme sensation sur la palette : performance mécanique, force et vitesse du lancer et réception de la passe.

Ensuite, il définit les spécifications du bâton en développement : les matériaux retenus, le niveau de résistance recherché, le poids, la souplesse et la solidité. Il effectue également le suivi de la production afin de s'assurer que l'atelier respecte le concept créé, et le réalise de la bonne manière.

Si, chez l'amateur, le bâton de bois est encore très populaire, les professionnels, eux, préfèrent en général ceux faits de matériaux composites. Cette préférence amène des défis à relever pour l'ingénieur. " Le domaine des composites est en plein essor et comporte peu de limites. On peut s'aventurer et expérimenter. Les possibilités de design sont infinies. "

La fabrication des bâtons de nouvelle génération mène l'ingénieur jusqu'en Chine, où s'effectue une partie de la production. Il y était d'ailleurs en janvier pour surveiller l'évolution de nouveaux bâtons devant arriver bientôt sur le marché.

QUELQUES REPÈRES

40 742

Nombre d'ingénieurs en exercice au Québec membres de l'OIQ.

Source : Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) (mars 2010)

Leur répartition géographique...

Montréal 64,8 %

Québec 13,7 %

Mauricie, Bois-Francs et Centre-du-Québec 4,7 %

Saguenay-Lac-Saint-Jean 3,1 %

Source : OIQ

... et par secteur

Consultation 13,1 %

Public et parapublic 10,2 %

Éducation 3,6 %

Autres secteurs 19,1 %

Fabrication 23,5 %

Source : OIQ