La région de Lanaudière, renommée autrefois pour la culture du tabac, développe un nouveau créneau de la production maraîchère, le haricot vert extra-fin.
Très connu des Européens, le haricot vert extra-fin n'était pas cultivé ni transformé en Amérique du Nord jusqu'à ce que Bonduelle, un chef de file français dans la transformation des légumes, le propose aux maraîchers québécois.
Après des essais en 2007, une trentaine de maraîchers ont semé l'an dernier 1 000 acres et récolté environ 2 500 tonnes du légume filiforme. En moins de deux saisons, Lanaudière est devenue la première région du continent à cultiver commercialement ce petit légume mesurant environ la moitié de la taille d'un haricot vert ordinaire.
Une implantation rapide
"C'est une belle réussite", dit Daniel Vielfaure, directeur de Bonduelle Amérique du Nord. Le groupe français a implanté sa filiale canadienne après avoir acquis en 2007 l'entière propriété d'un fleuron québécois de la transformation alimentaire, Aliments Carrière, spécialiste de la conserverie et de la surgélation des légumes.
"Nous avons pu mener cette implantation à terme en deux ans seulement alors que, normalement, il aurait fallu s'attendre à cinq ou six ans de travail avant d'y parvenir", soutient M. Vielfaure.
La rapiditié avec laquelle se développe cette nouvelle culture provient de la réunion des savoir-faire de Bonduelle et des maraîchers lanaudois. La première transforme le haricot vert extra-fin depuis plus de 20 ans en Europe. "C'est notre expertise qui nous a permis d'accélérer ce projet. En somme, nous n'avons pas eu à apprendre de nos erreurs", dit Daniel Vielfaure.
Bonduelle exporte son produit surgelé aux États-Unis dans le réseau des hôtels et restaurants. En produisant et en transformant au Québec, il court-circuite un long et onéreux voyage transatlantique.
Quant aux maraîchers lanaudois, ils possèdent de bonnes terres bien irriguées dans une région qui a été durement frappée par la double perte de la production du tabac, presque complètement disparue depuis 2003, et celle des concombres de transformation à la suite de de la fermeture de l'usine Kraft, de Sainte-Thérèse, en 2005.
"Nous avons avec Bonduelle une bonne relation empreinte d'ouverture et d'échange", dit Pascal Forest, maraîcher de Saint-Jacques de Montcalm et vice-président de la Fédération québécoise des producteurs de fruits et légumes de transformation, affiliée à l'Union des producteurs agricoles.
Les fermiers lanaudois, qui produisent aussi du maïs, du soya et du brocoli, pratiquent la rotation des cultures de manière à ne pas appauvrir les sols. La culture du haricot vert extra fin s'insère parfaitement dans cette manière de faire. "Parce que c'est une nouvelle production, nous n'encombrons pas un autre marché de légumes déjà établi. C'est un très beau légume qui est destiné à un marché haut de gamme."
Bientôt à l'épicerie
L'implantation de Bonduelle a eu des retombées jusqu'en Montérégie. L'entreprise achète toute la récolte et la transforme à son usine de Bedford où elle a investi 3,5 millions de dollars l'an dernier pour installer la surgélation du haricot vert extra-fin.
L'usine de Bedford transforme en produits surgelés 85 millions de livres de légumes divers et emploie, en haute saison, jusqu'à 275 personnes.
Pour l'heure, toute la production d'haricots verts extra-fins est expédiée dans les services alimentaires (hôtels, restaurants et institutions) mais, d'ici deux ans, Bonduelle envisage sa commercialisation au détail. Mais on peut en goûter dans des macédoines surgelées de marque Artic Gardens.
alain.duhamel@transcontinental.ca
