Le marché européen des services s'ouvrira bientôt davantage aux entreprises canadiennes en raison de l'accord de libre-échange que négocient le Canada et l'Union européenne. Mais des québécoises comme CGI, SNC-Lavalin et BMO Groupe financier n'ont pas attendu ce traité pour y offrir leurs services, car les occasions d'affaires y sont légion.
En 2009, les entreprises canadiennes ont exporté pour 2,4 milliards de dollars (G$) de produits liés aux technologies de l'information et des télécommunications (TIC).
D'ici 2016, CGI veut multiplier par trois ses revenus en Europe, afin de franchir le cap du milliard de dollars. "C'est la masse critique qu'il nous faut en Europe pour être reconnu comme un acteur mondial, explique Lorne Gorber, vice-président principal, communications et relations avec les investisseurs du géant montréalais.
CGI, un fournisseur de solutions en TI, effectue la plupart de ses mandats en Europe à partir de ses bureaux locaux. La multinationale y réalise un chiffre d'affaires de 320 millions de dollars (M$), ce qui représente 8 % de ses revenus totaux.
En Europe, elle compte parmi ses clients l'assureur Axa, la banque Santander, le fournisseur de téléphonie Vodafone ainsi que des gouvernements.
Deux stratégies de croissance
Pour atteindre son objectif de tripler son chiffre d'affaires en Europe, CGI s'appuiera sur de la croissance interne et des acquisitions d'entreprises. "Nous utiliserons ces deux stratégies à parts égales", dit M. Gorber.
En ce qui a trait à la croissance interne, l'enjeu pour CGI consistera à trouver de nouveaux clients et à signer des contrats de service à plus long terme, soit de 5 à 10 ans. "Dix ans, c'est l'idéal pour nous, dit-il. Cette période comprend trois cycles d'investissement en TI."
Au chapitre des acquisitions, CGI vise des entreprises en recherche de relève. "Nous souhaitons acheter des fournisseurs de services en TI dont l'entrepreneur fondateur vieillit et est près de la retraite", précise Lorne Gorber.
CGI cherche aussi à acheter des entreprises qui sont sensiblement de la même taille qu'elle. Sur le Vieux Continent, CGI n'entend pas faire de grosses acquisitions comme aux États-Unis. L'an dernier, elle a payé 1,1 G$ US pour l'américaine Stanley, dont 80 % des revenus venaient du département de la Défense et des agences de renseignements américaines.
Concurrence et restrictions budgétaires
CGI cherche depuis plusieurs années à accroître sa présence en Europe, mais elle fait face à une concurrence féroce. Logica et Cap Gemini ont des revenus presque deux fois plus élevés que ceux de CGI.
L'entreprise doit aussi se frotter au géant américain des solutions en TI Accenture, qui a réalisé des revenus de 23,1 G$ US pour l'exercice terminé le 31 août 2010. Et ses activités européennes se portent bien (+ 8 % au quatrième trimestre), notent les analystes de Valeurs mobilières TD, malgré l'incertitude en Europe, surtout dans les services financiers.
Une conjoncture favorable
La crise de l'euro et les plans de réduction budgétaire des gouvernements n'ont rien pour stimuler l'économie.
Mais Lorne Gorber y voit plutôt une conjoncture favorable à CGI. "Les gouvernements veulent réduire leurs dépenses. Nos solutions leur permettent justement de le faire." Il y a un risque de ralentissement du processus normal d'attribution des contrats, comme CGI le vit d'ailleurs aux États-Unis.
CGI pense aussi pouvoir profiter du climat d'incertitude en Afrique du Nord, en raison du Printemps arabe. Des entreprises européennes, notamment françaises, y font exécuter des contrats d'impartition en TI. Une partie de ce travail pourrait être fait au Québec, où il serait effectué "avec plus d'efficacité et de sécurité", affirme Lorne Gorber.
LES SERVICES DANS L'UNION EUROPÉENNE, C'EST...
un secteur représentant plus de 70 % de l'activité économique en Europe ;
un marché évalué à plus de 11 250 milliards de dollars américains (G$ US), soit sept fois la taille de l'économie canadienne.
Un conseil :
Consultez les guichets uniques pour comprendre les procédures à suivre par les prestataires de services dans le marché de l'UE :
ec.europa.eu/internal_market/eu-go.
Source : Commission européenne
Série 2 de 6
Percer le marché européen
Malgré la crise qui secoue la zone euro, des entreprises canadiennes réussissent à vendre leurs biens et leurs services dans les marchés de l'Union européenne. Voici leurs meilleures stratégies pour réussir, se démarquer des concurrents et éviter les pièges.
