Chasse aux pertes chez Moisson Montréal

Publié le 22/06/2013 à 00:00

Chasse aux pertes chez Moisson Montréal

Publié le 22/06/2013 à 00:00

Si vous croyez que les organismes à but non lucratif sont gérés au pif, vous n'avez jamais fait de bénévolat chez Moisson Montréal. En matière de productivité, plusieurs entreprises à but lucratif pourraient en prendre de la graine.

Moisson Montréal, c'est un entrepôt de 107 000 pieds carrés (9 940 mètres carrés), 42 employés à temps plein, 50 bénévoles tous les jours, 1 million de kilos de nourriture en grande partie périssable qui entre et sort chaque mois, un taux de rotation des stocks de 48 à 72 heures et un budget annuel de 4,2 millions de dollars.

Le conseil d'administration de l'organisme, présidé par Richard Blain, directeur associé de KPMG-Secor, a compris que, pour gérer ça, ça prenait un «opérateur», comme on dit en mauvais français. Il y a deux ans et demi, il est allé chercher le vice-président exploitation de Crème glacée Lambert. Même s'il n'a que 39 ans, Dany Michaud s'y connaît en direction d'usine alimentaire. Il a assuré celle de Tomasso Cordon Bleu, à Baie-D'Urfé, et de l'usine Weston à Longueuil.

Quand M. Michaud est arrivé à l'usine de l'arrondissement Saint-Laurent, tout fonctionnait à la mitaine. «On reçoit et on distribue pour 71 millions de dollars de bouffe par année, mais le problème par rapport aux entrepôts des grands distributeurs alimentaires est que nous, on ne sait pas ce qui va entrer dans notre entrepôt ; c'est ça qui est complexe», explique M. Michaud, qui a fait installer un système informatique qui a réduit les pertes de 30 à 5 % en augmentant le taux de rotation des stocks.

«C'était toujours les boîtes sur le bord de la tablette qui sortaient en premier, alors que maintenant, nous savons où sont stockés tous les produits et lesquels doivent être distribués en premier», précise M. Michaud.

Pour être plus concret, M. Michaud explique qu'à la fin de 2010 il en coûtait 3,25 M$ pour distribuer pour 44 M$ de nourriture, ce qui donnait un effet de levier de 1 $ pour 13,50 $. Aujourd'hui, il en coûte 4,2 M$ pour distribuer pour 71 M$ de nourriture, soit un ratio de 1 $ pour 17 $. Une amélioration notable qui ferait rougir bien des entreprises. «Mon objectif, c'est 1 $ pour 20 $ l'an prochain», précise le dirigeant.

Des dizaines de recrues chaque jour

Le défi de la productivité prend tout son sens quand on sait que plus de la moitié du personnel est composée de bénévoles qui changent tous les jours. La moitié de ces bénévoles sont des employés que les entreprises libèrent pour une journée. Un apport absolument essentiel au fonctionnement de l'organisme, mais aussi un énorme défi d'intégration des 30 à 50 nouveaux bénévoles chaque jour. «Mais ils sont très motivés», lance M. Michaud.

Un meilleur tri a aussi permis de diminuer de 147 000 $ à 35 000 $ le coût de disposition des déchets, avec un objectif de 0 $ en 2014.

Le défi des viandes

M. Michaud s'attelle maintenant à améliorer son approvisionnement en viandes et en produits laitiers, qui font cruellement défaut à Moisson Montréal. «La dernière chose que les producteurs veulent est que leur nom soit associé à une affaire d'empoisonnement alimentaire. Ils veulent être certains que nous respecterons la chaîne de froid. Avant mon arrivée, nous ne pouvions pas, mais maintenant, nous pouvons leur donner toutes les garanties. Et mon travail sera de les convaincre.»

Moisson Montréal mène présentement un projet-pilote de récupération de viandes et de produits frais avec Walmart, Target et Loblaw.

UN PREMIER PAS DANS LA TRANSFORMATION ALIMENTAIRE

L'an prochain, Moisson Montréal se lancera dans la transformation alimentaire primaire : trancher, blanchir, congeler. Présentement, une carotte qui a une partie non consommable se retrouve entière dans le composteur. Dans quelques mois, un employé enlèvera la mauvaise partie et fera congeler la bonne.

Pour augmenter ses revenus, Moisson Montréal travaille aussi sur un projet de consolidation d'équipe (team building) offert aux entreprises en collaboration avec l'UQAM.

LE PANIER LE MOINS CHER

Moisson Montréal ne peut pas revendre la nourriture qui lui est donnée, mais elle achète une partie des aliments à bas prix, en raison de son pouvoir d'achat. Cela lui permet de les revendre sans profit à des organismes situés dans des déserts alimentaires - une centaine à Montréal - c'est-à-dire des endroits où les gens n'ont pas accès à une épicerie à pied. Ils peuvent se procurer un panier à 16 $ qui leur coûterait 38 $ à l'épicerie.

«Avec le même entrepôt, on pourrait doubler les 71 M$ de nourriture qui transite», estime Dany Michaud.

Moisson Montréal fournit 213 organismes par semaine. Chaque mois, 142 000 personnes ont besoin de l'organisme pour combler leurs besoins. Et plus l'économie va mal, plus les besoins augmentent. Manque de chance, les dons baissent dans une telle situation !

À la une

Bourse: Wall Street a repris des couleurs

Mis à jour le 06/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York espère une baisse des taux de la Fed cette année.

À surveiller: Apple, Groupe CGI et Air Canada

06/05/2024 | Jean Gagnon

Que faire avec les titres d'Apple, CGI et Air Canada? Voici quelques recommandations d'analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 6 mai

Mis à jour le 06/05/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.