BCE-Astral : un dividende sûr, mais une stratégie à prouver

Publié le 24/03/2012 à 00:00

BCE-Astral : un dividende sûr, mais une stratégie à prouver

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Les analystes ne sont pas tous convaincus du rendement que saura tirer BCE (Tor., BCE, 39,58 $) de sa convergence 2.0, mais l'achat d'Astral Media (Tor., ACM.A, 48,28 $) contribuera immédiatement à ses bénéfices et l'aidera surtout à continuer d'augmenter son dividende.

Il devenait de plus en plus difficile pour BCE de justifier une hausse de son dividende, avec une croissance anémique de 0 à 2 % de son bénéfice et aucune progression de ses liquidités excédentaires récurrentes en 2012, fait valoir Dvai Ghose, de Canaccord Genuity, dans une analyse.

«Astral Media produit des flux de trésorerie de 200 millions de dollars par année, qui gonfleront ceux de BCE de 0,05 à 0,10 $ par action, ou l'équivalent de 2 à 3 % par année», estime Greg MacDonald, de Macquarie Equity Research.

Si les actionnaires de BCE peuvent s'attendre à une hausse du dividende de 5 % par année, ils ne doivent plus compter sur les rachats d'actions, qui ont soutenu la valeur du titre depuis deux ans. BCE devra en effet rembourser d'ici la fin de 2014 une partie de la dette de 2,6 milliards de dollars contractée pour acheter Astral Media.

BCE veut en effet ramener son ratio d'endettement de 2,25 fois son bénéfice d'exploitation, après l'achat d'Astral, à son objectif annuel de 1,5 à 2,0 fois, d'ici la fin de 2014, indique Colin Moore, de Credit Suisse.

Médias et croissance

BCE tente aussi de dynamiser sa croissance, freinée par le déclin de la téléphonie filaire. Astral est le troisième achat que BCE réalise dans le secteur des médias depuis le début de 2011. Ces transactions totalisent 7 milliards de dollars (G $) : 3,2 G $ pour l'achat de CTV, 398 millions de dollars (M $) pour une participation de 28 % dans Maple Leafs Sports and Entertainment et 3,65 G $ pour Astral, comprenant les dépenses de changement de contrôle de 270 M $ sur sept ans exigées par le CRTC.

BCE tirera dorénavant 54 % de ses revenus et 50 % de son bénéfice d'exploitation de secteurs d'activités qui croissent plus vite que la téléphonie filaire, soit le sans-fil, les services de télévision et les médias, précise Adam Shine, de la Financière Banque Nationale.

Stratégie à prouver

Les analystes restent divisés concernant le besoin pour un fournisseur de télécommunications de posséder son propre contenu média, puisqu'il ne peut l'offrir en exclusivité à ses clients.

Dvai Ghose, de Canaccord Genuity, estime que BCE aurait mieux fait d'investir dans son réseau pour en améliorer la capacité et la performance, et ainsi offrir le service de télévision Bell Télé Fibe partout au Canada.

«Les Québécois citent toujours le réseau plus rapide et le meilleur service à la clientèle de Vidéotron pour expliquer leur décision de quitter Bell. Le contenu vidéo différencié n'est pas un facteur dans leur choix», dit-il.

À plus long terme, toutefois, «détenir son propre contenu deviendra plus important pour les distributeurs, puisqu'ils devront offrir leurs canaux à la carte», afin de mieux concurrencer les services de téléchargement, estime pour sa part M. MacDonald.

«Il est vrai que tous les fournisseurs de sans-fil peuvent acheter du contenu média. Toutefois, en possédant les canaux spécialisés, BCE pourra les inclure plus rapidement dans ses forfaits mobiles et accélérer l'adoption de ses téléphones intelligents», dit Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins.

La transaction suscite éloges et critiques, mais les deux tiers des analystes sont neutres envers le titre de BCE et suggèrent de conserver l'action, sans plus. Et pour cause : son action est plus chèrement évaluée que celle des entreprises équivalentes, les Telus, Rogers, AT & T et Verizon. Le cours cible moyen des analystes d'ici un an est de 40,47 $, tout près du cours actuel.

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