Sept grandes sociétés québécoises et canadiennes changent de PDG. Voici ce qui les attend.

Publié le 01/07/2009 à 00:00

Sept grandes sociétés québécoises et canadiennes changent de PDG. Voici ce qui les attend.

Publié le 01/07/2009 à 00:00

Rogers : Nadir Mohamed

2 décembre 2008. Ted Rogers s'éteint à 75 ans. Jusqu'à la fin, le fondateur de l'empire Rogers aura tenu les rênes de l'entreprise qu'il a créée. Il laisse derrière lui une société en bonne santé sur le plan financier, chef de file dans les secteurs de la téléphonie sans fil et de la câblodistribution. Nadir Mohamed enfile de grosses chaussures. Il doit à la fois maintenir la continuité et insuffler les changements nécessaires pour rester le leader de son secteur. C'est à cela que le nouveau PDG s'affaire. Déjà, la nouvelle direction a réussi à quintupler le volume de son rachat d'actions, le faisant passer à 1,5 milliard de dollars, ce qui met en valeur sa situation financière solide. Un geste fort positif, selon Dvai Ghose, analyste à la Genuity Capital Markets, qui rappelle par ailleurs que " le problème, avec les entreprises parvenues à maturité, c'est qu'elles ont la mauvaise habitude de devenir grosses et paresseuses ".

Le défi : montrer que Rogers n'a pas perdu son esprit d'entreprise. Nadir Mohamed en est conscient : " Le monde change. La façon dont nous avons dominé le marché au cours des cinq dernières années est différente de celle qui nous permettra de le faire pendant les prochaines années ".

Caisse de dépôt : Michael Sabia

La Caisse de dépôt connaît la pire période de son existence. Outre les pertes de 40 milliards de dollars à l'origine d'une commission parlementaire, trois dirigeants auront géré le bas de laine des Québécois au cours de la dernière année.

La controverse : la Caisse est-elle entre bonnes mains avec Michael Sabia ? " Sabia a montré qu'il savait mener une organisation, souligne Laurent Lapierre, professeur de stratégie à HEC Montréal. Les critiques soulevées par sa nomination visaient davantage le gouvernement. Car si on se penche sur ce qu'il a fait chez Bell, [on peut conclure qu']il a rempli le mandat qu'on lui avait confié, c'est-à-dire préparer la vente de l'entreprise. "

SNC Lavalin : Pierre Duhaime

" Pierre Duhaime continuera dans la même direction que Jacques Lamarre ", dit Pierre Lacroix, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins. Rien de surprenant : le nouveau PDG de SNC-Lavalin travaille dans l'entreprise depuis 20 ans. Recruté comme directeur de projet, cet ingénieur spécialisé en métallurgie a contribué à faire de SNC-Lavalin un chef de file mondial en mines et métallurgie.

Projets : Pierre Duhaime pourrait profiter de la crise pour développer encore davantage certains secteurs d'activités, comme le pétrole et le gaz. " D'ailleurs, il a déjà souligné son intention de percer de nouveaux secteurs. C'est le moment. Les entreprises de ce secteur sont plus faibles ", ajoute Pierre Lacroix.

Air Canada : Calin Rovinescu

L'an dernier, Air Canada a perdu plus d'un milliard de dollars. Le nombre de voyageurs est en chute libre ; l'entreprise connaît des difficultés financières et tente de se sortir d'un conflit portant sur son régime de retraite. Qu'à cela ne tienne ! Le nouveau PDG, avocat de formation, compte bien sauver le plus grand transporteur aérien canadien. Les choix seront difficiles.

Cure minceur ? Selon Jacques Kavafian, analyste chez Research Capital, Calin Rovinescu n'aura d'autre choix que de " réduire la taille d'Air Canada ". Selon ses estimations, le transporteur pourrait épargner près de deux milliards de dollars s'il réduisait le nombre de vols offerts, clouait au sol 155 de ses 334 appareils et licenciait 6 000 employés. Pour sa part, Calin Rovinescu soutient qu'il pourra restructurer l'entreprise sans en réduire la taille.

Canadien National : Claude Mongeau

Le Canadien National (CN), Claude Mongeau le connaît par coeur. Il y travaille depuis 1994. Vice-président exécutif et chef de la direction financière, il en deviendra le PDG le 1er janvier 2010, succédant à E. Hunter Harrison. Claude Mongeau prend la tête d'une entreprise qui présente un bon potentiel à long terme, estime Benoit Poirier, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.

Le défi : adapter le CN à une diminution des volumes de fret, qu'on estime cette année à 20 % ! Cette tendance à la baisse pourrait se poursuivre au cours des prochaines années. " Cependant, la hausse anticipée des tarifs devrait compenser la baisse des volumes, et les chemins de fer profiteront de leur position oligopolistique et généreront des profits grâce à un service amélioré ", rappelle l'analyste.

Barrick Gold : Aaron Regent

À 43 ans, Aaron Regent est un des plus jeunes chefs de direction de l'industrie auri-fère, mais son curriculum vitæ est un des plus riches de ce secteur. Il a, entre autres, été président de Falconbridge, qui a fusionné avec Noranda en 2005. Chez Barrick Gold, le plus important producteur d'or du monde, il prend le contrôle d'une entreprise qui affiche un bilan financier solide et une faible dette, et qui démarrera sous peu trois nouveaux projets. Même si les profits sont moindres qu'en 2007, la minière torontoise traverse une bonne période.

Gestion : quel style de gestionnaire aura Aaron Regent ? " Je ne veux pas que les gens s'attendent à un réel changement de stratégie. "

Manuvie : Donald Guloien

Dominic D'Alessandro, l'ancien PDG de Manuvie, " était reconnu pour être une personne ambitieuse au tempérament agressif. Je suis exactement pareil ", a récemment confié en entrevue Donald Guloien, le tout nouveau PDG du plus important assureur du pays. Cet homme de 52 ans ne cache pas son tempérament fort, indiquant que cette façon de faire convient tout à fait à une entreprise connue pour son approche com-bative lors des négociations. Ce trait de caractère lui sera-t-il bénéfique ? L'avenir nous le dira assez rapidement, car Manuvie fait face actuellement à de nombreux défis.

Le défi : composer avec le prix de l'action, qui a chuté de 75 % en huit mois. Notons toutefois que celle-ci a remonté au cours des dernières semaines.

Domtar : John D. Williams

Le 31 décembre dernier, Raymond Royer, un des dirigeants les plus respectés du monde des affaires du Québec, a quitté la direction de Domtar, un poste qu'il a occupé pendant douze ans. Son remplaçant, John D. Williams, est un Américain. Avant d'être recruté par le premier fabricant de papier fin d'Amérique du Nord, il a été président de SCA Packaging Europe. On décrit le successeur de Raymond Royer comme un gestionnaire réaliste. Il a récemment affirmé : " Nous nous attendons à ce que l'environnement d'affaires reste faible dans tous nos marchés ". Ce réalisme lui sera utile, car son navire vogue sur une mer agitée : le prix de la pâte et la demande de papier fin ont tous deux chuté de façon radicale. En 2008, Domtar a enregistré une perte nette de 573 millions de dollars américains par rapport à un bénéfice net de 70 millions de dollars américains en 2007.

Bon départ : malgré tout, Paul Quinns, analyste chez RBC Marchés des Capitaux, avance que " le pire est derrière Domtar, ce qui est de bon augure ", précisant qu'en quelques mois, sous la houlette de son nouveau PDG, l'entreprise a déjà pris de bonnes décisions.

ulysse.bergeron@transcontinental.ca

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