Marc Dutil dit qu'il faut déjà se préparer à la prochaine récession. Photo: LesAffaires.com

C’est déjà le temps de préparer la récession de 2016, lance en boutade Marc Dutil, le pdg de Canam. Pour le gestionnaire beauceron, c’est une façon de dire qu’il n’est jamais trop tôt pour se préparer à une crise. En fait, il est déjà trop tard pour prendre des mesures vraiment efficaces quand la récession est commencée.

BLOGUE : Marc Dutil a la bonne approche

De bons gestionnaires devraient avant toute chose éviter les comportements maniaco-dépressifs, où quand tout va bien on embauche à la pelletée et quand tout va mal on n’a même plus les moyens de se payer un ingénieur hyper-brillant qui vient de quitter une entreprise concurrente, illustre M. Dutil.

VIDÉO : Extraits de notre entrevue avec Marc Dutil

«C’est de la négligence criminelle de laisser filer un travailleur très compétent dont on pourrait se passer pendant un trimestre où l’activité est plus faible», ajoute-t-il.

Le grand patron de Canam n’hésite pas à dire qu’il n’a que faire du comportement souvent irrationnel de la Bourse à court terme, et que ses décisions sont prises en fonction d’un horizon de plusieurs années : «Notre principal avantage concurrentiel, c’est notre vision à long terme qui est souvent le propre des entreprises familiales.»

Il met aussi en garde contre le danger qui guette les gestionnaires de ne vouloir entendre les problèmes au sein de l’entreprise quand les choses vont bien. «Chez Canam, nous cherchons à récompenser les employés qui nous disent la vérité. C’est facile d’entrer dans le bureau du patron pour annoncer de bonnes nouvelles, mais c’est beaucoup plus difficile de le faire pour dire que ça ne peut-être pas aussi bien que prévu.» 

M. Dutil sait de quoi il parle. Au début des années 2000, son entreprise a frôlé la faillite et a dû gérer une crise qui ne lui laissait aucune marge de manœuvre. Elle s’était abandonnée à l’euphorie et s’était éparpillée dans des activités non rentables.

«Nous nous étions laissés enivrés par les manchettes flatteuses. C’était loin d’être évident à ce moment-là que nous serions où nous sommes aujourd’hui», relate-t-il.

Depuis cette période noire dans l’histoire de l’entreprise, Canam a procédé à un grand ménage. L’entreprise s’est recentrée sur ses activités les plus rentables et a réduit sa dette à presque rien, ce qui lui assure à toutes fins utiles de survivre dans ce qui reste un marché de la construction nord-américain extrêmement déprimé.

Marc Dutil s’exprimait ce matin dans le cadre des petits-déjeuners Entre-vue organisés par HEC Montréal.