Urgence Leadership présente des extraits du nouveau livre du conférencier Ram Charan qui sort en librairie le 20 mai prochain.
Plusieurs caractéristiques et comportements distinguent un bon leader, mais lesquelles seront irremplaçables pour diriger dans une crise sans précédent ? À mon avis, il y en a six, que je décris et explique dans les pages qui suivent.
1. L'honnêteté et la crédibilité. L'enjeu est de taille. Personne ne sait exactement comment les choses évolueront. Comment dire aux gens ce qu'on croit si on n'est pas sûr d'avoir raison ? Impossible de bluffer et d'inventer n'importe quoi - le premier venu vérifiera vos idées dans Google. La réponse, c'est l'honnêteté intellectuelle et l'humilité. Vous ne tirez pas votre autorité de l'omniscience mais de votre capacité à faciliter la compréhension et les solutions. Soyez franc : dites aux gens comment vous voyez les choses, reconnaissez les limites de votre savoir et demandez-leur leur opinion. Il vous faudra du courage mais, ensemble, vous élaborerez de meilleures hypothèses qu'une personne seule.
2. La capacité d'inspirer. Cette caractéristique a toujours été importante, mais elle est indispensable dans les circonstances actuelles. Les gens sont anxieux. Le raz-de-marée qui a anéanti leurs épargnes durement gagnées et qui menace leur emploi a été si subit qu'ils ne font plus confiance à ce que racontent les journaux et la télévision. Pire encore, ils ne voient rien qui puisse renverser la vapeur, et beaucoup sont sur le point d'abandonner tout espoir. Que devez-vous faire ?
Intervenez d'abord au sein de votre propre équipe, car ce sont vos cadres supérieurs qui inspireront le reste de l'organisation. Affermissez leur détermination à braver la tempête, puis aidez-les à élaborer un ou deux portraits optimistes mais réalistes des choses qui risquent de se produire. Cela est vital : ils ont besoin d'une vision qui les motivera, qui stimulera leur créativité. Amenez-les à se centrer sur les nouvelles priorités en l'étant vous-même, et faites-le sans crainte. L'inspiration viendra aussi de décisions qui dégageront des résultats encourageants. Ces premiers succès énergiseront les troupes et en prépareront d'autres.
3. Une solide prise sur la réalité, en temps réel. Dans un climat volatil et incertain, la réalité est une cible mouvante. D'où la nécessité de la réactualiser régulièrement et d'exercer une surveillance continue des changements en cours et à venir à l'aide des renseignements recueillis sur le terrain. Dites à votre équipe d'en faire autant. Communiquez toute l'information externe que vous avez, aussi décourageante soit-elle, et discutez-en ensemble. Obtenez des renseignements de sources peu conventionnelles. Ne vous contentez pas d'un point de vue unique. Le portrait que vous brosserez changera en fonction des nouvelles données.
4. Un réalisme coloré d'optimisme. Le pessimisme radical n'est pas plus réaliste que l'optimisme aveugle. Bien que la première étape d'une évaluation réaliste soit de saisir et d'accepter l'ampleur du problème, c'est un fait que peu de problèmes sont insolubles. Amenez vos collaborateurs à se concentrer sur une vision du possible et insufflez-leur l'énergie voulue pour qu'ils concrétisent cette vision. Votre leadership prend ici une dimension artistique : avec une touche d'optimisme, vous éveillerez les réserves psychologiques des gens et, grâce à celles-ci, ils affronteront les mauvaises nouvelles et transformeront la peur en action.
5. Une gestion vigoureuse. Votre participation active est essentielle. Vous devez creuser les détails pertinents plus souvent que jamais. Votre profond engagement personnel vous permettra d'obtenir des renseignements auprès de la base, de les échanger et d'en discuter avec votre équipe, puis d'agir avec la vitesse que commande la volatilité de l'environnement.
Vos collaborateurs se trouvent sur le front, et vous devez y être avec eux. Votre prise sur la réalité n'aura aucune utilité si vous n'amenez pas le reste de l'organisation à comprendre cette réalité et à agir en conséquence, et ce n'est pas en envoyant des notes de service ou en faisant des discours que vous y parviendrez. L'interaction est le mot d'ordre : écouter et expliquer, répondre aux questions, approfondir la réflexion, encore et toujours. Pour inspirer votre équipe, mettez cartes sur table et exposez-leur votre plan d'action pour traverser cette mauvaise passe tous ensemble. Ce sera plus efficace que seulement des paroles encourageantes.
6. De l'audace pour bâtir l'avenir. Devant la nécessité de conserver vos liquidités et de survivre à court terme, vous serez sans doute tenté d'éviter de penser à l'avenir. Résistez. Il vous faudra de l'imagination et du cran pour faire des paris stratégiques risqués lorsqu'il y a si peu d'argent dans les coffres et tellement d'inconnues dans les hypothèses sur lesquelles votre plan repose. Pourtant, ces paris sont essentiels : à quoi bon boîter jusqu'à la ligne d'arrivée si c'est pour s'apercevoir qu'il n'y a rien ?
