Voilà, c'est fini. Notre série «Le lab» se termine ici et maintenant, avec ce billet. J'y vois une occasion non pas de m'attrister, mais de terminer en beauté. Comment ? En vous présentant de manière originale un résumé des principaux enseignements que j'ai tirés de ce que m'ont confié, tout au long de l'année, les personnes hypercréatives que j'ai eu la chance de rencontrer. Oui, originale, en ce sens que je ne vais pas vous indiquer une série de trucs pour booster votre créativité - trop classique -, mais plutôt... les erreurs à éviter à tout prix lorsqu'on veut innover furieusement !
ERREUR no 1: Être stressé, voire de sale humeur
Quand on est pressé par le temps ou quand on s'impose de trouver la bonne idée lors d'une réunion de remue-méninges, on peut être sûr d'une chose : on va droit à l'échec. Pourquoi ? Parce que notre cerveau, lorsqu'il est préoccupé, n'est pas disposé à jongler avec les idées neuves.
Carl Fugère, président de Credo, une firme de services-conseils en créativité, a une parade : «Avant de commencer la réunion, prenez 15 minutes pour rigoler ensemble. Parce que rire déclenche en nous de la sérotonine, un puissant neurotransmetteur qui nous rend de bonne humeur et moins anxieux, donc plus créatifs».
ERREUR no 2: S'empêcher de rêver
Quand Mélanie Ouellette et Brice Salmon, les deux fondateurs du tout jeune studio de création montréalais Glasgow, ont décidé de répondre à un appel d'offres de C2MTL, ils se sont donné un mot d'ordre. «Nous sommes partis du principe qu'il nous fallait rêver avant tout. Nous devions énoncer nos rêves les plus fous, sans nous soucier deux secondes de leur faisabilité», m'a confié la directrice artistique. Résultat ? Glasgow l'a emporté, devant des agences de renom.
ERREUR no 3: Chercher LA bonne idée
«La créativité n'est pas une réponse. C'est une question.» Ce trait de génie n'est pas de moi, mais de Gaëtan Namouric, directeur de la création de l'agence de publicité Bleublancrouge. J'en ai déduit qu'il valait mieux ne pas se braquer sur l'impératif de dénicher la meilleure idée qui soit, mais se laisser porter par les idées, jusqu'à ce qu'elles nous amènent à bon port.
«La créativité, c'est la capacité à rester naïf, comme un amoureux. Après mille revers, il faut y croire encore. Les bons idéateurs - quels que soient leur âge et leur domaine - sont des gens émerveillés et curieux de tout. Ils questionnent beaucoup. Ils sont à l'aise dans le flou», m'a-t-il dit.
ERREUR no 4: Esquiver les critiques
C'est plus fort que nous, les critiques nous blessent. Car elles écorchent notre ego, ce petit machin si sensible. Du coup, nous craignons d'avancer des idées trop osées, de peur qu'elles ne soient l'occasion pour autrui de nous démolir devant tout le monde.
Grave erreur, comme me l'a montré par l'exemple le designer Dinh Bá, lorsqu'une cliente est sortie en trombe d'une cabine d'essayage pour se plaindre que son nouveau chemisier mettait en évidence ses bourrelets. Au lieu de voler au secours de cette dame, il a... souri ! «Les critiques sont ma source d'inspiration. Elles sont rares, et donc inestimables à mes yeux. Sans elles, je ne pourrais jamais progresser dans mon travail créatif», m'a-t-il confié.
ERREUR no 5: Se laisser séduire par une fausse bonne idée
Comment savoir si l'on est - enfin ! - tombé sur la bonne idée ? Impossible à dire, pensez-vous peut-être. Eh bien, si. Marie-Ève Laroche, la propriétaire de l'espresso bar Pikolo à Montréal, m'a fait part de son truc pour le réaliser.
«La bonne idée est celle dont la saveur finale te charme. C'est celle qui parle à ton âme, qui porte ton âme plus loin. C'est celle qui te nourrit et qui nourrira tous ceux qui en bénéficieront», m'a-t-elle dit, le regard pétillant d'ingéniosité.
«Le lab» ne reviendra pas dans Les Affaires sous sa forme actuelle. Comme cette chronique prônait la créativité, il est normal qu'elle innove elle-même. Nous en sommes au stade de la réflexion, dans l'optique d'un retour à la rentrée. Vos idées d'amélioration sont les bienvenues : olivier.schmouker@tc.tc.
Présenté par C2MTL
