Pour en finir avec les excuses


Édition du 09 Avril 2016

Pour en finir avec les excuses


Édition du 09 Avril 2016

[Photo : Shutterstock]

On vit dans un monde de libre choix. On peut travailler pour une multinationale, une petite entreprise ou en direct de notre sous-sol. On peut partir en formation outre-mer ou prendre une année sabbatique pour passer plus de temps avec les enfants.

Peu importe les circonstances ou les difficultés, on reste l'unique maître de notre destin. Cette chance inestimable vient toutefois avec une grande responsabilité, celle d'assumer nos décisions.

Malheureusement, je constate qu'on dilue parfois notre pouvoir de choisir en utilisant des excuses. Les affaires tournent au ralenti ? Notre rêve est au point mort ? On pointe du doigt le contexte économique, nos finances limitées, notre manque de contacts, la température maussade ou même la mauvaise influence de notre signe astrologique. Que ce soit conscient ou pas, on a le réflexe de rejeter la faute sur le contexte, sur les événements ou même sur les autres.

Comme mentor, comme entrepreneure, j'entends des excuses au quotidien. Des gens pourtant pleins de potentiel, qui rêvent de démarrer un projet ou de réaliser un objectif, mais qui se cachent derrière des prétextes pour justifier leur inaction ou leurs erreurs.

Je peux certainement comprendre cette réaction. J'ai moi-même eu un parcours atypique. J'ai été élevée par une mère seule et analphabète, puis j'ai été une immigrante sans le sou et sans contact. On me disait née pour un petit pain. J'aurais pu me trouver une foule d'excuses pour ne pas aller au bout de mes ambitions. Mais au fil des épreuves, la vie m'a plutôt appris que j'avais toujours le choix. J'ai pris conscience que les excuses sont en fait des échappatoires, des paravents qui nous empêchent de bien analyser la situation. Elles sont comme une drogue qui nous étourdit et nous paralyse, au lieu de nous pousser à l'action.

Petite autopsie de l'excuse

Et si on osait se regarder en face et se poser la vraie question : qu'est-ce qui se cache dernière nos excuses ? Pourquoi a-t-on besoin de ces béquilles ? Je crois que les excuses dissimulent nos peurs. Après tout, il n'est pas facile de prendre des décisions. On doute, on a peur de se tromper, de se faire juger, de ne pas être parfait, de ne pas faire partie du clan... On a peur de ne pas être aimé.

Quand on tolère les excuses des autres, ou pis encore, quand on se cache derrière nos propres défaites, on laisse la peur gagner sur nos rêves. Les excuses ne rendent service à personne, surtout pas à nous-même. La seule limite est celle qu'on se donne.

Et si on brisait cette habitude ? Pendant une journée, bannissons les excuses de notre discours et prenons toute la responsabilité de nos gestes et de nos paroles. Soyons franc, authentique, humain... Que se passe-t-il ? Est-on fier d'être nous-même, envers et contre tous ?

L'excuse, pire ennemi du succès

En entreprise, les excuses freinent l'innovation, la créativité, la recherche de solutions. Certains dirigeants sont de véritables champions dans l'art de se déresponsabiliser. Qui ne connaît pas un collègue de travail qui se plaint toujours de son salaire de misère, de son client aux exigences impossibles, de son collègue sans ambition ? Qui n'a pas un ami ou un membre de son entourage qui jalouse ouvertement les accomplissements du voisin, sans jamais se retrousser les manches pour bâtir lui-même quelque chose ?

Comment peut-on évoluer et apprendre si on se dissocie de ce qui nous arrive, si on capitule au moindre obstacle, si on s'en lave systématiquement les mains ? Pour cerner les occasions d'amélioration, il faut d'abord assumer notre part de responsabilité. Pourquoi perdre du temps et de l'énergie à se plaindre, plutôt que de trouver les moyens d'obtenir ce qu'on veut vraiment ?

Assumer pour mieux apprendre

Au moment où le marché évolue plus rapidement que jamais, où les employés souhaitent participer en amont aux décisions d'entreprise, les gestionnaires doivent non seulement travailler sur le savoir-faire de leur équipe, mais aussi sur leur savoir-être. Ils doivent favoriser une culture qui encourage la responsabilisation. Les retombées seront énormes, tant sur le plan individuel que sur celui de l'entreprise !

La différence entre ceux qui réussissent et ceux qui échouent se traduit principalement par des croyances et des attitudes différentes. Quand on cherche un coupable à tout prix, on perd une occasion précieuse de bilan personnel et de remise en question. Aurait-on pu faire plus attention ? Aurait-on pu contre-valider certaines informations, prévoir un plan d'urgence, communiquer plus clairement nos attentes et nos besoins ?

On est le plus grand responsable de ce qui arrive dans notre vie, le bon comme le mauvais. Et à l'instar des petits ruisseaux qui forment les grandes rivières, le moindre de nos gestes, la moindre de nos paroles peut avoir une incidence.

Bannir les excuses de notre vie ne signifie pas de foncer sans réfléchir. Il faut plutôt arrêter de tourner autour du pot en invoquant des prétextes inutiles : on commence nos recherches, on se fait un plan de match, on évalue nos options, on prépare le terrain...

Quels que soient les obstacles rencontrés, il existe toujours de multiples moyens d'améliorer notre situation, à condition de savoir ce que l'on veut ! Quand on passe à l'action, on se sent aussitôt motivé, en contrôle de notre vie et on stimule par la bande notre entourage. Quel bel exemple de leadership !

Pour conclure, j'aimerais vous citer ce proverbe arabe fort inspiré et inspirant : «Qui veut faire quelque chose trouve un moyen. Qui ne veut rien faire trouve une excuse»

Danièle Henkel a fondé son entreprise en 1997, un an après avoir créé et commercialisé le gant Renaissance, distribué partout dans le monde. Mme Henkel a été plusieurs fois récompensée pour ses qualités de visionnaire et son esprit entrepreneurial. Elle est juge dans la téléréalité à caractère entrepreneurial Dans l'oeil du dragon, diffusée à Radio-Canada.

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