Énergies renouvelables: «Nous nous préparons pour le futur»


Édition du 22 Janvier 2020

Énergies renouvelables: «Nous nous préparons pour le futur»


Édition du 22 Janvier 2020

Par François Normand

(Illustration: Marta Signori)

Q&R. Croissance, diversification, clientèle, optimisation... Dans son plan stratégique 2019-2023, le producteur québécois d'énergie renouvelable Boralex amorce une ambitieuse transformation dans quatre axes qui chamboulera ses façons de faire pour vendre son énergie et financer ses projets, en plus de réduire ses coûts. Entretien avec son président et chef de la direction, Patrick Lemaire.

Les Affaires - Boralex amorce une transformation tous azimuts dans un contexte où l'entreprise va bien. Les revenus et les bénéfices progressent, l'action a presque doublé depuis cinq ans. Pourquoi donc changer de cap maintenant ? Subissez-vous une pression forte de vos actionnaires qui en veulent plus ?

Patrick Lemaire - Non. Depuis sa fondation, Boralex a toujours tenté de répondre aux attentes de ses actionnaires. Notre nouvelle planification stratégique vise à continuer à répondre à leurs attentes. En fait, nous nous transformons pour nous adapter au marché de l'énergie. Nous nous préparons pour le futur. Notre environnement d'affaires en Amérique du Nord et en Europe est en train de changer. Les énergies renouvelables sont tellement rendues peu coûteuses que les gouvernements réalisent que cette filière peut vivre sans leur appui. Nous nous préparons donc à un marché où il faudra con- vaincre les consommateurs d'acheter notre énergie.

L.A. - Est-ce pourquoi vous voulez vendre directement une partie de votre électricité aux grandes entreprises consommatrices (industrie lourde, gestionnaire d'immeubles, institutions, etc.) plutôt que de la vendre uniquement aux distributeurs ?

P.L. - Oui. À l'heure actuelle, Boralex a essentiellement cinq clients : Hydro-Québec, BC Hydro, Hydro One, New York ISO et Électricité de France. Non seulement ils sont peu nombreux, mais leur importance déclinera dans un marché de l'énergie appelé à se décentraliser. C'est pourquoi nous devons trouver de nouveaux clients, qui achèteront directement notre énergie par le réseau de distribution des utilities. Au Québec, ce ne sera toutefois pas possible en raison du monopole d'Hydro-Québec. Par contre, nous pourrons le faire ailleurs. Nous devrons aussi apprendre à nous vendre, comme le font la plupart des entreprises.

L.A.- Boralex produit de l'hydroélectricité, de l'énergie thermique issue de la biomasse, de même que de l'énergie éolienne et solaire. Quelle source d'énergie renouvelable a le plus grand potentiel de croissance ?

P.L. - C'est l'énergie solaire. Au fil des ans, l'évolution de la technologie a fait en sorte que le kilowattheure produit par un projet solaire est moins coûteux que toutes les autres technologies qui servent à produire de l'électricité, incluant les énergies fossiles, soit le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

L.A. - Que pensez-vous de la jeune environnementaliste Greta Thurnberg, dont plusieurs analystes dénoncent le discours qu'ils jugent alarmiste ? Partagez-vous son sentiment d'urgence sur la nécessité de limiter le réchauffement de la Terre afin d'éviter le pire, soit un emballement du climat avec son cortège de catastrophes naturelles ?

P.L. - Cette jeune fille est dévouée à la lutte aux changements climatiques, et je pense qu'elle fait ouvrir les yeux aux gens sur l'importance d'accélérer la décarbonisation de l'économie. Toutefois, elle ne peut pas tout changer à elle seule. Mais c'est clair qu'elle a contribué à accélérer la transition.

L.A. - Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat affirme que l'humanité doit réduire ses émissions de GES de 45 % d'ici 2030 pour limiter le réchauffement à moins de deux degrés d'ici 2100 ? Pensez-vous que nous allons y arriver et faire une vraie transition vers les énergies vertes en 10 ans ?

P.L. - Pour y arriver, il va falloir que nous soyons prêts à payer le coût de cette transition énergétique. Si la population n'est pas prête à payer ce coût, nous n'atteindrons pas cet objectif. Et ce coût va bien au-delà des taxes sur le carbone, par exemple. Je fais allusion aux contraintes et aux choses qu'il faut changer dans notre mode de vie.

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