Lors d'un récent congrès minier, vous avez déboulonné le mythe voulant que les ressources naturelles soient dans un supercycle haussier, indépendant de la conjoncture économique. Pourquoi ?
Les leçons de la bulle boursière de 2000 semblent oubliées. Je deviens méfiant quand j'entends que, cette fois, c'est différent. Un jour, les prix des ressources flancheront de nouveau, comme lors de tous les cycles précédents. Pour l'instant, les liquidités abondantes, la dévaluation des monnaies, la popularité des fonds négociés en Bourse (FNB) amplifient et prolongent la hausse. Les investisseurs oublient que ces fonds sont composés uniquement de denrées (or, argent, etc.) et que leur valeur dépend entièrement du prix de ces ressources. Les entreprises minières, elles, peuvent créer de la valeur.
Qu'est-ce qui pourrait faire éventuellement reculer le cours des ressources ?
À un moment donné, les banques centrales devront augmenter leur taux directeur pour combattre l'inflation. Des taux qui passeraient de zéro à 2 ou 3 % ne seraient pas une menace pour les ressources, mais des taux de 6 à 7 % sonneraient certainement le glas du mouvement haussier.
Vous critiquez aussi la vague de fusions et acquisitions qui déferle sur votre industrie et qui nourrit la spéculation. D'où vient votre réticence ?
La vague de consolidation dans l'industrie minière suscite beaucoup d'enthousiasme. Pourtant, je ne souscris pas à cette stratégie de croissance à tout prix. L'achat à prix fort d'une autre entreprise minière, en s'endettant ou en émettant des actions, ne crée pas de la valeur pour les actionnaires. Il faut se méfier de ce type d'ingénierie financière. Il est plus rentable d'acheter des propriétés et des gisements et de les mettre en valeur en forant, car cette stratégie accroît la valeur des ressources minérales par action.
Comment les investisseurs peuvent-ils se prémunir contre le prochain cycle baissier ?
En choisissant avec soin les entreprises minières dans lesquelles ils investissent. Les entreprises endettées, celles qui répartissent mal leur capital ou qui ne gèrent pas bien leurs coûts sont celles qui souffriront le plus quand les prix des métaux baisseront.
CV
Nom : David Garofalo
Fonction : Président
Entreprise : HudBay Minerals
Depuis le milieu de l'année 2010, M. Garofalo est président du producteur de cuivre, d'or et de zinc HudBay Minerals, inscrit sur les marchés de Toronto et de New York (TSX, HBM et NYSE, HBM). Ses propriétés se situent au Yukon, au Manitoba, au Michigan, au Pérou, au Chili et au Guatemala.