La Beauce retrouve sa vigueur


Édition du 31 Mai 2014

La Beauce retrouve sa vigueur


Édition du 31 Mai 2014

Des acquis sur les marchés locaux

Un des défis des entreprises manufacturières beauceronnes sera de saisir les nouvelles occasions d'affaires aux États-Unis, tout en conservant les marchés québécois et canadien développés ces dernières années pour survivre à la crise, quand le marché américain était devenu plus protectionniste. Avec une pénurie de main-d'oeuvre (le taux de chômage était à 4,2% en avril, dans Chaudière-Appalaches), il faudra être aussi ambitieux qu'ingénieux.

«Travailler aux États-Unis est, à certains égards, plus facile, parce qu'il y a de grosses commandes pour moins de clients, donc c'est moins lourd à gérer. De plus, les marges bénéficiaires sont plus élevées à cause du taux de change. Ce serait maladroit toutefois de délaisser le marché canadien. Les plus sages voudront sauvegarder ce marché pour s'assurer un certain revenu», estime M. Morin.

C'est ce qu'entend faire le fabricant de canots Esquif, à Frampton. Le propriétaire Jacques Chassé se félicite d'ailleurs d'avoir su diversifier ses marchés avant la crise, sans quoi il aurait fait faillite. Le Canada lui a assuré une stabilité de revenus, tandis que le nouveau marché de l'Europe a partiellement compensé les pertes aux États-Unis, où les exportations sont passées de 30 à 9% du chiffre d'affaires en 2009.

«Des fois, l'instinct nous sauve. Aller en Europe était plus instinctif que cartésien, car nous sommes à proximité d'un marché de 300 millions d'habitants que nous étions encore en train de développer», souligne M. Chassé.

Le réseau de ventes d'Esquif au sud de la frontière est complètement tombé; tout est à reconstruire. Les commerces familiaux qui offraient ses produits ont été emportés par la crise, et 10 ans d'efforts et d'investissements dans la mise en marché ont été anéantis.

Esquif a maintenu 80% de son chiffre d'affaires d'avant la crise en diversifiant ses marchés, mais il a fallu supprimer des emplois et améliorer l'efficacité de l'usine pour survivre. Tous les procédés ont été revus pour pouvoir produire de petites quantités de chaque modèle, répondre à des demandes ponctuelles et réduire les stocks.

«On fabrique aujourd'hui le même nombre d'embarcations avec moins de monde», constate l'entrepreneur, qui donne du travail à une quinzaine de personnes.

Faire plus avec moins, toute la Beauce s'y est mise. La valeur de la production manufacturière a été à peu près la même en 2013 qu'en 2002, mais avec 6 000 emplois en moins.

Les investissements ont augmenté de 24% dans la dernière année, et Claude Morin espère qu'ils ne sont pas que l'effet d'un nécessaire rattrapage en productivité. Trop d'entreprises de la région étaient profitables grâce au seul avantage du taux de change. Quand cet avantage a fondu, il a fallu réagir. Mais maintenant qu'il revient, est-ce que les entrepreneurs considéreront encore comme nécessaire de rester à la fine pointe de la technologie?

Fournisseur de ses propres concurrents

«Un point qui m'inquiète par rapport à ça, c'est la courbe démographique, dit M. Morin. Les baby-boomers sont sur la voie de la sortie. Ils ont développé leur marché, ils ont grossi. Vont-ils encore donner un gros coup avant de partir?»

C'est ce que fait actuellement Jacques Chassé chez Esquif. Son fournisseur de matières premières pour la fabrication des canots s'apprête à fermer boutique, victime de la crise. M. Chassé a donc décidé d'investir 250 000$ pour ouvrir une usine de plastique: une solution pour continuer et croître. C'est lui désormais qui approvisionnera les fabricants de canots concurrents.

«Je ferai des profits chaque fois qu'ils vendront un canot. Ce que les autres ont perçu comme une menace, j'en fais une occasion. Ça fera tripler le chiffre d'affaires d'Esquif», se réjouit l'entrepreneur de 55 ans, qui prépare doucement deux enfants à la relève, dans un horizon de 8 à 10 ans.

Pour consulter les articles du dossier :

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