Trump et l'ALÉNA: plus de peur que de mal?

Publié le 23/11/2016 à 16:53

Trump et l'ALÉNA: plus de peur que de mal?

Publié le 23/11/2016 à 16:53

Par Pierre Théroux

Donald Trump. (Photo: Getty)

Le discours protectionniste et anti-libre-échange martelé par Donald Trump tout au long de sa campagne électorale en a inquiété plus d’un. Mais le nouveau président américain sera probablement obligé de revenir sur sa promesse de s’attaquer à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), estiment certains économistes.

«Il pourrait y avoir des augmentations de tarifs sur certains produits, mais je serais étonné que l’Accord soit déchiré», estime Stéfane Marion, économiste et stratège en chef, Banque Nationale, qui participait à un débat-conférence entre économistes organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Le risque de voir le nouveau président joindre le geste à la parole est d’autant plus faible que l’ALÉNA s’avère un succès, ajoute-t-il. «Les taux de chômage sont bas dans les trois pays et la chaîne d’approvisionnement nord-américaine est bien intégrée et fluide », précise Stéfane Marion.

François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins, fait écho à ses propos. «C’est bon de moderniser l’Accord, mais quand il prendra compte du bilan, il pourrait changer d’avis», croit-il.

Contrairement aux propos tenus par Donald Trump, l’ALÉNA est d’ailleurs «loin d’être le pire accord de libre-échange de l’histoire», ajoute Stéfane Marion. À preuve : les États-Unis avec le Canada affiche un faible déficit commercial de quelque 15 milliards de dollars (G$) avec le Canada et de 50 G$ avec le Mexique. Aussi, les critiques de Donald Trump envers l’ALÉNA «visent principalement le Mexique et ses faibles coûts horaires de la main-d’oeuvre», rappelle François Dupuis.

Le déficit d’environ 360 milliards (G)$ sur les échanges de biens avec la Chine est plus problématique. Mais Donald Trump n’a pas intérêt à déclarer une guerre commerciale avec la Chine qui «est le plus important bailleur de fonds des États-Unis et pourrait alors décider de liquider ses obligations américaines», fait valoir Clément Gignac, vice-président principal et économiste en chef à l’Industrielle Alliance.

Baisse du dollar et du prix du pétrole

L’élection inattendue de Donald Trump à la présidence américaine, jumelée au vote en faveur du Brexit qui entraînera la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, ont secoué la planète financière et économique ces derniers mois. Ces événements n’ont toutefois pas empêché le Dow Jones de franchir les 19 000 points en début de semaine, un seuil historique.

La réaction positive des marchés serait attribuable aux promesses de «baisses d’impôt des entreprises, de 35% à 15%, et des particuliers», indique François Dupuis, ajoutant que le nouveau président souhaite hausser les dépenses en infrastructures et militaires, tout en réduisant la règlementation dans les secteurs financiers et de l’énergie.

Les analystes prévoient par ailleurs que le dollar canadien, qui vaut actuellement un peu plus de 74 cents US, pourrait continuer sa chute «jusqu’à 70 cents US, ou même plus bas», estime François Dupuis. Cette baisse s’explique en partie par les écarts de taux d’intérêt entre le Canada et les États-Unis, qui pourrait augmenter son taux directeur dans un avenir rapproché. Stéfane Marion prévoit pour sa part un dollar canadien qui chutera à court terme à 69 cents US, avant de remonter à 77 cents US.

Le prix du baril de pétrole pourrait pour sa part osciller entre 35$ et 45$ l’an prochain, selon Paul Fenton, vice-président principal et économiste en chef de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui évoque «la baisse du coût marginal de production». Rappelons que Donald Trump souhaite accroître le nombre de sites de forage et s’est dit en faveur du projet Keystone XL.

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