Le dollar américain est-il mourant ?

Publié le 20/03/2009 à 00:00

Le dollar américain est-il mourant ?

Publié le 20/03/2009 à 00:00

Par Olivier Schmouker
Si la chute se révèle supérieure à 5,2%, ce sera la plus forte depuis l'abandon en 1973 du système des taux de change fixes mis en place à Bretton Woods en 1944.

«C'est un moment historique, le début de la dévalorisation de la monnaie qui sert de réserve au monde», lance Alan Ruskin, analyste chez RBS Greenwich Capital.

«Le jour où le dollar est mort»

Les analystes de la banque Standard Chartered ont même intitulé une note récente «Le jour où le dollar est mort». Ils voient l'euro monter à 1,55 dollar américain à la fin de 2009. Le plus haut niveau de l'euro a été atteint le 15 juillet dernier, à 1,60 dollar américain.

Pourquoi une telle chute cette semaine? Probablement à cause de l'annonce de la Réserve fédérale d'acheter massivement des obligations d'Etat, à hauteur de 300 milliards de dollars américains, sur les six prochains mois. Il s'agit de son premier achat de papier souverain à grande échelle depuis le début des années 60.

Le risque principal est de voir alors une offre excédentaire de dollars et le retour d’un phénomène inflationniste. Sur le marché des options, les investisseurs ont commencé à se positionner dans l'idée que la baisse du dollar va continuer, avec des options de vente sur le billet vert et des options d'achats sur l'euro.

Du coup, l'euro a dépassé 1,37 dollar américain jeudi en cours de séance. Depuis vendredi dernier, la monnaie européenne a gagné 6%, sa plus forte hausse depuis sa naissance en 1999.

Un répit de 15 ans

D’autres analystes constatent que la devise américaine, comme jadis la livre sterling, est entrée dans une zone de fortes turbulences, alors que l’euro vole de record en record. Des signes qui leur font croire qu’il est désormais possible que l’euro détrône le dollar américain dans les 15 prochaines années.

C’est du moins ce qu'ont récemment avancé les chercheurs américains Menzie Chinn, de l’université de Wisconsin, et Jeffrey Frankel, de Harvard, dans un article intitulé «The Euro May Over the Next 15 Years Surpass the Dollar as Leading International Currency».

Les deux chercheurs ont établi un scénario qui, selon eux, est vraisemblable. Ils considèrent que la zone euro va continuer de s’accroître, avec l’intégration de nouveaux pays comme la République tchèque. Et ils pensent que les divers marchés financiers européens vont intensifier leurs échanges entre eux, en particulier entre Londres – la plus grande place financière du monde – et la zone euro.

Si cela se produit, alors l’euro deviendrait de plus en plus une monnaie d’échange internationale, et ce au détriment de la devise américaine. À tel point que la tendance s’inverserait dans une quinzaine d’années, vraisemblablement peu avant 2020.

Toujours une devise refuge

Cela étant, tout le monde n’est pas d’accord avec cette vision radicale de l’évolution du billet vert. «Ce n’est pas le début d'une nouvelle tendance pour le dollar. Le paysage économique va encore se détériorer dans le courant de l'année, ce qui déclenchera un retour en force sur le dollar», soutient Michael Woolfolk, cambiste à la Bank of New York Mellon, à New York.

Autre facteur de hausse du billet vert : le sentiment de plus en plus partagé que l'attitude très interventionniste de la Fed face à la crise aidera les Etats-Unis à être les premiers à s'en sortir, selon Ronald Simpson, analyste chez Action Economics, en Floride. Et ce d’autant plus que d’autres pays sont en train de suivre sa politique anti-crise, à savoir de recourir sans vergogne à la planche à billets, comme la Grande-Bretagne, la Suisse et le Japon.

La confiance demeure donc. «Le dollar reste la seule devise refuge dans le monde. C'est la devise de réserve de premier choix pour les banques centrales», estime M. Woolfolk.

«C’est bien simple, aucune autre devise ne peut s'en rapprocher. Et naturellement, aucun autre pays ne veut actuellement avoir une devise forte», ajoute-t-il.

Avec Reuters.

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