Un avenir vert pour Gaz Métro

Publié le 22/06/2009 à 20:47

Un avenir vert pour Gaz Métro

Publié le 22/06/2009 à 20:47

Par lesaffaires.com

Entrevue avec Sophie Brochu réalisée en janvier 2009
Propos recueillis par Jean-François Barbe

Gaz Métro vend de l'électricité au Vermont et s'apprête à produire de l'énergie éolienne au Québec. Sous les feux de l'actualité à cause du très controversé projet de développement du terminal méthanier Rabaska, l'entreprise déploie ses activités dans de multiples directions. Nous avons rencontré la présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sophie Brochu.

Le gaz naturel est une  ressource énergétique plus propre que le mazout, mais moins que l'électricité. Pourquoi favoriserait-on le gaz?
Cela dépend de l'endroit où l'on se situe dans le monde. Prenons les États-Unis. L'électricité y est produite à partir de sources très polluantes, comme le mazout et le charbon. Un des défis majeurs pour l'avenir de l'environnement consiste à déplacer l'électricité qui vient de ces sources. Pour y parvenir, il faut exporter davantage d'hydroélectricité québécoise vers les États-Unis, un pays qui est prêt ,d'ailleurs, à en payer le prix. Cela suppose qu'on laisse le gaz naturel jouer le même rôle au Québec que dans toutes les sociétés industrialisées. Le marché du chauffage résidentiel québécois doit donner davantage de place au gaz natutel. De cette façon, on réduira les émissions de gaz à effet de serre.

Aviez-vous vraiment cru que le projet Rabaska deviendrait ce « grand canot dans lequel on doit tous ramer en harmonie », dont vous  parliez en février 2008 ? Les grands noms du milieu de l'environnement, Greenpeace, Équiterre et l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, s'opposent énergiquement à la construction du terminal méthanier.
À l'heure actuelle, le canot accueille beaucoup de monde et le consensus est vaste ! La mise en oeuvre du projet Rabaska entraînera la livraison d'une plus grande quantité de gaz au Québec, et au final,, la baisse du coût de cette énergie, ce qui permettra aux universités, aux hôpitaux et aux entreprises d'abandonner le mazout. Je conviens que Greenpeace et Équiterre sont des acteurs importants, mais leur opinion pourra évoluer en fonction des directions qu'ils prendront. Il est cependant difficile de comprendre leurs positions. J'ai déjà demandé à certains de ces environnementalistes s'ils croyaient qu'on pourrait, aujourd'hui, refaire une nouvelle Baie James, un projet qui fait la fierté de tous. Ils m'ont répondu par la négative. Il en est de même avec Rabaska, un dossier classé, qui ira de l'avant. En raison de l'état des marchés financiers, ce projet est ralenti. Les ententes préliminaires d'approvisionnement conclues en mai dernier seront assûrément suivies d'ententes à long terme. Et nous comptons toujours faire place à Gazprom dans l'actionnariat de Rabaska.

Gaz Métro développe avec Boralex un site d'énergie éolienne dans la Seigneurie de Beaupré. L'avenir de Gaz Métro passe-t-il par l'énergie éolienne? Ce site est très prometteur car le potentiel éolien y est immense. Nous y investissons environ 400 millions de dollars. Quand Hydro-Québec fera d'autres appels d'offres, nous serons assurément de la partie.  Dans le domaine de l'éolien, je préside à l'expansion de la vocation de fournisseur d'énergie de Gaz Métro, et non à sa transformation. Car le coeur de notre métier n'est pas dans la distribution du gaz, mais dans la distribution rationnelle de l'énergie. Par exemple, nous sommes le deuxième distributeur d'électricité du Vermont. Il est probable que nous ferons d'autres acquisitions dansle domaine  de la distribution d'électricité, au Vermont ou ailleurs dans le monde. Cependant, une partie de l'avenir de notre entreprise dépend de la capacité d'Hydro-Québec d'exporter son électricité ailleurs, en Ontario et aux États-Unis.

Gaz Métro a nommé un  directeur du développement durable . Est-ce là une profession d'avenir dans les entreprises?
La course à l'étiquette en matière de développement durable dans les entreprises me met mal à l'aise ;  nous devrions tous nous soucier  du développement durable. Chez nous, le directeur du développement durable travaille à augmenter le degré de conscientisation des employés et il s'assure que les actions de l'entreprise sont optimales.  Il veille aussi à faire connaître nos actions auprès de la collectivité, et il informe la direction de l'entreprise des meilleures pratiques dans ce domaine. Cette fonction disparaîtra quand les  entreprises et les citoyens auront intégré tous les enjeux du développement durable. Mais il reste beaucoup à faire, car la majorité des investisseurs ne valorisent toujours pas l'engagement environnemental et social des entreprises. À l'heure actuelle, un gouffre sépare les demandes de « rendement avant tout » des investisseurs plus âgés et celles des jeunes qui arrivent dans le marché du travail et qui veulent que l'entreprise qui les emploie contribue davantage à son milieu. Nos écoles de gestion ne fournissent pas de réponses toutes faites.

Vous vous êtes intéressée à la question du décochage scolaire en mettant sur pied le projet « 80, ruelle de l'Avenir ». Pourquoi?
En tant que société de service public, Gaz Métro a un rôle à jouer dans la société. En tant que distributeur gazier, nous avons aussi une présence de proximité. Et le quartier du Centre-Sud de Montréal où se trouve notre siège social, a des problèmes de pauvreté et d'analphabétisation particulièrement aigus. Lorsque j'ai accepté la présidence de Gaz Métro, j'ai exprimé le souhait de faire davantage, bien davantage, dans le quartier, au moyen d' actions tangibles. Et c'est ainsi qu'est né ce projet « 80, ruelle de l'Avenir » qui s'attaque au décrochage scolaire. Nous voulons que les enfants développent des compétences qui les aideront dans la vie. Ce projet, qui était une idée de Sophie Brochu, a pris son envol grâce à  la participation de tous les partenaires du « 80, ruelle de l'Avenir ».

QUI EST SOPHIE BROCHU?
Présidente et chef de la direction de Gaz Métro, Sylvie Brochu est tombée assez tôt dans la potion « énergétique ». En 1987, alors qu'elle vient de recevoir son baccalauréat en économie de l'Université Laval, la Société québécoise d'initiatives pétrolières (SOQUIP) l'embauche comme analyste financière. Cette société d'État détient alors une participation dans Noverco, un actionnaire de Gaz Métro. C'est ainsi que Sophie Brochu se familiarise avec l'entreprise qui en 1997 l'embauche comme de vice-présidente au développement des affaires, puis à la clientèle et à l'approvisionnement gazier, et enfin à la distribution du gaz au Québec. Elle dit avoir apprécié les conseils de dirigeants comme Robert Tessier, à qui elle a succédé en février 2007. « On atteint ses objectifs en gestion grâce à la contribution des autres. Mon avenir, c'est l'avenir de l'entreprise », dit celle que le magazine Commerce, dans son numéro d'août 2008, identifie comme faisant partie de la relève de ce quu s'appelle maintenant le « Canada Inc. ».

GAZ MÉTRO EN BREF
. Le distributeur de gaz naturel est propriétaire de Vermont Vermont Gas Systems, un distributeur gazier du Vermont, et de Green Mountain Power Corporation, le deuxième distributeur d'électricité de cet état américain. L'entreprise est aussi actionnaire des transporteurs de gaz naturel Gazoduc Trans Québec & Maritimes, de Portland Natural Gas Transmission System ainsi que du Groupe Intragaz, qui exploite des réservoirs de gaz naturel.
. Nombre d'employés : 1 300
. Chiffre d'affaires : 3,3 milliards de dollars
. 171 000 clients au Québec
. Éolien : situés sur la Côte-de-Beaupré, près de Québec, à l'est de Québec, les deux parcs éoliens d'une capacité de 272 mégawatts (MW) entreront en opération en 2013.
. Projet « 80, ruelle de l'Avenir » : des ateliers sont offerts aux jeunes des quartiers Centre-Sud et Hochelaga-Maisonneuve dans les domaines de l'horticulture, de la cuisine, des sciences et du multimédia (www.80ruelle.com)
. Pour en savoir plus : www.corporatif.gazmetro.com

 

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