Turcot : que fait-on des coûts ?

Publié le 23/04/2010 à 12:26

Turcot : que fait-on des coûts ?

Publié le 23/04/2010 à 12:26

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Le projet de reconstruction de l’échangeur Turcot présenté par le maire de Montréal, Gérald Tremblay, pourrait coûter six milliards de dollars.

Money is no object, se disent sans doute le maire et ses alliés, Richard Bergeron et Louise Harel. Ça se comprend puisque la facture du nouvel échangeur sera payé à 100 % par le gouvernement du Québec, qui la refilera à tous les contribuables du Québec, y compris ceux des régions éloignées.

Ce n’est parce que la région de Montréal est négligée par les gouvernements supérieurs que la Ville de Montréal a le droit d’abuser de l’argent des contribuables québécois, dont le fardeau fiscal est déjà très élevé et qui supportent déjà une dette publique représentant 94 % du produit intérieur brut du Québec. Si le Québec était un pays, la dette que supporte ses contribuables le placerait au cinquième rang parmi les pays de l’OCDE. Il serait fort prétentieux de nous penser riches. En réalité, nous sommes loin de l'être.

Le Québec fourmille de projets de construction, de reconstruction, de mise à niveau qui feront augmenter très rapidement notre dette publique pendant plusieurs années. Seulement l’an passé, celle-ci a gonflé de 10 milliards de dollars.

Avoir les moyens de ses ambitions

Oui, l’échangeur Turcot doit être refait, mais ce n’est pas une raison de concevoir un projet comme on en voit dans les Émirats-Arabes-Unis, où le pétrole coule à flot. Il faut avoir les moyens de ses ambitions et on n’a pas ces moyens.
Arrêtons de rêver en cinémascope. Revenons sur terre.

Le concept du maire Tremblay peut bien paraître esthétique, tel que dessiné par ordinateur, mais il reste que c’est une immense structure aérienne, juchée sur de très nombreux piliers, exactement comme c’est le cas pour l’échangeur actuel.
Par définition, la structure proposée vieillira plus rapidement qu’une infrastructure aménagée au sol et elle demandera plus d’entretien. D’où des coûts d’entretien plus élevés.

Inconguités

Il est ironique de voir le maire Tremblay se vanter d’avoir ramené au sol le petit échangeur qui était à l’angle de l’avenue du Parc et de la rue des Pins (c’est une belle amélioration) et de revenir à une immense structure sur piliers pour le nouvel échangeur Turcot.

Autre incongruité, alors qu’on veut rabatte au sol la partie surélevée de l’autoroute Bonaventure, le projet du maire propose une structure aérienne gigantesque pour le nouvel échangeur Turcot.

Autre aberration, la superficie des ouvrages surélevés du projet du maire couvrirait 241 000 mètres carrés, alors que les structures actuelles de l’échangeur couvre 160 000 mètres carrés (selon La Presse). D’accord, la nouvelle structure serait plus élégante, mais admettez que celle-ci représenterait bel et bien une masse considérable de béton.
Qu’on parte du rapport du BAPE

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a déjà suggéré plusieurs pistes d’amélioration au projet initial du ministère des Transports, qui est évalué entre 2 et 2,5 milliards de dollars. Qu'on travaille avec ce qui est déjà proposé.

Le mieux est l'ennemi du bien, dit le dicton. C'est exactement ce qui s'est produit dans le projet de réaménagement de la rue Notre-Dame dans l'Est de la ville, dont on discute depuis six ou sept ans. L'administration Tremblay a tellement tergiversé que les coûts ont expolosé et que rien n'a encore été fait.

Le gouvernement du Québec a raison de prendre avec un grain de sel le projet présenté par le maire de Montréal et son complice Richard Bergeron, dont le désir caché semble être de sortir les voitures de Montréal.

Le gouvernement du Québec est le gardien des intérêts de l’ensemble des citoyens du Québec. Or, le projet de la coalition circonstancielle Tremblay-Bergeron ne rencontre pas ce critère.

À la une

La Fed maintient ses taux, «comme si elle faisait une pose de yoga»

Mis à jour il y a 47 minutes | AFP

Elle avertit de nouveau qu’ils pourraient rester élevés plus longtemps que prévu.

Démocrates ou républicains pour des marchés favorables?

EXPERT INVITÉ. Méfiez-vous des croyances populaires à propos des présidences américaines.

Le rendement du 10 ans américain à 5%? Pas de panique!

30/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Le rendement du Trésor à 10 ans de 5% est considéré théoriquement comme un seuil critique.