Recruter à l'international, ou comment réussir un parcours d'obstacles


Édition du 11 Juillet 2015

Recruter à l'international, ou comment réussir un parcours d'obstacles


Édition du 11 Juillet 2015

4. Aider toute la famille à s'intégrer

Après tant d'efforts pour faire venir un travailleur étranger et parfois sa famille, les entreprises ne souhaitent qu'une chose : qu'il reste ! Sur ce plan, une dirigeante de PME - qui demande de ne pas être nommée - se dit «déçue» : «On fait tout ce qu'on peut pour embaucher des gens à notre image, mais il est difficile de concurrencer les grandes entreprises sur le plan des conditions de travail. Si bien qu'au bout d'un an et demi, parfois, ils nous quittent».

Oui, cela se produit, de la même façon qu'avec des travailleurs locaux, nuance Florian Pradon. Et peut-être même moins : le taux de rétention des immigrés est généralement très bon, car «ils sont reconnaissants à leur entreprise de leur avoir tendu la main et sont donc souvent très fidèles», dit Delphine Folliet, directrice générale d'Immigrant Québec, qui organise le Salon de l'immigration et de l'intégration tous les ans à Montréal.

La clé pour conserver ces employés se trouve dans l'intégration, tant professionnelle que personnelle. C'est pourquoi il est parfois nécessaire de déployer d'importants efforts pour accompagner les recrues et leur famille avant et après leur arrivée.

«On les entoure beaucoup : on les aide à trouver un logement, on va les chercher à l'aéroport, etc. Les gens se sentent pris en charge et cela crée tout de suite un sentiment d'appartenance, ce qui aide à la rétention», explique Gabrielle Pilote, conseillère en ressources humaines et recrutement chez Frima. Elle a concocté à l'intention de ses employés immigrés une brochure qui regroupe les informations pratiques à savoir.

«Beaucoup d'entreprises ont recours au parrainage, au mentorat ou au jumelage pour accompagner les débuts du travailleur immigré et s'assurer qu'il se sente bien dans l'entreprise», constate Delphine Folliet.

Le Mouvement Desjardins va jusqu'à proposer du parrainage entre enfants ! «On va souvent au-delà de notre rôle professionnel. Par exemple, nous visitons des appartements pour vérifier leur état. Une fois, on a envoyé un toutou des Canadiens à un enfant qui était un peu inquiet à l'idée de déménager», raconte Émilie Villemure. Un de ses trucs : s'enquérir de la profession du conjoint pour l'aider à trouver du travail.

«La mauvaise adaptation du conjoint et de la famille est la cause des retours dans le pays d'origine», observe Jean-Sébastien Boulard, de Ludia. Fort de ce constat, il a amélioré le programme d'intégration des travailleurs étrangers en accentuant l'accompagnement des familles. Ainsi, Ludia fait affaire avec des agences spécialisées pour aider les nouveaux venus à trouver une garderie, un logement, un travail au conjoint, etc.

5. Acquérir l'expertise de recrutement international

«L'entreprise qui veut recruter à l'étranger doit se demander si son équipe de ressources humaines [RH] est capable de traiter des dossiers de mobilité internationale», précise Marie-Josée Chouinard. Son organisation, Québec International, offre diverses formations aux professionnels en RH et a créé une communauté de pratique.

Le problème est crucial pour les petites entreprises qui, souvent, n'ont pas de fonction RH. Elles font souvent appel ponctuellement à des avocats spécialisés dans l'immigration ou à des agences comme Québec International ou Montréal International pour les procédures et gèrent le reste avec les moyens du bord.

Les plus grandes entreprises développent souvent l'expertise à l'interne. Ludia compte quatre conseillers spécialisés en RH. Devant le nombre de recrutements à l'international (une vingtaine dans les deux dernières années), Frima a embauché pour sa part un conseiller en immigration au début de 2015.

Si les procédures d'immigration semblent d'emblée l'étape la plus complexe, la sélection des candidats présente également des écueils. «Les professionnels des ressources humaines doivent être formés non seulement pour être ouverts aux travailleurs étrangers, mais aussi pour comprendre les CV des étrangers qui ne sont pas rédigés de la même façon qu'au Québec,», souligne Delphine Folliet.

> 31 000 : Nombre maximal de travailleurs qualifiés étrangers qui pourront être sélectionnés par le Québec en 2015. Source : Immigration, Diversité et Inclusion Québec

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