Le président français Nicolas Sarkozy a jeté les bases d'un plan environnemental très ambitieux hier lors d'un discours à la conclusion du Grenelle de l'environnement. C'est rien de moins qu'une révolution, un nouveau "plan Marshall" que le président Sarkozy dit proposer à la France, à l'Europe et au monde. La réaction à chaud des groupes environnementaux est un mélange d'heureuse surprise et d'enthousiasme gardé. Une France exemplaire"La France n'est pas en retard. Mais désormais elle veut être en avance et elle veut être exemplaire", a précisé en introduction le président. Devant une assemblée parmi lesquels se trouvaient Al Gore et le président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, M. Sarkozy a annoncé de nombreuses initiatives touchant les domaines abordés dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Le président français a d'ailleurs repris l'essentiel des recommandations de cette grande consultation publique, à laquelle plus de 315 000 Français ont participé, en personne (15 000) ou sur Internet (300 000). Les ONG ont d'ailleurs joué un rôle moteur au sein du Grenelle, Le Monde soulignant qu'il s'agit de la première fois en France"que des ONG se voient ainsi reconnues comme des partenaires de la prise de décision publique". Renverser la preuve C'est un changement paradigmatique que propose M. Sarkozy."Il faut renverser la preuve : ce ne sera plus aux solutions écologiques de prouver leur intérêt. Ce sera aux projets non écologiques de prouver qu'il n'était pas possible de faire autrement", a-t-il précisé. L'articulation concrète de cette approche n'a pas été détaillée. Une autre piste d'action est la"décision négociée à 5" (syndicats, entreprises, ONG, élus et administration), qui devrait remplacer la décision administrative. Il n'est encore une fois pas clair de la forme qu'adoptera cette concertation. M. Sarkozy a également surpris la galerie en annonçant son intention de"ne pas créer de nouveaux sites nucléaires", malgré les avantages présentés par cette forme d'énergie relativement aux émissions de GES, bienfaits soulignés par le président. Il a également annoncé la suspension de la culture commerciale des OGM pesticides. M. Sarkozy veut également retirer 3 millions de camions des routes pour favoriser le train et le transport maritime. Dans le domaine du bâtiment, crucial en matière de lutte contre les changements climatiques en France, de nouvelles règlementations réduiront la consommation énergétique. Dès 2012, toutes les nouvelles constructions répondront aux normes de basse consommation, et en 2020, elles devront être à énergie positive, c'est-à-dire que les bâtiments devront produire plus d'énergie qu'ils en consomment. Mais que faire des trente millions de logements et bâtiments anciens ? Le président veut doubler le nombre de rénovations annuelles à 400 000 et"commencer par les 800 000 logements HLM les plus dégradés". M. Sarkozy a également demandé à M. Barroso d'étudier la possibilité de taxer les produits importés de pays qui ne respectent pas le Protocole de Kyoto. Les relations amicales du président français avec Washington risquent de subir un coup de froid s'il se fait un champion de cette mesure ! Et maintenant ? Le discours de 6500 mots de M. Sarkozy contient de nombreuses mesures intéressantes. Plusieurs parties prenantes applaudissent les intentions du président, mais préviennent qu'il doit maintenant suivre sa propre prescription, et passer à l'action. Pour aller plus loin : http://www.latribune.fr/info/Grenelle-de-l-environnement--le-discours-de-Nicolas-Sarkozy-~-ID44E6CB82E41E3F13C125737F00535D3E-$RSS=1 Discours de Nicolas Sarkozy http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-02-3232,36-971536,0.html Écolo-Sarko : éditorial du quotidien Le Monde