L'an dernier, les industriels montréalais de l'alimentation ont employé 1 300 personnes de plus que l'année précédente, portant l'effectif du secteur à plus de 16 400 travailleurs; ils ont aussi investi au moins 82,5 millions de dollars dans l'expansion et la modernisation de leurs installations.
Depuis plusieurs années, le secteur manufacturier rapetisse comme peau de chagrin dans l'île de Montréal mais, dans la transformation alimentaire, il continue de croître, faisant mentir la tendance.
Car Montréal a des atouts dans son jeu, notamment des atouts de proximité qui lui permettent d'attirer une entreprise européenne comme Newrest Inflight, spécialiste de la cuisine dans les avions, qui vient de s'installer près de l'aéroport, ou d'en retenir une autre comme Aliments Expresco, fabricant de brochettes et de plats de viande, qui a déjà eu ses installations sur la Rive-Sud.
"Bien que les taxes foncières y soient plus élevées, nous avons choisi Montréal", raconte Dennis Pappakostas, président d'Aliments Expresco, qui a investi 10 millions de dollars en 2007 dans la modernisation de ses installations. "Le transport entre Montréal et la banlieue est un inconvénient majeur; en étant au centre de l'île, nous avons pu recruter et conserver des employés habitant Montréal. Nous considérons cette proximité comme un avantage concurrentiel."
"Nous sommes près de tout, entre autres des centres de distribution", dit Johanne Tremblay, présidente des Cuisines DiversCité, spécialisées dans les collations sans noix ni arachides, et présidente du Conseil des industries bioalimentaires de l'île de Montréal. "Il ne me viendrait pas à l'idée d'aller ailleurs."
Un secteur trop discret
Bien peu de Montréalais connaissent l'importance de cette industrie dans leur ville.
La transformation alimentaire, comme plusieurs autres activités industrielles dans les domaines du plastique ou de la métallurgie, appartient à l'économie discrète de Montréal, celle qui vit à l'ombre de l'aérospatiale, du génie, de l'énergie ou de la finance. Ses produits, présents partout dans la ville, exportés dans plusieurs pays, ne portent ni marque ni identification de leurs origines montréalaises. "L'aérospatiale ou l'aluminium ont une visibilité incroyable dans les médias, note Annick Van Campenhout, directrice du Conseil des industries bioalimentaires de l'Île de Montréal. L'alimentation fait tellement partie de notre quotidien qu'on en oublie combien elle est une industrie importante dans notre économie."
Le Conseil veut remédier à la situation en lançant au printemps la toute première campagne de promotion des produits locaux afin d'inviter les consommateurs à mettre Montréal dans leur assiette.
Mais mettre Montréal dans son assiette, c'est aussi inviter le monde entier à sa table, car le parc montréalais de la transformation alimentaire, environ 500 entreprises, comprend de nombreuses PME fabriquant des spécialités d'autres pays. "Cette campagne ne vise pas seulement à proposer des dégustations en magasin, mais aussi à amener le consommateur à devenir attentif aux produits de Montréal", précise Mme Van Campenhout.
