Les employeurs prévoient augmenter les salaires de 3,7% en 2024 au Québec

Publié le 20/03/2024 à 18:27

Les employeurs prévoient augmenter les salaires de 3,7% en 2024 au Québec

Publié le 20/03/2024 à 18:27

Par La Presse Canadienne

En 2023, les firmes de rémunération anticipaient des augmentations de 4,1%. La rémunération hebdomadaire, incluant les heures supplémentaires, a réellement progressé de 3,7%, selon les données de Statistique Canada. (Photo: Erik Mclean pour Unsplash)

Les Québécois recevront probablement une moins grande augmentation salariale en 2024 dans un contexte de ralentissement économique et de modération de l’inflation.

Les employeurs prévoient accorder, en moyenne, des augmentations de salaire de l’ordre de 3,7% en 2024, selon la mise à jour du rapport sur les prévisions salariales 2024 de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

Au cours des dernières années, l’Ordre avait ajusté à la hausse ses prévisions lors de la mise à jour, mais les prévisions de l’organisation sont demeurées inchangées, après six mois. La directrice générale de l’Ordre, Manon Poirier, y voit un signe de stabilisation.

«Si je compare aux deux dernières années, je pense que le pouvoir de l’employé a peut-être un peu diminué, constate l’experte en entrevue. Est-ce qu’on serait prêt à affirmer que le pouvoir est revenu aux employeurs? Pas encore.»

Après une période intense d’embauches, le secteur des technologies et l’industrie bancaire ont procédé à des licenciements. «Mais ça n’a pas vraiment affecté le taux de chômage. Ce que ça nous dit, c’est que le marché récupère ces gens-là. Il y a encore 150 000 postes vacants au Québec.»

Les employeurs semblent adopter une approche prudente avec leurs ressources humaines tandis qu’une détérioration de l’économie ou bien un retour à la rareté de main-d’œuvre sont deux scénarios plausibles.

Maintenant que l’inflation semble sur le point d’être maîtrisée, «les travailleuses et travailleurs du Québec devraient commencer à se préparer à des augmentations qui pourraient être de moindre ampleur que celles reçues au cours des dernières années», prévient Mme Poirier.

Elle souligne toutefois qu’un rythme de 3,7% est déjà supérieur aux plus récentes données sur l’inflation. L’indice des prix à la consommation a augmenté à un rythme de 2,8% en février, en baisse par rapport à celui de 2,9% de janvier, selon Statistique Canada. «Ça nous permet de garder notre pouvoir d’achat», juge Mme Poirier.

En moyenne, les organisations ont accordé des augmentations inférieures au coût de la vie en 2021, 2022, 2023, selon les données contenues dans le rapport de l’Ordre.

Durant les années 2010, les augmentations étaient toutefois supérieures à l’inflation presque chaque année. L’année 2020 a aussi enregistré des augmentations moyennes de 7,8%, alors que l’inflation était à seulement 0,8% durant le choc initial de la pandémie. «Pendant des années, les travailleurs ont reçu plus que l’inflation.»

L’écart entre les différents secteurs s’est également rétréci. L’écart est de seulement 0,7 point de pourcentage entre les industries prévoyant les plus fortes hausses et les plus basses. Il s’agit d’un contraste par rapport aux écarts de l’an dernier. «Habituellement on voit des écarts plus importants», dit Mme Poirier.

Le secteur des technologies et les banques ont modéré leurs ardeurs. À l’inverse, un secteur en queue de peloton comme le commerce de détail émet des prévisions plus en ligne avec les moyennes, souligne l’experte.

L’Ordre rappelle que son exercice reste une prévision. En 2023, les firmes de rémunération anticipaient des augmentations de 4,1%. La rémunération hebdomadaire, incluant les heures supplémentaires, a réellement progressé de 3,7%, selon les données de Statistique Canada.

Pour sa part, Anna Potvin, associée et cheffe de la pratique rémunération chez Normandin Beaudry, croit que les prévisions de 2024 pourraient être supérieures à ce qui sera versé en réalité cette année.

«Je m’attends à ce que le réel soit légèrement en deçà de ce qu’on voit ce matin, analyse-t-elle lors d’une présentation organisée par l’Ordre pour les professionnels des ressources humaines. Il y a quand même une certaine prudence dans le contexte [économique]. La rémunération est une dépense récurrente à partir du moment où on a injecté une dépense en masse salariale, elle est là de façon récurrente.»

Avec la réalité démographique, Marc Chartrand, conseiller principal à la rémunération globale chez Gallagher, juge que les employeurs seront de nouveau confrontés à la pénurie de la main-d’œuvre une fois le ralentissement économique passé. «Je pense qu’on est à une année, peut-être 18 mois, pas nécessairement de revenir exactement où on était, mais dans une situation semblable», avance-t-il au cours de la même présentation.

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

 

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