Depuis l'invention des montres au quartz, le métier d'horloger est en voie de disparition. Mais à l'heure où les nouvelles technologies s'infiltrent dans tous les aspects de nos vies, voilà que les institutions financières en découvrent les limites. On sait en effet que les ordinateurs peuvent tomber en panne sans prévenir. Et ça, les banques ne peuvent se le permettre. C'est pourquoi leurs systèmes de sécurité - voûtes, coffrets de sûreté, etc. - sont tous mécaniques plutôt qu'électroniques. Il faut des horlogers pour les entretenir. Ce qui explique que la plupart des diplômés de la seule école d'horlogerie du Canada, à Trois-Rivières, se retrouvent dans le secteur bancaire.
«Notre taux de placement a été de près de 100 % l'an dernier, affirme Robert Plourde, professeur à cette école créée en 1946 pour offrir un débouché aux vétérans revenant de la guerre. Avec un diplôme d'horlogerie, vous pouvez aller travailler à peu près n'importe où dans le monde ; la Suisse a besoin de 25 000 horlogers. Et c'est un métier qui permet de travailler jusqu'à un âge avancé.»
L'École d'horlogerie accueille une vingtaine de nouveaux étudiants chaque année, après la quatrième secondaire. Le cours de 1 800 heures, plus 600 heures de spécialisation, s'étend sur deux années.
Malheureusement, la survie de l'école n'est pas assurée ; le ministère de l'Éducation du Québec s'est donné une autre année pour évaluer le programme avant de décider s'il continuera à le soutenir financièrement.
Ce que souhaite fortement Charles Duncan, propriétaire du Service canadien des serrures bancaires, de Saint-Hubert, qui craint de devoir faire venir des horlogers de l'étranger si l'école de Trois-Rivières cesse de lui en fournir. Sa PME emploie une douzaine de techniciens, dont la moitié sont horlogers.
«Peu importe l'évolution des technologies en général, tant qu'il y aura de l'argent liquide, les banques auront besoin de coffres-forts et moi, d'horlogers pour les entretenir, soutient M. Duncan. Dans 40 ans, il va encore exister des firmes comme la mienne.»
