Le presseur de disque

Publié le 14/09/2013 à 13:20

Le presseur de disque

Publié le 14/09/2013 à 13:20

Par Suzanne Dansereau

Le nouveau métier de l'ex-banquier Philippe Dubuc (homonyme du designer de mode) est pas mal moins compliqué que son ancien. En 2007, il était banquier à la Banque Nationale, avant de perdre son job à l'âge de 41 ans, à cause de la crise du papier commercial. Aujourd'hui, il presse du vinyle dans une usine de fabrication de 33 tours à Saint-Lambert.

Et l'investissement de 100 000 $ qu'il a fait avec ses deux partenaires pour acquérir des presses datant des années 1970 est plus payant que les papiers commerciaux de l'institution. Car le microsillon a effectué un retour en force. Selon Nielsen SoundScan, les ventes de disques de vinyle n'ont pas cessé de progresser depuis 2007. Elles ont connu une hausse de 33 % au cours des six premiers mois de 2013, comparativement à la même période l'année précédente.

Alors que le CD est en voie d'extinction à cause des téléchargements, la demande de disques de vinyle est plus forte que la capacité mondiale de production. Lorsque le CD a pénétré le marché dans les années 1980, les grandes maisons de disques ont fermé leurs usines de microsillons. Mais le vinyle n'est jamais mort, les audiophiles ayant su faire la différence entre le CD, qui écrase les hautes et les basses fréquences, et le sillon en vinyle, qui les reproduit fidèlement. Certains amateurs de haute fidélité possèdent même des systèmes de son valant près de 50 000 $.

«C'est aussi une question d'expérience. Avoir entre les mains un disque de vinyle avec une belle pochette artistique et y poser l'aiguille de la table tournante pour écouter la musique dans toute sa splendeur est un rituel plus riche que d'écouter un CD», relate M. Dubuc. Il est convaincu que la progression du vinyle ne s'arrêtera pas de sitôt, parce que le téléchargement de musique ne procure aucune expérience tactile.

Son usine, appelée RIP-V (qui correspond aux initiales des trois partenaires et qui ne doit pas être confondue avec le rest in peace des pierres tombales) produit aujourd'hui cinq fois plus de disques qu'à son ouverture en 2009, soit environ 2 000 disques par jour.

M. Dubuc et ses partenaires, qui sont les propriétaires de la maison de distribution de musique indépendante FAB, établie aussi à Saint-Lambert, ont acheté 14 presses d'une ancienne usine du New Jersey pour démarrer leur affaire. Quant aux pochettes, elles sont aussi faites au Québec par Ross Ellis, le plus grand fabricant en Amérique du Nord.

La plupart des produits ne sont pas des rééditions, mais de nouveaux albums d'artistes contemporains qui se mettent - ou se remettent - aux 33 tours. C'est là, par exemple, que Arcade Fire a fait presser son nouveau single Reflektor et son microsillon The suburbs. Un autre artiste québécois Pierre Lapointe, a commandé à RIP-V l'impression de 500 vinyles rose pétant et autant de couleur transparente pour ses collectionneurs. La plupart des clients de RIP-V sont américains. Parmi eux, Epitaph, le plus grand distributeur indépendant de disques du pays.

Sur l'avenue du Mont-Royal, à Montréal, Pierre Markotanyos réalise lui aussi un rêve d'adolescence. En 2007, il a ouvert la boutique «Aux 33 tours» avec 10 000 disques de vinyle et 10 000 CD. «J'ai ramassé des vinyles pendant 20 ans avant d'ouvrir mon magasin», relate cet ancien employé de Bell Canada. Aujourd'hui, le magasin compte 60 000 disques, dont 90 % sont en vinyle. Et sa clientèle rajeunit.

«Les jeunes vont télécharger des chansons sur leur iPod, mais ils prennent aussi les tables tournantes de leur parents pour écouter des vinyles. C'est in», dit-il. Son prochain projet : ouvrir une section entière de 45 tours.

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