Hausse surprise des taux de la Banque d'Angleterre pour contrer l'inflation

Publié le 16/12/2021 à 09:49

Hausse surprise des taux de la Banque d'Angleterre pour contrer l'inflation

Publié le 16/12/2021 à 09:49

Par AFP

L'institut monétaire britannique a pris de vitesse ses homologues aux États-Unis et en zone euro. (Photo: Getty Images)

Londres — La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé jeudi son taux directeur à 0,25% et laissé la porte ouverte à d'autres hausses pour contrer une inflation britannique au plus haut en dix ans, prenant par surprise les observateurs.

L'institut monétaire britannique est la première banque centrale du G7 à relever ses taux depuis le choc initial du coronavirus.

La dernière hausse par la BoE remonte à l'été 2018. Puis les taux avaient été abaissés à 0,1% au début de la pandémie, un plancher historique.

À moyen terme, «un resserrement de la politique monétaire va probablement être nécessaire», avertit l'institut dans son communiqué, alors que l'inflation a atteint 5,1% sur un an en novembre au Royaume-Uni, très au-dessus de son objectif de 2%.

«Les équipes de la Banque s'attendent à ce que l'inflation reste autour de 5% pendant l'hiver, avec un pic autour de 6% en avril», reflétant notamment l'envolée des coûts de l'énergie, prévient la BoE.

En novembre, la Banque avait maintenu son taux inchangé, et attendait d'avoir plus d'informations sur le marché du travail après la fin des aides gouvernementales à l'emploi fin septembre.

Le taux de chômage britannique a continué de baisser en octobre, et la BoE estime que «les conditions (pour une hausse des taux) ont été atteintes».

 

Plus vite que la Fed

L'institut monétaire britannique a pris de vitesse ses homologues aux États-Unis et en zone euro.

Face au défi d'Omicron, la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas touché à ses taux jeudi. Et si la Réserve fédérale américaine (Fed) a affirmé mercredi soir sa volonté de les relever en 2022, elle n'a pas agi.

La Banque de Norvège a par contre annoncé jeudi matin relever ses taux pour la deuxième fois.

Mais l'économie norvégienne a renoué avec son niveau d'avant la pandémie depuis plusieurs mois, là où la BoE estime que le PIB britannique finira l'année 1,5% en deçà de son niveau pré-Covid.

Mais «les pressions inflationnistes sont plus fortes au Royaume-Uni», estime Holger Schmieding, analyste chez Berenberg.

«Les pénuries de travailleurs sont plus élevées, en partie en raison du Brexit», qui a également limité les investissements dans le pays depuis 2016, «et la flexibilité du marché du travail signifie que l'inflation des salaires peut grimper plus vite qu'en zone euro», explique-t-il à l'AFP.

Le Fonds monétaire international avait notamment mis en garde la BoE contre l'inaction face à l'inflation dans un rapport mardi.

«Débuter la hausse avant les autres grandes banques centrales va mettre la pression sur la Banque (d'Angleterre), qui va espérer que l'action du jour ne se révélera pas être une erreur», commente cependant Yael Selfin, analyste chez KPMG.

«Du jour au lendemain, des millions de propriétaires vont voir le coût de leur hypothèque augmenter», détaille Laura Suter, analyste chez AJ Bell.

 

Petit ami pas fiable

Le Royaume-Uni a introduit de nouvelles mesures de restrictions sanitaires qui pèsent déjà sur l'économie britannique, selon l'indice PMI publié jeudi matin.

«Le comité monétaire surveillera les nouvelles informations, notamment les conséquences économiques de l'émergence du variant Omicron, dans les prévisions du rapport de politique monétaire de février», note la BoE.

La Banque a par ailleurs pris le risque de surprendre à nouveau les marchés: les investisseurs avaient misé en novembre sur une hausse des taux et tablaient désormais sur un maintien en décembre, et le contraire s'est produit.

De quoi augmenter la volatilité. Vers 9h10, heure du Québec, la livre montait fortement de 0,61% à 1,3344 dollar américain.

Les observateurs s'étonnaient du changement d'avis des neuf membres du Comité de politique monétaire: alors que deux personnes seulement souhaitaient resserrer la politique en novembre, une seule s'est cette fois-ci opposée à la hausse.

«Il y a de plus en plus de frustrations chez les investisseurs sur les signaux ambigus envoyés par la banque centrale, ce qui pousse de nombreux observateurs à affubler (le gouverneur) Andrew Bailey du surnom de “deuxième petit ami pas fiable”», sobriquet déjà donné à son prédécesseur Mark Carney, souligne Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor.

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