Voici comment l'économie circulaire sauvera la planète

Publié le 29/08/2018 à 06:00

Voici comment l'économie circulaire sauvera la planète

Publié le 29/08/2018 à 06:00

(Image: Pexels)

L’économie circulaire consiste à réutiliser à répétition la même matière pour les mêmes applications, afin d’arrêter d’extraire des ressources de plus en plus rares du sol. En inaugurant sa première usine à Anjou la semaine dernière, la jeune entreprise Polystyvert démontre qu’il est possible d’envisager un avenir un peu moins gris et pollué que ce vers quoi on semble se diriger si on ne fait rien.

L’entrepreneure d’origine française cible le polystyrène, un des six plastiques les plus utilisés sur la planète, mais la même approche peut s’appliquer dans bien d’autres secteurs, jusque du côté des gaz à effet de serre issus de la production industrielle. De plus en plus de chercheurs, de start-ups et d’entreprises planchent sur des technologies récupérant le gaz carbonique afin d’en faire des produits utilisables sur une base quotidienne. 

Des technologies à la croisée des chemins

Prises ensemble, toutes ces avenues composent ce qu’on appelle les technologies propres, ou «cleantechs», un secteur en émergence depuis quelques années qui, avec un peu de chance, créera de nouveaux modèles d’affaires durables et moins polluantes. Ça promet d’être tout un défi, l’intérêt des investisseurs variant grandement d’une année à l’autre, et même d’une région à l’autre.

Alors que la Chine, par exemple, se découvre un petit côté écolo qu’elle ignorait jusque-là, les États-Unis et même le Canada ont la tête ailleurs. Chez nous, entre 2012 et 2017, l’investissement privé dans les technologies propres a chuté de moitié, passant à 3,3G$US en 2017. Selon un rapport de l’agence Bloomberg New Energy Finance, 2018 marquera une autre baisse par rapport à l’année précédente.

Bref, on est loin de la coupe (de plastique recyclé, sans paille) aux lèvres. Le défi est double, car non seulement l’investissement se tarit, mais la patience des investisseurs est aussi cruciale. Financer des technologies propres demande une vision, et une ambition à plus long terme qu’il n’en faut pour financer une application de services bancaires, par exemple.

«Ce qu’on vise, c’est implanter une économie circulaire viable à long terme, mais ça va demander un changement de mentalité», explique Solenne Brouard Gaillot, PDG de Polystyvert, qui était de passage vendredi dernier à notre balado, Une Tasse de Tech. «Présentement, on pense que les déchets, c’est sale, on ne veut pas les voir. Tant que les Chinois les achetaient, on n’y pensait pas trop. Mais maintenant qu’ils les refusent, ce qui est un très bon geste de leur part, ça nous encourage à recycler localement, ce qui crée des emplois et des entreprises localement, mais ce qui demande une période d’adaptation.»

Vous ferez partie de la solution

Cette adaptation risque de durer quelques années, et elle promet aussi de vous engager dans son mouvement. Car bientôt, on récupérera aussi le polystyrène à la maison, et peut-être d’autres matières encore. Les villes de Montréal et de Toronto, entre autres, sont intéressées à travailler avec Polystyvert afin d’inclure le polystyrène dans leur bac de recyclage, mais ça ne se fera pas en quelques semaines.

En dissolvant à basse température le polystyrène dans une huile essentielle, puis en procédant à une purification du matériau, Polystyvert produit de petites pastilles de polystyrène qui peuvent être utilisées pour produire exactement les mêmes produits qui ont initialement été recyclés. L’entreprise calcule que pour chaque 100 kilos de polystyrène qu’elle reçoit, elle produit 98 kilos de ces capsules de polystyrène.

«C’est plus que la preuve de concept. Elle a été faite en laboratoire. Ce qu’on a là, c’est une usine industrielle complète. On obtient un rendement assez rare, on est assez fiers de ça.» Cela dit, le polystyrène n’est pas le plastique le plus problématique à l’heure actuelle. Les bouteilles d’eau et les pailles jetables sont un plus important cas à régler pour ne pas finir par emballer la planète entière dans une pellicule de plastique.

Mme Brouard Gaillot rappelle en passant l’importance de trier les matières recyclables, et idéalement, de les nettoyer avant de les balancer dans le bac vert (ou bleu).

«Le recyclage fait clairement partie des moyens pour régler les problèmes de pollution, mais la première solution est la réduction de la consommation à la source»,, conclut-elle. «On ne pourra pas bannir tout le plastique, mais on peut le recycler d’une façon qui crée de la croissance propre tout en laissant les hydrocarbures enfouis dans le sol.»

Pour visionner l’entrevue de Solenne Brouard Gaillot lors de son passage à notre balado Une Tasse de Tech, c’est ici :


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À propos de ce blogue

Autrefois, on appelait ça de l'électronique mais de nos jours, les nouvelles technologies vont bien au-delà des transistors et des circuits imprimés. Des transactions bancaires à l'écoute en rafale d'émissions de télé les plus populaires, la technologie est omniprésente. Et elle comporte son lot de questionnements. Journaliste spécialiste des technologies depuis bien avant l'avénement du premier téléphone intelligent, Alain McKenna a observé cette évolution sous tous ses angles et livre ici ses impressions sur le sujet.

Alain McKenna
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