Le marché du travail ralentit et le taux de chômage grimpe pour la première fois en 9 mois

Publié le 09/06/2023 à 15:27, mis à jour le 09/06/2023 à 15:33

Le marché du travail ralentit et le taux de chômage grimpe pour la première fois en 9 mois

Publié le 09/06/2023 à 15:27, mis à jour le 09/06/2023 à 15:33

Par La Presse Canadienne

Statistique Canada a rapporté vendredi qu’une plus lente saison d’embauche estivale pour les jeunes avait fait grimper le taux de chômage au Canada (Photo PC)

OTTAWA — Le taux de chômage au Canada a augmenté pour atteindre 5,2 % en mai, enregistrant sa première hausse depuis août 2022, alors que les économistes surveillent tout signe d’un ralentissement du marché du travail. 

Statistique Canada a rapporté vendredi qu’une plus lente saison d’embauche estivale pour les jeunes avait fait grimper le taux de chômage au Canada, tandis que l’emploi global a peu changé le mois dernier, l’économie ayant perdu un modeste 17 000 emplois.

«La publication négative d’aujourd’hui met fin à une série de huit mois de création d’emplois», a souligné le directeur des affaires économiques de la Banque TD, James Orlando, dans une note à ses clients.

«La question est maintenant: s’agit−il d’un événement ponctuel ou du début d’une tendance? Le marché du travail défiait la gravité depuis des mois et était voué à un retour en arrière.» 

Le rapport sur l’emploi intervient deux jours après que la Banque du Canada a relevé son taux d’intérêt directeur d’un quart de point de pourcentage pour le porter à 4,75 %, son plus haut niveau depuis 2001.

La décision a été motivée par une série de solides données économiques, montrant notamment une étonnante résistance de la part du marché du travail. La banque centrale a expliqué que la résilience de l’économie canadienne laissait croire qu’il serait plus difficile de ramener l’inflation à 2,0 % qu’elle ne l’avait précédemment prévu.

Avant sa hausse de mai, le taux de chômage au Canada s’est maintenu à 5 % pendant cinq mois consécutifs, juste au−dessus du creux historique de 4,9 %, atteint l’été dernier.

Mais des économistes ont réagi au rapport de vendredi en affirmant que la Banque du Canada aurait besoin de plus d’un rapport sur l’emploi relativement plus faible pour tourner le dos aux hausses de taux d’intérêt. En fait, bon nombre d’entre eux s’attendent quand même à ce que la banque centrale procède à une nouvelle hausse des taux en juillet.

«Si 425 points de base n’étaient pas suffisants pour ralentir les choses, est−ce que 25 points de base de plus vont faire déborder le vase? C’est un peu difficile à croire», a fait valoir Benjamin Reitzes, directeur général et spécialiste en stratégie pour les taux canadiens et la macroéconomie pour BMO Marchés des capitaux.

Plus tôt cette année, la banque centrale a interrompu son cycle dynamique de hausse des taux, qui avait commencé en mars 2022. La Banque du Canada espérait que le resserrement rapide de sa politique monétaire suffirait à étouffer l’inflation.

Mais l’économie s’est révélée plus résistante cette année qu’elle ne l’avait prévu. Les employeurs ont continué d’embaucher, les consommateurs dépensent davantage et l’économie est en croissance.

M. Reitzes souligne que le plein effet des hausses de taux n’a pas encore filtré sur l’économie, mais même en tenant compte de cela, la banque centrale est probablement inquiète qu’une inflation élevée fasse grimper les attentes d’inflation des consommateurs et des entreprises.

«Si vous n’agissez pas avec plus de force pour faire baisser la croissance plus rapidement, vous courez le risque que les attentes d’inflation restent plus élevées», a expliqué M. Reitzes.

Même si le marché du travail n’a pas ralenti suffisamment au goût de la banque centrale, Statistique Canada a noté dans son rapport que la croissance de l’emploi s’était modérée ces derniers mois. Les gains d’emplois mensuels entre février et avril avaient atteint en moyenne 33 000, a précisé l’agence, après que l’économie a créé un total de plus de 300 000 emplois entre septembre et janvier.

Selon les données publiées vendredi, moins de personnes travaillaient le mois dernier dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien, ainsi que dans les services professionnels, scientifiques et techniques. Entre−temps, l’emploi a augmenté dans la fabrication, les «autres services» et les services publics.

La banque centrale s’est particulièrement inquiétée, récemment, de la rapidité de la croissance des salaires, faisant valoir qu’une croissance des salaires de l’ordre de 4 % à 5 % était incompatible avec un objectif d’inflation de 2 %.

L’agence fédérale a indiqué vendredi que les salaires étaient de 5,1 % plus élevés en mai qu’au même mois l’an dernier.

Peu de changement au Québec 

Au Québec, l’emploi a peu varié pour un quatrième mois consécutif. Le taux de chômage a cédé 0,1 point de pourcentage à 4,0 %, demeurant juste au−dessus de son creux record de 3,9 % enregistré en janvier et novembre.

Statistique Canada a observé que dans la région métropolitaine de Montréal, l’emploi avait augmenté de 0,8 % le mois dernier et que le taux de chômage avait reculé à 3,9 %, son plus faible niveau depuis 2006.

En Ontario, l’emploi a diminué de 24 000 et le taux de chômage a progressé de 0,6 point de pourcentage pour s’établir à 5,5 % en mai.

Au Nouveau−Brunswick, le taux de chômage est resté stable en mai par rapport à avril, à 6,1 %. En Nouvelle−Écosse, il est passé de 6,3 % à 5,7 % alors qu’il a légèrement augmenté de 0,1 point de pourcentage à l’Île−du−Prince−Édouard, à 7,2 %.

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