Des affaires en Ukraine, déjà? Les Occidentaux veulent y croire

Publié le 13/12/2022 à 13:56

Des affaires en Ukraine, déjà? Les Occidentaux veulent y croire

Publié le 13/12/2022 à 13:56

Par AFP

Le premier ministre ukrainien, Denys Chmygal (Photo: Getty Images)

Paris — Difficile de penser à des signatures de contrats sous les bombardements en Ukraine, pourtant les dirigeants ukrainiens et occidentaux poussent déjà en faveur d’investissements privés afin de commencer à reconstruire un pays ravagé par près d’un an de guerre.

«Ce ne sont pas seulement les soutiens politiques qui vont permettre de reconstruire l’Ukraine», a affirmé le président français Emmanuel Macron, en préambule d’une conférence franco-ukrainienne en faveur de la reconstruction du pays, mardi au ministère français de l’Économie.

«Ce sont les entreprises qui vont mettre en œuvre leurs solutions pour aider au redressement», a ajouté le chef de l’État, et «ce, sans attendre la fin de la guerre».

Au lendemain de nouvelles frappes russes meurtrières dans la ville de Kherson, une délégation de dirigeants ukrainiens, dont le premier ministre Denys Chmygal, s’est rendue à Paris à l’occasion de cette conférence à laquelle ont été conviées quelque 700 entreprises françaises.

L’objectif de cet événement, intervenant juste après une conférence internationale au ministère des Affaires étrangères ayant permis de lever plus d’un milliard d’euros, est clair: permettre «à n’importe quelle PME ou ETI française (entreprise de taille intermédiaire, NDLR) d’être au courant des chantiers et de pouvoir contribuer et participer aux appels d’offres», a affirmé l’Élysée vendredi.

La liste des groupes invités va de mastodontes du CAC40 tels qu’Alstom, Engie, ou TotalEnergies, à des entreprises de taille plus modeste dans l’architecture, le désamiantage, la téléphonie, l’informatique… avec un accent particulier mis sur l’énergie, la santé, l’agroalimentaire le numérique et les infrastructures.

La reconstruction de l’Ukraine est poussée par l’Ukraine, selon qui «la guerre ne veut pas dire qu’il est interdit d’investir», a relevé la ministre du Commerce, Yulia Svyrydenko.

L’investissement privé sera «l’un des moteurs de la reconstruction», a estimé la dirigeante, dans un entretien à l’AFP. «Les chefs d’entreprises commencent par évaluer les projets dès la phase préliminaire, laquelle doit commencer maintenant avec de l’audit, de la recherche».

La France se défend de vouloir profiter de la reconstruction pour avancer ses pions dans le grand marché qui s’ouvrira après la guerre: «cette mobilisation est demandée par le gouvernement ukrainien et le président Zelensky», a affirmé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire au cours d’une conférence de presse mardi. 

 

Immenses besoins

Les besoins sont immenses dans un pays où le coût de la guerre depuis son déclenchement a été évalué à 350 milliards de dollars en septembre par la Banque mondiale. Ce montant sera largement revu en hausse dans un nouveau chiffrage attendu début 2023, a dévoilé sa responsable pour l’Europe Anna Bjerde.

«Le secteur public ne pourra en aucun cas faire face à cette situation seul, le secteur privé sera absolument vital», a ajouté auprès de l’AFP la représentante de l’institution dont l’une des filiales spécialisées dans les prêts au secteur privé, la Société financière internationale (SFI), vient justement de signer un partenariat avec l’Ukraine.

Selon Anna Bjerde, l’ouest, le nord et même certaines parties de l’est du pays peuvent déjà commencer à être reconstruites. Mais les entreprises doivent pouvoir bénéficier d’«assurances» pour exercer, car «la perception du risque en Ukraine est extrêmement élevée».

Cette inquiétude se ressent largement au sein des entreprises françaises invitées mardi à Paris. Plusieurs d’entre elles ont confié à l’AFP être de «simples participants», des «observateurs», n’être «pas positionnées du tout» sur le marché ukrainien, ou «en présence minimale» à l’événement organisé au ministère de l’Économie.

«On a discuté aujourd’hui des assurances pour couvrir les risques militaires en Ukraine, et on va continuer cette discussion», a affirmé mardi Denys Chmygal, affirmant espérer que les entreprises ayant délocalisé «reviennent» dans le pays.

Outre les collaborations sur certains besoins urgents à l’instar des réseaux énergétiques, quelques projets commencent à émerger à l’international. Lundi, le géant suisse Nestlé a annoncé un investissement de 40,5 millions d’euros dans une nouvelle usine à l’ouest, se targuant d’être «la première multinationale» à lancer de nouveaux investissements dans le pays.

Rasmussen Global, la société de conseil de l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé lundi la création d’une branche Ukraine qui «s’attachera à aider les entreprises internationales à comprendre la situation en Ukraine et à prendre des décisions d’investissements».

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