Les biotechs sont-elles viables au Canada ?

Publié le 05/05/2009 à 00:00

Les biotechs sont-elles viables au Canada ?

Publié le 05/05/2009 à 00:00

Par Olivier Schmouker

Faute de nouvelles approches et de sources de financement, le secteur canadien de la biotechnologie pourrait se détériorer gravement au cours des prochaines années, selon l’équipe d’experts d’Ernst & Young, dans son rapport intitulé «Beyond borders: Global biotechnology report 2009».

«Plus de la moitié des sociétés ouvertes canadiennes en exploitation disposent de moins d'un an de capitaux pour poursuivre leurs activités. Le secteur de la biotechnologie doit mettre au point un nouveau modèle d'affaires pour survivre», lance Sylvain Boucher, associé d'Ernst & Young.

Le Québec particulièrement concerné

Par le passé, le modèle d'affaires fonctionnait comme une course de relais : les biotechs travaillaient en collaboration avec des investisseurs et des partenaires en vue de mobiliser des capitaux et de partager les risques.

Cependant, les contraintes qui découlent du resserrement du marché du crédit d'aujourd'hui ont haussé le niveau de difficulté de la course. L'industrie doit pouvoir compter à la fois sur des sources de financement stables ainsi que sur l'innovation pour faire évoluer son modèle d'affaires.

«La capitalisation boursière a chuté de 61%, passant de 10,8 milliards de dollars américains en 2007 à 4,2 milliards de dollars américains en 2008. Cette chute s'explique, en partie, par les acquisitions de quatre entreprises sociétés ouvertes. De plus, les 72 sociétés ouvertes toujours en exploitation à la fin de 2008 ont vu leur valeur marchande baisser de 47%», dit M. Boucher.

L'absence totale de premiers appels publics à l'épargne (Pape) depuis les deux dernières années a aggravé la situation. S’ajoute l'effet de la chute des placements publics en actions ordinaires, dont la somme est passée de 398 millions de dollars américains en 2007 à seulement 80 millions de dollars américains en 2008.

Le financement total du secteur canadien de la biotechnologie a baissé de 1,06 milliard de dollars américains à 478 millions de dollars américains. Au Québec, l'industrie a attiré des investissements totalisant 199 millions de dollars américains, mais cette somme ne représente que 58% du montant mobilisé l'année précédente.

«Les sources de capitaux se sont taries, et cette situation menace l'existence même de ces sociétés. Le tiers des sociétés ouvertes dont les produits sont homologués génèrent des revenus. A moins de trouver du financement, le Canada est condamné à devenir un joueur secondaire sur le plan mondial», souligne M. Boucher.

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