Économie : la véritable reprise tardera

Publié le 26/06/2009 à 00:00

Économie : la véritable reprise tardera

Publié le 26/06/2009 à 00:00

Par François Rochon

Il faut éviter de confondre stabilisation et reprise économique. L'économie entre dans une période de stabilisation lorsque le PIB réel cesse de décroître. Le nombre d'emplois baisse alors moins rapidement, mais les pertes s'accumulent encore; la confiance remonte, mais la consommation ne croît pas nécessairement.

Ce n'est que lorsque l'économie recommence à croître durablement qu'on peut parler d'une reprise économique. Celle-ci débute lorsque le creux de la récession est atteint.

Un contexte encore nébuleux

Aux États-Unis, plusieurs indicateurs suggèrent qu'une phase de stabilisation prend racine.

Mais certains signaux demeureront instables à court terme, et il faudra des rebonds plus convaincants pour que l'économie puisse véritablement prétendre à une reprise imminente.

Au Canada, on peut également s'enthousiasmer devant de nombreux signes positifs. Cependant, ceux-ci ne déterminent pas le moment de la reprise économique : peut-être dans trois mois, peut-être dans neuf mois.

Le pire semble être passé, mais la récession devrait vraisemblablement se prolonger jusqu'à la fin de l'été.

L'économie ontarienne est plus durement touchée par la crise en raison de l'importance de son industrie automobile. La restructuration des constructeurs américains n'est pas terminée, et les séquelles demeureront longtemps visibles. L'Ontario sera sans doute l'une des dernières provinces à se relever de la crise.

Au Québec, malgré l'amélioration de la confiance des ménages, d'autres indicateurs économiques restent décevants. Le regain en avril de l'Indice précurseur Desjardins, un indicateur qui prévoit la tendance de l'économie québécoise de trois à six mois à l'avance, offre cependant une lueur d'espoir. Cet indicateur devra tout de même continuer d'augmenter pour confirmer la fin de la récession et une reprise.

Mais attention : la hausse d'un indicateur ne se traduit pas toujours par une croissance économique. Il faut déchiffrer les véritables messages envoyés par l'évolution de certains indicateurs.

Par exemple, même si la confiance s'améliore, elle peut demeurer relativement faible d'un point de vue historique et continuer à nuire à la consommation.

En revanche, d'autres variables mentent rarement. Les marchés boursiers sont réputés pour leur capacité à prévoir les points de retournement des cycles d'activité économique. Depuis leur creux de mars dernier, plusieurs indices boursiers affichent d'ailleurs des gains appréciables.

Ce rebond est en partie attribuable à un réajustement de la Bourse en fonction de l'ampleur réelle de la crise. Plusieurs croyaient à la possibilité d'une dépression économique et doutaient que des institutions financières en difficulté survivent à la crise. Depuis, les marchés ont écarté ce scénario, ce qui explique en partie le rebond. Des gains plus significatifs viendraient renforcer la thèse d'un retour imminent de la croissance économique.

Une reprise lente et terne

Quoi qu'il en soit, la reprise prendra vraisemblablement la forme d'un "U" plutôt que d'un "V".

Ainsi, la phase de stabilisation qui s'étirera sur quelques mois cédera sa place à une reprise caractérisée par des taux de croissance plus faibles qu'à la normale.

Les crises vécues - hypothécaire, de liquidités ou économique - ont laissé de profondes blessures. Les marchés immobiliers aux États-Unis et en Europe ont été fortement endommagés, et le déséquilibre persiste. Le système financier mondial est engagé dans une longue convalescence, et le bilan des institutions financières demeure contaminé par des actifs toxiques. Au même moment, les pertes sur prêts se creusent, et l'industrie automobile s'engage dans une longue restructuration.

Sur une note plus positive, le pire de la tempête économique et financière semble bel et bien derrière nous. Elle a fait bien des dégâts, mais avant que nous puissions retourner à un rythme normal, il faudra nettoyer, réparer et reconstruire.

Il est donc difficile d'imaginer que la reprise sera aussi vigoureuse que ce qu'on a l'habitude d'observer après une période de crise.

L'auteur est économiste en chef au Mouvement Desjardins

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