Montréal-Trudeau : des sous-traitants aussi poursuivent Axor

Publié le 01/04/2010 à 12:01

Montréal-Trudeau : des sous-traitants aussi poursuivent Axor

Publié le 01/04/2010 à 12:01

Les travaux effectués par Axor à Montréal-Trudeau incluent la construction de l'enveloppe de la gare pour la navette ferroviaire reliant le centre-ville. Photo : ADM

Exclusif. Aéroports de Montréal est loin d’être la seule entreprise à réclamer des dommages à Axor pour la façon dont l’entrepreneur général a mené les travaux d’agrandissement de Montréal-Trudeau.

Les Affaires a appris que deux importants sous-traitants d’Axor ont également entamé des procédures judiciaires pour près de 10 millions de dollars à son encontre. Elles concernent également le chantier de la jetée transfrontalière et de l’hôtel Marriott, construit par-dessus.

PLUS : Aéroports de Montréal accuse Axor de grossière négligence

Le 22 mars, Aéroports de Montréal (ADM) a déposé une poursuite de près de 30 millions contre Axor à la Cour supérieure. Son principal grief concerne les importants retards accumulés dans les travaux à Montréal-Trudeau. Ils se sont déroulés sur 32 mois au lieu de 13.

Or, avant même qu’ADM dépose sa poursuite, deux entreprises avaient déjà entamé des procédures pour se faire rembourser des frais considérables dus aux dépassements de coûts et à des délais supplémentaires. En outre, plusieurs autres entreprises ont envoyé d’importantes réclamations à Axor dans ce dossier, sans toutefois se rendre en cour.

Au bord de la faillit

La plus importante demande de dommages a été déposée le 19 mars par Struc-Forme. Cette entreprise réclame 7,55 millions à Axor, devant la Cour supérieure. L’entreprise soutient que ses ouvriers ont travaillé près de 100 000 heures supplémentaires et qu’elle a dû engager des dépenses additionnelles en équipements et en énergie pour mener le chantier à terme.

Struc-Forme a réalisé le coffrage et les autres travaux préliminaires au bétonnage de la jetée transfrontalière et de l’hôtel. Les comptes impayés d’Axor ont poussé l’entreprise à demander la protection de la loi sur les faillites en début d’année, selon Steven Unsworth, président de Struc-Forme.

 

Les problèmes de l’entreprise ont commencé très tôt. D’importants retards dans le démarrage du chantier ont forcé les entrepreneurs à entamer les travaux en plein hiver.

« Nous devions commencer en octobre ou novembre 2007; finalement, nous avons commencé en janvier 2008, dit M. Unsworth. Ça a occasionné encore d’autres retards et des coûts supplémentaires : Axor ne voulait pas chauffer le chantier. »

Du coup, Struc-Forme a dû retarder une grande partie des travaux planifiés pour cette période. Ils nécessitaient des températures d’au moins cinq degrés Celsius.

À ces retards se sont ajoutés de nombreux changements apportés au projet entre les appels d’offres de 2006 et la réception des plans et devis pour construction, en août 2007. « Il y avait des éléments majeurs de discordance », mentionne la poursuite de Struc-Forme.

« On avait un contrat d’une vingtaine de millions, dit M. Unsworth. Mais si on avait eu les bons plans dès le départ, on aurait soumissionné 2,5 millions plus cher, juste pour l’hôtel. »

Axor et ses avocats n’ont pas fait de commentaires sur cette poursuite. Le cabinet responsable de ses relations publiques n’a pas pu obtenir d’informations sur la cause

Excavation supplémentaire

Les conflits entre Axor et ses sous-traitants au sujet du contrat de l’aéroport ne datent pas d’hier. Dès novembre 2008, Excavation Rive-Sud a déposé une poursuite contre l’entrepreneur général.

L’entreprise a réalisé une partie de l’excavation à la base de la future jetée transfrontalière et de l’hôtel, construit par-dessus.

Comme Struc-Forme, Excavation Rive-Sud reproche à Axor des délais et des travaux supplémentaires pour lesquels elle n’a pas reçu de paiements. Le sous-traitant lui réclame plus de deux millions après avoir creusé beaucoup plus que ce qui était spécifié dans les plans originaux.

« J’ai vécu une histoire d’horreur », dit Raymond Houle, président d’Excavation Rive-Sud. Il dit avoir décidé de fermer son entreprise et de prendre sa retraite après ce pénible contrat. « Nos travaux se sont étendus sur neuf mois au lieu de deux, dit-il. Il y avait des problèmes à chaque trou qu’on faisait, en plus de changements aux devis, deux, trois fois par jour. »

Axor renvoie la responsabilité de ces problèmes au donneur d’ordres. « Les réclamations d’Excavation Rive-Sud sont dues à des conditions de sol non prévues par ADM, dit Annick Bélanger, relationniste chez Casacom, le cabinet de relations publiques qui travaille pour Axor. Les réclamations ont été transmises à ADM. »

Tant Struc-Forme qu’Excavation Rive-Sud conviennent que le gestionnaire aéroportuaire a sa part de responsabilité dans leurs déboires. ADM, par exemple, est le seul propriétaire et gestionnaire de la jetée transfrontalière. C’est elle qui a demandé de multiples changements aux plans de l’édifice.

Selon l’entente, Adamax, une filiale d’Axor créée pour le projet, reste cependant propriétaire de l’hôtel Marriott et des espaces de bureaux construits par-dessus la jetée transfrontalière, au moins jusqu’en 2051.

En outre, Adamax et ADM ont confié presque tous les travaux de gros-œuvre à Axor, qui a distribué les contrats de construction à des dizaines de sous-traitants. C’est donc la responsabilité d’Axor de les payer pour les dépassements de coûts, disent Struc-Forme et Excavation Rive-Sud.

L’entrepreneur général ne s’est d’ailleurs pas gêné pour réclamer des montants supplémentaires, avancent les chefs d’entreprises qui le poursuivent. « ADM a payé Axor pour une quantité phénoménale de changements apportés aux devis », dit M. Unsworth.

C’est également ce qu’avance M. Houle, d’Excavation Rive-Sud. Pour l’instant, Axor refuse de le payer pour des volumes de sol excavés beaucoup plus importants que ce qui était spécifié dans le contrat d’origine. ADM, de son côté, a pourtant bel et bien remboursé ces montants à Axor, selon le dossier monté par Excavation Rive-Sud.

« Grossière négligence »

Dans sa poursuite contre l’entrepreneur général, ADM soutient qu’« Adamax-Axor a totalement négligé de façon répétitive son obligation d’harmoniser, de coordonner ses travaux comme elle devait le faire ».

Les Affaires a joint plusieurs autres entreprises qui ont d’importantes réclamations à l’endroit d’Axor en lien avec ce chantier.

Beauce-Atlas par exemple, attend des paiements de plus de 1,5 million. « On est en train de négocier avec Axor, dit Germain Blais, président. Ils étudient nos demandes avec ADM.» D’autres entrepreneurs ont préféré garder le silence, de peur de nuire à leurs pourparlers.

Acier AGF, de son côté, a enregistré une hypothèque légale de 3,59 millions de dollars contre Axor, avant de la retirer pour tenter d'en arriver à un arrangement. « Ils m’ont dit qu’ils voulaient négocier avec Yvan Dupont », le président d’Axor, dit un avocat d’Acier AGF.

Un autre entrepreneur général, Æcon, était chargé de la prolongation de la rampe d’accès à la nouvelle jetée pour les automobiles. Cette entreprise a signé un contrat directement avec ADM et a également des réclamations à son endroit.

 

 

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