Même la gelée de pommes nous arrive des États-Unis !


Édition du 01 Février 2014

Même la gelée de pommes nous arrive des États-Unis !


Édition du 01 Février 2014

La pomme est le fruit emblématique du Québec, tout comme la gelée de pommes est une de nos gourmandises préférées. Dans la plupart des supermarchés, on n'en trouve qu'une variété : celle qui porte la marque Oka. Pour en trouver d'autres, il faut aller dans des marchés spécialisés ou des kiosques fruitiers, en saison. C'est déjà étonnant.

Pire, la gelée Oka est désormais produite par la filiale canadienne de l'entreprise américaine Smucker's. Et encore pire, celle qu'on trouve sur les tablettes ces jours-ci porte la mention «Produit des États-Unis»... C'est une disgrâce.

Alors même que le gouvernement québécois veut appliquer le principe de l'autosuffisance alimentaire, nous ne sommes même pas capables de mettre en pot une gelée de pommes québécoise. Il y a du chemin à faire. En réalité, la situation semble plutôt se dégrader.

Nous en avons eu une autre preuve à la mi-janvier, alors que l'entreprise Clic International, de Laval, est passée aux mains d'un groupe de la Saskatchewan. Ce n'était pas une si grosse nouvelle, mais elle aurait quand même pu faire plus de bruit : fondée par un entrepreneur d'origine libanaise, Clic s'était imposée dans la mise en marché des légumineuses, sèches ou en conserve, à tel point qu'elle aurait peut-être pu devenir une des «gazelles» auxquelles rêve le gouvernement de Pauline Marois.

En d'autres termes, cette PME pouvait aspirer à de plus grands marchés. La demande des produits dont elle a fait sa spécialité est en train d'exploser. Rien ne l'empêche de continuer, l'équipe de direction reste en place, sauf que sa croissance profitera désormais à la nouvelle société mère de Regina.

Ce n'est ni la première ni la dernière fois que ça arrive, mais il faudra finir par prendre conscience que l'industrie de la transformation des aliments est véritablement stratégique. On peut bien clamer l'importance de privilégier une alimentation à la québécoise, dans les faits, nous dépendons des autres.

C'est vrai que le Québec peut se targuer de quelques beaux succès globaux à cet égard. Lassonde est devenue une entreprise géante, et pas seulement dans le domaine des jus de fruits. Saputo vient de prendre pied en Australie et peut dorénavant aborder l'Asie après s'être imposée en Amérique du Nord. La Coopérative fédérée nous alimente autant en viandes qu'en produits laitiers. Et Agropur n'est pas en reste. Le lancement de sa marque de yogourts ïogo a montré que cette autre grande coopérative est prête à prendre des risques. En fait, c'est dans ce domaine protégé (gestion de l'offre oblige) du lait et des produits dérivés du lait que les entreprises d'ici se distinguent le plus.

Mais le pain que nous mangeons tous les jours vient d'entreprises à propriété autre que québécoise. La seule à résister dans ce créneau, celui de la grande distribution, est la Boulangerie St-Méthode, située à Adstock, dans Chaudière-Appalaches. Les légumes jadis mis en conserve ou congelés par les Aliments Carrière le sont maintenant sous la tutelle de la multinationale française Bonduelle, qui a racheté la grande entreprise québécoise en 2007. Culinar avait plus tôt vendu sa division des confitures à Smucker's. Les exemples sont légion.

De nouveaux marchés à conquérir

Ce n'est pas que le consommateur d'aujourd'hui soit mal servi. Même en plein hiver, les supermarchés offrent à peu près tous les fruits et légumes frais qu'on puisse imaginer. Leurs acheteurs font des miracles pour nous approvisionner et pour éviter la déception des clients, comme cette dame que j'ai entendu l'autre jour se plaindre de l'absence de kiwis. Intolérable ! Mais il y a quelques décennies, on ne savait même pas de quoi il s'agissait...

Nos goûts ont évolué et se sont raffinés. Nos moyens aussi. Nous nous vantons d'être des connaisseurs. Ce serait la combinaison idéale pour partir conquérir de nouveaux marchés. Oui, nous produisons encore beaucoup, mieux qu'avant, mais c'est dans la transformation que se situe la valeur ajoutée. Et la transformation permet de déboucher sur l'extérieur.

Avec une population en quasi-stagnation, le Québec offre peu de possibilités pour le développement des affaires. Il faudra franchir les frontières pour y parvenir. Et ce sera encore plus profitable pour l'ensemble de la collectivité si ces percées sont réalisées par des entreprises aux assises québécoises.

Sauf que, pour l'instant, nous avançons par en arrière, comme dirait l'autre. C'est beau, rêver de gazelles, mais pourrait-on au moins conserver les veaux que nous avons déjà ?

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