Les pharmaceutiques sabrent dans la R-D

Publié le 19/02/2010 à 12:10

Les pharmaceutiques sabrent dans la R-D

Publié le 19/02/2010 à 12:10

AstraZeneca, qui compte 125 scientifiques à Montréal, veut éliminer 3 500 postes en R-D dans le monde. Photo : Bloomberg

Les géants pharmaceutiques sabrent dans la recherche et développement (R-D) et nouent des alliances avec des laboratoires externes dans le but de réduire leurs coûts.

Depuis la fin janvier, AstraZeneca, Pfizer, GlaxoSmithKline et Sanofi-Aventis ont coup sur coup profité de la présentation de leurs résultats annuels pour annoncer de telles mesures, qui portent un dur coup à cette industrie dans les pays industrialisés.

Le 10 février, la française Sanofi-Aventis a expliqué qu'elle travaillerait en partenariat avec les universités et les instituts de recherche pour développer de nouvelles molécules. Chez Sanofi-Aventis Canada, le directeur des communications, Christian Marcoux, ignore les conséquences de cette décision au Québec. " On sait que l'entreprise veut décentraliser sa R-D, mais nous ne savons pas où ces activités iront. "

À Laval, 120 employés de l'entreprise sont affectés au développement de nouvelles molécules.

Pour sa part, AstraZeneca, qui compte 125 scientifiques à Montréal, veut éliminer 3 500 postes en R-D dans le monde. La porte-parole de l'entreprise à Londres ne pouvait pas dire dans quels pays les réductions de postes seront effectuées.

Recycler les molécules

Pour conquérir les pays émergents, leur nouveau marché de prédilection, les pharmaceutiques ont moins besoin de R-D que de bons départements de marketing et de réseaux de distribution efficaces, explique Marc-André Gagnon, chercheur spécialisé dans l'industrie pharmaceutique à l'Université McGill.

" Dans ces pays, il n'y aucune réglementation pour promotion de nouveaux médicaments ", dit-il. Dans les pays industrialisés, les nouveaux produits des pharmaceutiques doivent réussir de rigoureuses évaluations pharmaco-économiques afin d'être ajoutés à la liste des médicaments remboursés par les assurances.

Voilà qui contrarie les pharmaceutiques. Elles ont la vie plus facile dans les pays émergents, selon M. Gagnon. " Là-bas, ce n'est pas nécessaire d'avoir une nouvelle molécule à l'effet impressionnant pour obtenir un médicament à succès ", dit-il. Des modifications mineures sur une substance suffisent à lancer un nouveau produit plus coûteux. Les pharmaceutiques enregistrent ainsi facilement des revenus, sans effectuer de travaux de R-D poussés.

M. Gagnon touche à un point sensible. L'accès difficile aux listes de médicaments remboursés est justement un des principaux griefs de Sanofi-Aventis contre le Canada. " De ce côté, le pays doit rattraper un certain retard ", dit le porte-parole de l'entreprise, Christian Marcoux. Il cite une étude récente réalisée pour l'industrie, qui avance que le Canada se classe au 20e rang parmi 25 pays en matière d'accès au marché des nouvelles molécules.

Cet irritant n'incitera pas les grandes pharmaceutiques à investir ici. Chris Viehbacher, directeur général de Sanofi-Aventis, n'a d'ailleurs pas caché ses intentions lors de la présentation des résultats de l'entreprise. À l'avenir, la croissance de Sanofi-Aventis viendra surtout du Brésil, de la Russie et de la Chine. En France, l'entreprise a supprimé 3 000 emplois selon les syndicats, dont 1 300 postes de scientifiques.

Sanofi-Aventis a affiché un bénéfice net de 8,5 milliards d'euros en 2009.

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