Entrevue n°206: Gilles Bonan, pdg, Roche Bobois


Édition du 31 Mai 2014

Entrevue n°206: Gilles Bonan, pdg, Roche Bobois


Édition du 31 Mai 2014

Par Diane Bérard

D.B. - Roche Bobois fabrique en Europe. Pourquoi ? Savoir-faire, patriotisme ?

G.B. - Ce n'est pas par posture esthétique, pour dire «voilà, on fabrique en Europe». Il existe chez nous des savoir-faire qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Nous allons chercher le meilleur expert de tel matériau, de telle technique. Il s'agit souvent de petits ateliers. Fabriquer en Europe nous permet de personnaliser. Si nous fabriquions en Asie, on importerait tout par conteneur. Il n'y aurait que des canapés rouges, verts ou blancs.

D.B. - Comment contrôlez-vous vos coûts ?

G.B. - Nous nous montrons relativement fidèles à nos fournisseurs. On essaie de leur donner suffisamment de contrats pour qu'ils aient une puissance d'achat pour les tissus et les matériaux.

D.B. - Le discours des politiciens français sur le patriotisme économique porte-t-il ses fruits chez les industriels ?

G.B. - Je pense que oui. Les dirigeants constatent la désindustrialisation. Or, pour connaître la croissance, il faut produire. Et pour produire, il faut des usines. Et les usines exigent du savoir-faire. Relancer des usines lorsque le savoir-faire a disparu sera difficile. Il y a prise de conscience de la nécessité de résister pour maintenir les savoir-faire en France et en Europe.

D.B. - Vendre des produits haut de gamme ne vous isole-t-il pas de l'économie réelle ?

G.B. - Non. Par la force des choses, notre métier nous oblige à suivre la sociologie. Celle-ci a un impact sur les relations humaines et sur l'habitat. Nous demeurons donc dans la mouvance des changements de société.

D.B. - Quelle relation entretenons-nous avec notre habitat ?

G.B. - Il est le reflet de notre personnalité et de notre statut social. Notre salon, par exemple, est le réceptacle de ce que nous sommes. C'est là où nous recevons notre famille, nos amis. Personne ne veut paraître avoir mauvais goût. Un souci qui s'accentue au cours des dernières années. Nos clients ont de plus en plus besoin d'être rassurés. De sentir qu'ils ne font pas fausse route. Nous les rassurons par la façon de présenter les collections et la modélisation en magasin. Le client peut voir comment son nouvel ameublement s'insérerait dans sa pièce.

D.B. - Quel type de gestionnaire êtes-vous, motivateur ou discret ?

G.B. - Plutôt discret. Je gère tant de groupes différents : employés, franchisés, designers, fournisseurs... Il faut beaucoup d'écoute pour tisser un fil rouge entre ces acteurs et les fédérer dans la ligne éditoriale de Roche Bobois.

D.B. - À 32 ans, vous êtes passé de la première entreprise mondiale, GM, à une entreprise familiale...

G.B. - Chez GM, j'avais un trop bel avenir. Je craignais l'ennui. Rejoindre Roche Bobois a été un choix de rupture. Et le fruit d'une rencontre avec François Roche.

D.B. - Que pensez-vous d'Ikea ?

G.B. - J'y vais de temps en temps. Il m'arrive d'y acheter de petits objets. Je suis très respectueux d'Ikea et de sa contribution à valoriser le design. Ikea a changé le statut du meuble. Il était considéré comme quelque chose de patrimonial, transmis de génération en génération. Ikea en a fait un objet de consommation.

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