Dans les coulisses de la négociation de l'accord de libre-échange avec l'Europe


Édition du 21 Décembre 2013

Dans les coulisses de la négociation de l'accord de libre-échange avec l'Europe


Édition du 21 Décembre 2013

Par François Normand

Des fuites européennes... dans les médias canadiens

Durant les pourparlers, des points litigieux ont coulé dans les médias d'ici. Des fuites que les négociateurs canadiens ont eu à gérer et qui auraient été orchestrées par l'Union européenne, selon le président d'une association d'affaires canadienne. «L'UE agissait ainsi pour pousser le Canada à prendre position.»

Jointe par Les Affaires, l'ambassadrice de l'UE au Canada, Marie-Anne Coninsx, a déclaré que ces allégations étaient des rumeurs. «L'Union européenne a tout fait pour éviter des fuites ! Ce n'est certainement pas la politique de l'Union européenne d'émettre volontairement des fuites pour forcer d'autres parties à prendre position.»

Ces fuites laissaient entendre qu'Ottawa et Bruxelles négociaient le démantèlement du système de gestion de l'offre, qui limite les importations de lait, d'oeufs et de volailles au Canada (et concentré au Québec). Cela a forcé le gouvernement Harper à se porter publiquement à sa défense. Malgré tout, Ottawa a finalement lâché du lest, en acceptant que les quotas d'importation de fromages européens augmentent.

Selon une source gouvernementale près du dossier, le Québec aurait été mis devant le fait accompli. Ottawa a accepté d'ouvrir davantage notre marché aux fromages européens contre un accès du boeuf canadien et du porc québécois dans l'UE. Le pari du fédéral ? Puisque les trois seuls abattoirs de porcs du pays ayant une certification européenne sont situés au Québec, la province sortirait gagnante de cet arbitrage.

Le gouvernement canadien a fait trois choses pour atténuer l'impact sur les producteurs de fromages québécois. Il a étalé l'ouverture accrue du marché canadien sur une période de sept ans. Il permettra à des producteurs du Québec d'acheter des permis pour importer du fromage européen, une activité très payante. Il transférera une partie des quotas d'importation de fromages à des pays non membres de l'UE, ce qui réduira la concurrence de grand pays producteurs comme la France.

Manque de transparence et lobbyistes privés influents

Si la plupart des analystes saluent le travail de Pierre Marc Johnson dans ces négociations, l'ex-premier ministre du Québec ne fait pas l'unanimité. La CSN lui reproche son manque de transparence, même si elle admet avoir eu des rencontres avec lui. La centrale dit même s'être surtout informée en Europe de l'état des pourparlers. «On a eu accès à certaines fuites», dit Nathalie Guay, adjointe au comité exécutif et responsable des relations internationales.

Elle déplore aussi qu'Ottawa et Québec aient été davantage à l'écoute des lobbys d'affaires que des groupes sociaux et des syndicats. Jean-Michel Laurin, ancien vice-président des Manufacturiers et exportateurs du Canada (MEC), aujourd'hui vice-président chez Octane Stratégies, confirme que le Canada inc. en menait large. Quatre groupes étaient particulièrement influents : les MEC, le Conseil canadien des chefs d'entreprise, la Chambre de commerce du Canada et le Forum sur le commerce Canada-Europe.

Et ce lobbying n'est sans doute pas terminé, car les pourparlers se poursuivent actuellement pour finaliser l'accord de libre-échange signé le 18 octobre. Les Canadiens et les Européens devront bien manoeuvrer afin de préserver leurs acquis, tout en essayant de faire des gains de dernière minute. Mais cela devra être une formule gagnant-gagnant. Pour que Stephen Harper et José Manuel Barroso gardent le sourire.

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