Des québécoises à l'assaut du marché mondial de l'énergie solaire

Publié le 05/03/2011 à 00:00, mis à jour le 18/10/2013 à 07:40

Des québécoises à l'assaut du marché mondial de l'énergie solaire

Publié le 05/03/2011 à 00:00, mis à jour le 18/10/2013 à 07:40

Crédit: Bloomberg

Le marché du solaire est pratiquement inexistant ici. Hydro-Québec n'a jamais fait d'appel d'offres pour cette forme d'énergie. Pour les entreprises du secteur, l'exportation est donc incontournable.

Pour se lancer, Boralex a choisi la France. Le producteur d'énergie renouvelable de Kingsey Falls exploite déjà un parc éolien à Avignonet-Lauragais, près de Toulouse, dans le sud-ouest du pays. Juste à côté, l'entreprise a décidé de construire également un parc de panneaux photovoltaïques de 4,5 mégawatts. La mise en service doit avoir lieu en mai.

Boralex a en poche un contrat d'approvisionnement avec Électricité de France à 33 centimes le kilowattheure, soit l'équivalent de 44 ¢. C'est presque quatre fois plus élevé que le tarif offert à Hydro-Québec pour la production éolienne des derniers fournisseurs choisis ici.

" Pour ce genre d'investissements, c'est bien de commencer par un endroit où le tarif permet une plus grande marge d'erreur ", dit Patrick Lemaire, pdg de Boralex.

L'entreprise bénéficie des tarifs de soutien (feed-in tariffs) dont s'est dotée la France pour stimuler la production solaire, comme en Allemagne et en Ontario. Mais Paris vient de modifier cette politique pour procéder plutôt par appels d'offres à l'avenir, ce qui risque de ralentir les investissements de Boralex dans l'Hexagone. " La sélection des sites devra être encore plus rigoureuse, mais on va continuer de soumettre des projets, c'est certain ", dit Patrick Lemaire.

Pour Rupert Merer, analyste à la Financière Banque Nationale, ce contrat est intéressant pour Boralex, parce que la technologie du photovoltaïque est " peu risquée " et que l'entreprise a négocié un contrat sur 20 ans.

Pour lui, le principal risque est politique. " Dans d'autres pays, il y a des discussions pour rouvrir des contrats déjà signés. " Mais c'est un risque mineur, ajoute Rupert Merer.

Après la France, Boralex dit s'intéresser de près au potentiel de l'Italie, qui s'est également dotée de tarifs de soutien pour le solaire.

Suivre son client... jusqu'en Malaisie

Quant à 5N Plus, elle suit à la trace son principal client, First Solar, le plus grand producteur de panneaux solaires du monde. Usine en Allemagne, acquisitions aux États-Unis et en Colombie-Britannique... Le 3 février, l'entreprise a même annoncé une première offensive en Asie. 5N Plus ouvrira d'ici le début de 2012 une première usine sur ce continent, en Malaisie.

" Quand First Solar a ouvert une usine en Allemagne, ça nous a poussés à le faire aussi, dit le pdg, Jacques L'Écuyer. Depuis, notre client a construit six usines en Malaisie. On veut donc consolider notre relation avec lui, pendant qu'il a le vent dans les voiles. "

Établie en Arizona, First Solar fabrique des panneaux solaires " à couche mince ", à partir de tellurure de cadmium. Jusqu'à récemment, ce semi-conducteur était précisément le produit principal de 5N Plus.

Mais c'est un métal lourd, dangereux pour l'environnement et la santé. Les États n'apprécient pas beaucoup que des déchets de ce type transitent par leur territoire. Mieux vaut donc les traiter le plus près possible des installations de First Solar et les recycler pour produire une autre matière première.

Aujourd'hui, 5N Plus consolide sa stratégie internationale en avalant MCP. L'entreprise, presque sept fois plus grande qu'elle, est le plus important producteur de métaux spéciaux du monde. Son principal produit est le bismuth. Ce métal n'est pas du tout utilisé en énergie solaire, mais a de multiples applications dans les industries électronique et pharmaceutique.

5N Plus est même présent dans l'espace. Deux entreprises qu'elle a acquises, Firebird, en Colombie-Britannique, et Sylarus, en Utah, produisent du germanium.

Ce métal rare est très cher, mais il permet aux panneaux solaires d'atteindre un rendement énergétique de 30 %, comparé à 12 % avec le tellurure de cadmium, principal produit de 5N Plus pour les applications solaires.

Les produits de l'entreprise de l'arrondissement Saint-Laurent, à Montréal, se retrouvent donc en orbite, dans les satellites de la NASA.

Apparemment, le solaire mène loin !


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