La volonté de mon père d'aider la génération suivante m'a toujours inspiré. C'est sans doute pourquoi j'ai toujours valorisé la constitution d'un patrimoine financier et sa transmission. À une époque où économiser pour la retraite tient du défi, aider la génération suivante semble une utopie. Pourtant...

Mon amie Suzanne a montré que cet objectif est réalisable. Sa petite-fille Caroline avait 20 ans lorsqu'elle est partie à la recherche de son premier appartement, en 2002. C'était à un moment où les logements étaient rares et où les loyers augmentaient rapidement dans certains quartiers de Montréal. Avec un budget de 600 dollars par mois et vu le nombre de candidats qui s'agglutinaient devant le moindre logement à louer, Caroline s'est demandé si elle parviendrait à trouver un logis à Montréal. Jusqu'à ce que sa grand-mère lui offre de l'aider à s'acheter une copropriété. Caroline en trouve une dans un demi-sous-sol pour la somme de 60 000 dollars. Sa grand-mère lui donne 10 000 dollars. La transaction est réalisée au moyen d'une mise de fonds de 6 000 dollars et de l'endossement de Suzanne. Les 4 000 dollars restants servent à payer le notaire, la " taxe de bienvenue " et les frais d'aménagement.

Caroline vient de vendre son appartement 139 000 dollars. Son profit de 79 000 dollars lui servira de mise de fonds pour l'achat d'une maison plus grande. À 20 ans, Caroline a pu réaliser ce que la plupart ne parviennent à faire qu'au début de la trentaine. Suzanne est fière de sa petite-fille, qui n'a jamais manqué un paiement.

Maintenant, Suzanne envisage un autre scénario. Elle pourrait acheter un duplex avec sa petite-fille. Il s'agirait alors de deux résidences familiales. Comme on le sait, la résidence familiale est exonérée d'impôt sur le gain en capital lors de la revente. En poussant plus loin sa réflexion, Suzanne pourrait léguer sa portion du duplex à sa petite-fille. Cette moitié du duplex pourra servir à l'établissement d'un de ses arrière-petits-enfants.

Si les grands-parents aident à l'achat d'une résidence ou lèguent la leur à leurs petits-enfants, ils contribuent à bâtir un patrimoine immobilier. En se disciplinant, il est possible - après quelques générations - d'envisager que chaque nouveau-né d'une famille aurait payé sa résidence pour ses 30 ans, soit au moment du décès de ses grands-parents, qui auraient alors dans les 80 ans. Si, au contraire, les grands-parents lèguent leur résidence à leurs enfants qui ont déjà une maison, la résidence sera vendue et l'argent sera dépensé, bien avant que les petits-enfants n'héritent. Un patrimoine se bâtit sur plusieurs générations, avec l'esprit de famille et une volonté d'entraide.

Propriétaire

Au Québec, 56,6 % de la population est propriétaire. Les locataires dépensent plus que les propriétaires pour leur logement, en pourcentage de revenu, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), 2004.

Profit immobilier

Caroline a profité d'une hausse spectaculaire de l'immobilier. Par exemple, de 1997 à 2006 seulement, le prix des logements neufs a augmenté de 42 % au Canada, selon Statistique Canada.

francois.morency@transcontinental.ca