Pourquoi diversifier son portefeuille ?

Publié le 02/04/2011 à 00:00, mis à jour le 15/04/2011 à 14:34

Pourquoi diversifier son portefeuille ?

Publié le 02/04/2011 à 00:00, mis à jour le 15/04/2011 à 14:34

Le degré de diversification requis au sein d'un portefeuille est inversement proportionnel à nos capacités à prédire les rendements. Par exemple, un investisseur désirant un portefeuille très peu risqué de titres gouvernementaux n'a pas besoin de détenir une grande diversité de titres.

Cependant, lorsqu'il s'agit d'obligations corporatives, d'actions, de devises ou encore de répartition entre différentes classes d'actifs, la problématique est tout autre.

Des études ont démontré qu'aux États-Unis, l'investisseur moyen détenait quatre actions dans son portefeuille. C'est probablement aussi le cas au Québec. Voilà un choix inapproprié, car s'il est difficile de prévoir la croissance des indices boursiers, il est encore plus ardu de le faire à l'égard des titres individuels.

Prévoir, c'est se tromper

Nous avons connu deux corrections boursières majeures depuis 10 ans, et les prévisions de taux d'intérêt sur obligations des spécialistes au sein des grandes institutions financières se sont souvent révélées très inexactes, même récemment.

Ainsi, il est imprudent de présumer que la stratégie à adopter en période de faibles taux d'intérêt soit, comme le recommandaient plusieurs spécialistes en 2004, d'investir à court terme en fonction d'une hausse imminente des taux. En effet, à cette époque, un investissement dans des titres à longue échéance aurait rapporté davantage. L'évolution des taux d'intérêt lors de la récente crise d'endettement illustre également que les taux de long terme peuvent baisser, même si ceux de court terme s'accroissent.

Dans le même ordre d'idée, l'affirmation selon laquelle le réinvestissement des bénéfices (au détriment du paiement de dividendes) entraîne, pour une société, une meilleure croissance des bénéfices à long terme et, par conséquent, une meilleure performance boursière, est démentie par les études empiriques couvrant un historique de plus de 60 ans.

Le penchant des gestionnaires d'entreprises (qui désirent se créer des empires) expliqueraient ce phénomène, alors que le paiement constant de dividendes impose une certaine discipline.

Les investisseurs doivent se rendre compte que le rôle principal d'un conseiller en placements n'est pas de prévoir les rendements. Les marchés sont volatils et la réaction excessive aux nouvelles économiques, financières et politiques rend la prévision de rendements difficile.

Le rôle principal d'un conseiller financier est donc d'aider l'investisseur à mettre en place un plan d'investissement approprié. L'un des objectifs de cette série d'articles est de démontrer comment une gestion judicieuse des risques peut accroître les rendements à long terme.

L'importance de la valeur du marché

Même s'ils sont difficiles à prévoir, les rendements des principales catégories d'actifs sont sensibles à trois groupes de facteurs. Deux de ces facteurs sont les tendances d'inflation et de croissance. Ainsi, les performances relatives des actions et des obligations seront différentes selon les divers scénarios conjoints d'inflation et de croissance.

Le troisième facteur est l'évolution de la valorisation des marchés. Un portefeuille doit être construit en prenant en considération plusieurs environnements économiques et de valorisation, parce qu'un scénario favorable d'inflation et de croissance peut tout de même occasionner des marchés baissiers si les investisseurs jugent que ceux-ci sont trop chers.

À ce sujet, bien des investisseurs seraient surpris d'apprendre que, même si la majorité des marchés boursiers mondiaux étaient en baisse en 2006 par rapport à 2000, la croissance annuelle des profits a été plus importante sur cette période qu'au cours des 20 années précédentes !

Un investisseur doit donc répartir son portefeuille entre plusieurs catégories d'actifs, parce que les rendements sont difficiles à prévoir et que les rendements de ces classes d'actifs dépendent de leur valorisation et réagissent différemment aux tendances d'inflation et de croissance.

Une stratégie de placement judicieuse, reposant sur une diversification saine et une politique de rééquilibrage efficace, permet de s'emparer plus efficacement les primes de risque (le rendement excédentaire au taux sans risque) que les investisseurs espèrent recevoir. Cet aspect sera le sujet du prochain article.

En collaboration avec l'Association CFA Montréal, qui représente des professionnels de la finance des marchés de Montréal, Les Affaires présente d'ici l'été une série sur la gestion de placement. L'objectif : aider l'investisseur à bâtir un solide plan d'investissement.

Par Jacques Lussier, CFA, chef de stratégies, Christian Felx, CFA, gestionnaire de portefeuille, et Richard Guay, CFA, professeur titulaire en finance et Fellow Cirano.

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