J'ai une question un peu bête pour vous : on dit souvent que l'argent ne fait pas le bonheur. Alors, pourquoi consacrez-vous autant de temps et d'attention à l'argent ?
- France D.
Ma première réaction a été de considérer votre message comme une simple boutade. Mais, à la réflexion, vous soulevez un élément fondamental et des plus intéressants.
En effet, si l'objectif premier de notre section Investir est d'aider les lecteurs à faire fructifier leur épargne, ils ne doivent pas oublier un élément crucial : le but ultime de l'épargne n'est pas l'accumulation d'argent. La richesse n'est qu'un moyen pour atteindre cet objectif fondamental de l'être humain qu'est le bonheur.
La question du bonheur est donc fort pertinente pour l'épargnant. D'ailleurs, les économistes s'y intéressent de plus en plus. Je me suis inspiré de recherches publiées au fil des ans pour vous répondre.
D'abord, le dicton selon lequel l'argent ne fait pas le bonheur n'est pas tout à fait exact.
Selon David Blanchflower, professeur d'économie au Dartmouth College, les données montrent que les riches ont tendance à être plus heureux et en meilleure santé que les pauvres.
Cependant, au-delà d'un certain seuil, l'argent ne contribue plus tellement au bonheur. Les chercheurs ne s'entendent toutefois pas sur ce seuil; certains avancent qu'il correspond à un revenu annuel aussi faible que 12 000 $ ! Par exemple, les Japonais ont vu leur revenu personnel quintupler entre 1958 et 1987. Les chercheurs n'ont cependant pas constaté que le bonheur des Japonais avait augmenté de façon aussi marquée.
De plus, les êtres humains sont très sensibles à leur position relative. Les économistes Sara Solnick et David Hemenway ont demandé à des personnes ce qu'elles préféreraient : gagner 50 000 $ par année tandis que d'autres gagneraient 25 000 $, ou gagner 100 000 $ alors que d'autres auraient 250 000 $ par année ?
La majorité des répondants ont choisi la première option : ils préféraient être moins riches, pour autant que les autres soient plus démunis qu'eux !
Alors, qu'est-ce qui favorise vraiment le bonheur ?
M. Blanchflower et son collaborateur Bruce Rauner ont publié une étude fascinante, Money, Sex and Happiness : An Empirical Study, qui montre que l'activité sexuelle prime sur l'argent comme facteur de bonheur. La recherche portait sur des Américains, mais il n'y a aucune raison de croire que la nature du Québécois moyen diffère de celle de l'Américain.
Selon cette étude, l'importance de l'activité sexuelle sur le bonheur augmente plus les gens sont scolarisés. Par contre, l'incidence du sexe sur le bonheur reste la même que les gens soient fortunés ou non.
Par ailleurs, l'activité qui nuit le plus au bonheur est de faire la navette entre la maison et le bureau.
Enfin, les recherches portant sur le bonheur des retraités montrent que son pire obstacle n'est probablement pas l'argent, mais l'ennui. " Si vous voulez vieillir en beauté, cultivez vos aptitudes sociales ", conseille George Vaillant de l'Université Harvard, qui a piloté la plus longue étude jamais consacrée au développement humain. On y a suivi de près 268 hommes pendant 72 ans. The Atlantic Monthly y a consacré sa manchette le mois dernier.
Tout cela ne signifie pas que vous ne devriez ne pas vous occuper de vos finances. Bien au contraire. Si argent et bonheur ne sont pas nécessairement liés, pauvreté et malheur, eux, vont réellement de pair !
La règle des pertes apparentes
J'ai déjà lu quelque part qu'on peut racheter un même titre seulement 30 jours après l'avoir vendu. Mais quelqu'un a semé le doute dans mon esprit récemment. Qu'en est-il exactement ?
- Marc Desjardins
Vous avez en partie raison. En vertu de la règle portant sur les pertes apparentes, vous ne pouvez racheter un bien dans un délai de 30 jours après l'avoir vendu. Cela concerne uniquement les biens vendus à perte.
La règle prévoit que si vous vendez un bien (comme des actions) afin de réaliser une perte en capital et que si, dans les 30 jours précédant ou suivant cette vente, vous-même, votre conjoint ou une société contrôlée par l'un de vous faites l'acquisition d'un bien identique, la perte en capital constitue une " perte apparente ", laquelle ne peut pas être déduite aux fins fiscales. Cela signifie que vous pouvez racheter un titre vendu lorsqu'il y a eu un gain en capital.
Précision concernant le CELI
J'ai été surpris d'apprendre qu'une personne qui retire des fonds de son CELI ne peut pas réinvestir, la même année, la somme qu'elle avait retirée. Elle doit attendre l'année suivante pour le faire. Si je vends des actions de mon CELI, mais sans en retirer la somme correspondante, puis-je acheter d'autres produits ou d'autres actions pour la même somme au cours de la même année ?
- Louis-Philippe
En effet, il y a une différence entre retirer de l'argent de son compte d'épargne libre d'impôt (CELI) et vendre un placement à l'intérieur du CELI.
Supposons que vous ayez dans votre CELI pour 5 000 $ d'actions de Bombardier que vous avez achetées plus tôt cette année. Si vous les vendez, le produit de la vente peut être réinvesti dans n'importe quel placement admissible.
Notez aussi que si vos placements de 5 000 $ ne valent plus que 4 000 $, vous ne pouvez pas injecter de nouveau capital pour combler la différence. Ce n'est qu'à partir du 1er janvier 2010 que vous pourrez ajouter du capital dans votre CELI.
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