BLOGUE Faut-il “réindustrialiser” l’Occident?
L’idée nous vient de France. À l’aube des présidentielles de 2012, les candidats de la gauche aussi bien que ceux de la droite parlent de “réindustrialiser” la France comme stratégie de sortie de crise.
Chacun le décline à sa façon.
Pour la leader d’extrême-droite , Marine Le Pen, “réindustrialiser” équivaut à “redonner la France aux Français”: obliger les services publics à acheter “français”, augmenter les droits de douane, imposer des quotas d’importation, revoir le traité européen et demander à un "État fort" de créer une politique avec des filières industrielles. Se fermer aux autres pour se protéger.
Le leader du parti socialiste, François Hollande, quant à lui, se drape dans le “patriotisme industriel” et évoque la nécessité de “nous protéger lorsque c’est nécessaire. Protéger nos brevets, nos laboratoires. Protéger aussi lorsqu’il y a des concurrences qui ne sont pas loyales.” Se parer de grands idéaux pour galvaniser les foules.
Un troisième groupe prône la “réindustrialisation” : les ingénieurs français. Ils ont accouché d’un Livre blanc contenant “40 propositions pour réindustrialiser la France”. Ce Livre blanc constitue l'aboutissement de plusieurs mois de recherche sur le terrain.
Contrairement au discours de Le Pen et Hollande, celui des ingénieurs français nous épargne la petite politique et les allusions démagogiques.
Réindustraliser l’Occident peut être interprété comme un retour vers le passé . Une grande bouffée de nostalgie visant une ère industrielle d’abondance qui n’est plus.
S’accrocher au passé n’apportera que déception. Par contre, décliner la réindustrialisation comme le retour de la politique industrielle c’est autre chose. Une politique industrielle du 21 ième siècle s’entend. Qui tient compte des réalités sociales, éthiques, environnementales et commerciales contemporaines.
Ainsi, le Livre blanc des ingénieurs n’en a pas que pour les grands groupes et les grandes entreprises, il se préoccupe beaucoup des PME et des reprise d’entreprises ( tiens ça me fait penser au Québec et au fameux problème du transfert d’entreprises).
Les mesures d’austérité et les coupures occupent beaucoup les esprits et les débats. Il est plus que temps qu’on se préoccupe aussi de croissance et de relance.
L’expression “réindustrialiser” est risquée, certes. Elle peut porter à confusion et évoquer un grand bond en arrière. Mais, à défaut de mieux, il faudra s’en contenter pour l’instant. Rappelons-nous simplement que l’industrie n’est plus celle de Charles Dickens. Elle prend de multiples visages, incluant celui du numérique.
D’ailleurs, sur le site rue89 on associe réindustrialisation et e-commerce comme vous pouvez le lire ici.
Voilà, vous l’aurez lu sur mon blogue et vous en entendrez certainement beaucoup parler au cours de prochains mois. L’Occident a besoin de se réindustrialiser c’est-à-dire de se donner des politiques industrielles pour relancer ses économies.
Lire ici ma chronique précédente
