Les trois forces qui influent sur la transition énergétique

Publié le 10/04/2024 à 00:01

Le passage à une économie sobre en carbone présente des défis, mais pour les investisseurs, ces enjeux pourraient créer des occasions.

On se rapproche de plus en plus de 2050, la date cible fixée à Paris en 2015 pour que les pays réduisent leurs émissions de carbone à zéro. Même si certains croient toujours que cet objectif est réalisable, la réduction des émissions pourrait être plus graduelle que ce à quoi beaucoup s’attendent. C’est particulièrement vrai aujourd’hui, car trois nouvelles forces – l’inflation, la démondialisation et l’évolution des investissements dans les technologies propres – ont une incidence inédite sur la transition énergétique.

C’est ce qu’affirme John Cook, vice-président principal, gestionnaire de portefeuille et cochef de l’équipe Mackenzie Greenchip, qui gère le Fonds mondial toutes capitalisations de l’environnement Mackenzie Greenchip de 2,7 milliards de dollars. Alors que nous n’en sommes qu’au début de la transition énergétique, l’Agence internationale de l’énergie affirmant que plus de 4 000 milliards de dollars doivent être investis dans les énergies propres chaque année d’ici à 2030, le moment est venu pour les investisseurs d’examiner ce marché de près et de transformer en occasions les forces auxquelles fait face le passage à la carboneutralité. « Si nous voulons maintenir notre mode de vie, nous devons effectuer une transition; les combustibles fossiles seront de plus en plus difficiles à trouver et de plus en plus coûteux, tant sur le plan environnemental qu’économique, explique-t-il. Notre avenir sera de plus en plus électrifié. »

La hausse des taux d’intérêt modifie les occasions

La transition comporte certains défis importants, mais l’enjeu le plus immédiat est sans doute le maintien de taux d’intérêt plus élevés pendant plus longtemps. Jusqu’à ce que les banques centrales commencent à relever les taux en 2022, les investissements dans le secteur de l’énergie étaient en plein essor. Les investissements annuels dans l’énergie propre ont presque doublé au cours de la dernière décennie, tandis que les émissions d’obligations durables mondiales étaient en voie d’atteindre 950 G$ US en 2023. « La faiblesse des taux d’intérêt a accéléré la transition », note M. Cook.

Comme on pouvait s’y attendre, la hausse des taux d’intérêt a eu l’effet contraire et a entraîné des radiations, des pénalités et des sorties pour les promoteurs de projets d’énergie renouvelable. Le titre de la multinationale énergétique danoise Orsted, qui a enregistré une dépréciation de 5,6 G$ US sur deux projets éoliens en mer l’an dernier, est l’une des principales victimes de la hausse des taux.

« Les taux d’intérêt presque nuls ont créé des distorsions économiques », affirme M. Cook, ajoutant que les investisseurs étaient obnubilés par les modèles d’affaires à faible capitalisation et injectaient de l’argent dans des sociétés qui ne fabriquent pas de produits physiques. « Le financement de nouvelles mines ou de capacités de fabrication a suscité peu d’intérêt. » 

Cela devrait changer. Les taux élevés encouragent l’épargne, ce qui se traduit par une plus grande formation de capital et, par ricochet, des investissements en capital plus importants. « Le maintien de taux plus élevés plus longtemps aura probablement des effets positifs à long terme, même s’il freine la transition énergétique à court terme. » 

Réexaminer les chaînes d’approvisionnement

La domination quasi totale de la Chine sur le marché des véhicules électriques (VE) constitue un autre défi, car les attitudes protectionnistes menacent de ralentir la transition. Aujourd’hui, la Chine fabrique 66 % de toutes les batteries vendues dans le monde et exerce encore plus de contrôle sur les composantes des batteries. Le pays contrôle également entre 60 % et 95 % du manganèse, du cobalt, du graphite, du lithium et du nickel, des minéraux essentiels à la transition énergétique.

L’Amérique du Nord a besoin de ces minéraux et de ces composantes si elle veut atteindre ses objectifs de zéro émission nette, mais elle ne peut pas compter sur la Chine, qui veut ces produits de base pour elle-même. La solution? La démondialisation, du moins en ce qui a trait aux produits liés à la transition. « Ceci pourrait nous aider à reconstruire des chaînes d’approvisionnement plus résilientes et favoriser une transition plus douce », affirme M. Cook.

Toutefois, il faudra du temps pour bâtir des chaînes d’approvisionnement locales. Entre-temps, l’Amérique du Nord pourrait envisager d’importer des VE fabriqués en Chine, selon M. Cook. En Allemagne, les ventes de VE chinois sont passées de zéro à 13 % du marché automobile en un an, en grande partie parce que leur voiture semblable à la Tesla Model 3 était deux fois moins chère que la vraie. « L’Occident pourrait sans doute accélérer la transition en important des voitures chinoises moins chères », dit M. Cook.

Investir dans des changements graduels

Au fil des ans, le secteur des technologies propres a misé sur les technologies perturbatrices, comme la fusion nucléaire, pour aider à résoudre la crise climatique. Mais les investisseurs se demandent maintenant s’ils ont investi leur temps et leur argent aux bons endroits. « C’est une bonne chose, affirme M. Cook. Plus vite les investisseurs reconnaissent qu’une technologie est inefficace, plus vite les capitaux peuvent être alloués à des solutions qui fonctionnent. »

Même si M. Cook croit que les gouvernements, le milieu universitaire et le capital de risque ont encore leur place pour financer de grands projets, il a constaté que les avancées les plus importantes ont été progressives plutôt que transformatrices. Par exemple, au cours de la dernière décennie, on estime que 80 milliards d’ampoules à incandescence ont été remplacées par des ampoules à DEL, ce qui a permis de réduire de 80 % la consommation d’énergie liée à l’éclairage. Même si les changements graduels peuvent sembler intéressants, l’affectation de capitaux aux bons projets aidera à accélérer la transition.

Les investissements liés à la transition énergétique seront probablement volatils à mesure que nous progressons sur la voie de la carboneutralité, mais il y aura encore beaucoup d’occasions prometteuses pour les investisseurs patients. Pour M. Cook, il est essentiel d’adopter une perspective à long terme. « Nous investissons dans le but de bâtir des actifs qui produiront un rendement productif sur des décennies, affirme-t-il. Cela signifie trouver de la valeur, payer le bon prix, comprendre les risques et faire preuve de patience. »

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