Investir pour stimuler le changement, une tendance qui se développe

Publié le 05/10/2022 à 00:01

L’investissement d’impact, qui vise à générer des retombées sociales et environnementales positives et mesurables tout en procurant un rendement financier intéressant, a le vent dans les voiles. Chez les investisseurs institutionnels, 48 % affirment aujourd’hui que cette approche fait partie de leur arsenal d’investissement durable, comparativement à 34 % en 2020, selon un sondagei  mondial de Schroders auprès de 770 répondants qui gèrent collectivement 27500 milliards US.

Cette tendance suit l’explosion des besoins, qui croîtront davantage avec les efforts visant la carboneutralité d’ici 2050. De nombreuses stratégies d'impact se concentrent déjà sur les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Cependant, la pandémie a changé bien des choses : l’OCDE a récemment estimé que le déficit de financement pour répondre à ces besoins dans les pays en développement est passé de 2500 milliards US par année à 4200 milliards USii.

Avec cette croissance des besoins viendra une expansion certaine des volets qui composent l’investissement d’impact, lesquels touchent à des secteurs tels que la lutte contre les changements climatiques (transport, efficacité énergétique, etc.), l’éducation, la santé, l’accès au logement abordable et la croissance inclusive. Il atteignait déjà 715 milliards de dollars américains en 2020iii , selon le Global Impact Investing Network, qui coordonne le développement de normes et de méthodes destinées à mesurer l’impact des investissements.

Au Canada, le créneau serait évalué à 20,3 milliards de dollars, a indiqué une enquête produite en 2020 par l’Association pour l’investissement responsable (AIR) du Canada, qui a colligé les données de 104 gestionnaires et propriétaires d’actifs. L’approche semble avoir le vent dans les voiles. Selon un sondage mené par SVX en 2021 auprès de 95 investisseurs accrédités canadiens, 45 % d’entre eux souhaitaient augmenter à plus de 50 % sur cinq ans la part réservée à l’investissement d’impact dans leur portefeuilleiv.

Historique

L'investissement d'impact a commencé à se développer par le biais du capital d’investissement et du capital de risque autour de thèmes tels que le microcrédit, l'inclusion financière et d’autres domaines inspirés par le chemin qu’il restait à parcourir pour atteindre les ODD des Nations unies. Depuis, il s’est étendu à d’autres catégories d'actifs, y compris les titres à revenu fixe et les actions inscrites en Bourse. Les rendements financiers et objectifs de l’investissement d’impact varient en fonction de la manière dont la stratégie d'impact est élaborée. Pour certaines stratégies, par exemple, les rendements attendus peuvent être inférieurs à l'indice de référence. Pour d'autres, l'approche peut viser à fournir des rendements comparables à ceux du marché.

Par ailleurs, l'investissement d'impact est une approche différente de l'intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), qui ne vise pas généralement à évaluer des impacts positifs mesurables. L'intégration ESG vise à prendre en compte une liste d’enjeux afin d'améliorer les résultats en termes de risque et de rendement, ce qui comprend souvent des échanges avec les entreprises afin de favoriser des changements. Cependant, l'investissement d'impact est plus intentionnel et s'accompagne de rapports sur les indicateurs clés de performance. Ceux-ci couvrent non seulement les aspects financiers, mais également sociaux et environnementaux.

La croissance rapide de l’investissement d’impact, l’appétit des investisseurs et la variété des méthodes visant à mesurer l’impact invitent à une certaine prudence. Par exemple, l’impact réel de l’investissement doit idéalement être authentifié par un tiers parti crédible. De plus, l’organisation ou l’entreprise ayant récolté les capitaux doit également s’engager à produire des rapports détaillant l’usage des fonds.

C’est peut-être là un des plus grands défis des prochaines années : développer une reddition de compte standardisée pouvant répondre aux besoins des investisseurs. À cet égard, le cadre des Objectifs de développement durable de l’ONU et la création de l’International Sustainability Standards Board (ISSB), qui aura une présence à Montréal, joueront un rôle important. L’objectif? Que les investisseurs d’impact disposent d’assises suffisamment robustes pour avoir le rendement qu’ils attendent et l’impact qu’ils souhaitent.

Il y a cependant un débat en cours. Les autorités européennes espèrent que le développement de normes sur la durabilité des entreprises aboutira à un cadre d’analyse qui inclut la contribution de l’entreprise à son écosystème large. En d’autres termes, elles estiment que l’analyse ne devrait pas s’attarder seulement à l’impact des facteurs ESG sur l’entreprise et sa performance financière. « Dans le créneau de l’investissement d’impact, c’est quelque chose qu’on observe », dit Réjean Nguyen, directeur, Investissement durable chez Addenda Capital. « Pour plusieurs, il sera important de considérer l’impact sur les parties prenantes au-delà de la valorisation de la société. »

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ihttps://mybrand.schroders.com/m/660157987698a183/original/SIIS-2022_North-America-Sustainability-Report.pdf?_ga=2.258608969.2121646831.1660590125-197255952.1660590125

iihttps://www.oecd.org/development/global-outlook-on-financing-for-sustainable-development-2021-e3c30a9a-en.htm

iiihttps://thegiin.org/impact-investing/need-to-know/

ivhttps://svx.ca/fr/initiatives/rapport-du-sondage-annuel-2021-sur-les-investisseurs-dimpact-canadiens/

 

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